Mercredi 04 Avril Thierry, Elma ainsi que leurs filles IIona et Vanessa, font pousser des pleurotes gris, dans une des caves de l'ensemble historique du Collège de Foix, en plein centre ville de Toulouse, pour financer leur association " Anaeh ". Celle-ci a pour objectif d'améliorer la vie des enfants en situation de handicap et de leur famille, souvent en situation de grande précarité. Cet argent servira à financer des actions et des sorties. L'idée est venue à la famille un peu par hasard, au gré de leurs balades en forêt pour aller cueillir des champignons. Depuis Novembre dernier, 24 sacs en plastiques pendent dans la cave. Les pleurotes poussent sur du marc de café, récupéré auprès du Groupe Merling, situé à Montrabé 31. La première récolte a été donnée en cadeau aux cuisines de la Congrégation et de l'Ehpad du 2 rue Antoine Deville. La deuxième production, de trois kilos, a été vendue à la brasserie du Stade Toulousain. Ainsi, la famille n'espère pas en rester là et à démarcher d'autres restaurateurs, espérant par la suite, en vendre aux particuliers.
12 emplois créés. Le projet de Permafungi est une initiative d’agriculture urbaine et d’économie circulaire, installée sur le site de Tour et Taxis, qui récupère le marc de café produit à Bruxelles pour cultiver des champignons pleurotes bios. Grâce à cette technique, PermaFungi produit 1T de champignons par mois tout en supprimant un déchet.
1Comment vous est venue l’idée de cultures de champignons sur marc de café ? 2Pour comprendre, il est important que je vous retrace mon parcours professionnel. J’ai suivi une formation d’agro-économiste, spécialisée dans les pays en voie de développement ISTOM que j’ai complétée par un cursus en école de commerce ESSEC, dans la spécialité biens de grande consommation ». 3Après 10 ans en Afrique où j’ai débuté ma carrière dans l’industrie sucrière et brassicole ainsi que dans le financement de projets, j’ai ensuite passé 15 ans dans plusieurs grands groupes internationaux Nestlé, Alstom, Oracle dans des fonctions de business développement. 4Puis, j’ai décidé de mettre à profit mon expérience pour imaginer un nouveau modèle d’entreprise qui créer de la valeur ajoutée sociale et économique uniquement à partir de ressources perdues et en intégrant les populations les plus fragiles. 5J’ai découvert cette nouvelle forme d’économie positive lors d’une formation sur le design systémique à l’école Schumacher, en Angleterre où j’ai fait la connaissance de Günter Pauli, fondateur de Ecover et de l’institut de recherche ZERI Zéro Emission Research and Initiatives. 6Le principe est le suivant pour créer un produit vertueux, il faut regarder l’ensemble de la chaîne de valeur et sortir des principes de Core business » qui définissent le fonctionnement de la majorité des entreprises aujourd’hui. C’est-à -dire se focaliser sur une seule chose et perdre des opportunités annexes à l’entreprise. 7J’ai été particulièrement frappé par une jeune entreprise américaine qui a lancé des kits de cultures de champignons pour les particuliers à partir de marc de café en se basant sur ce qui se passe en Colombie où des plantations de café produisent également des champignons à partir des déchets de culture. 8C’est ce qui m’a conduit en Afrique pour étudier l’impact social d’une formation pour des jeunes orphelins à la production de champignons. Ce qui était frappant c’était l’écart avec ce que l’on utilise comme technique en occident et les résultats obtenus avec des moyens financiers inexistants. 9Il y a dans les pays du sud une créativité pour arriver à se débrouiller qui est absolument incroyable. 10Un peu plus tard, Günter Pauli m’a demandé de l’accompagner au Ghana pour transformer un ancien site minier en zone de production agricole circulaire qui combinerait production de poisson, champignons, viande et énergie avec un minimum de pertes. Une forme d’agriculture en cascade où les déchets des uns deviennent ressources pour les autres. 11J’ai eu l’honneur de travailler avec des professeurs chinois relativement âgés qui m’ont transmis leurs idées sur la valorisation en boucle de ressources naturelles. Un savoir-faire ancestral qui tend à disparaître, mais qui regagne un intérêt en Europe avec la permaculture par exemple. 12J’ai eu envie de créer une société mettant en œuvre cette économie circulaire et explorant cette vision systémique de l’alimentation. 13Ainsi est née l’idée de la valorisation urbaine du marc de café pour produire des champignons avec l’aide de personnes fragiles, en situation de handicap ou en difficultés d’insertion économiques. 14En quoi consiste votre entreprise ? 15UpCYcle a été créée en 2011. 16En 2012, la mairie de Paris m’a proposé de tester in vivo mon modèle économique dont j’avais containérisé la partie visible la production de champignons dans un container maritime de bateau transformé en micro champignonnière urbaine, la préparation de ce substrat de culture se faisant dans un établissement d’accueil de personnes en situation de handicap. 17Cette démarche particulière avait comme objectif de préparer le lancement commercial d’une offre complète autour de la production agricole urbaine et à domicile à partir de matières recyclées. 18Aujourd’hui, UpCycle compte 4 salariés et fait travailler 10 personnes chez des sous-traitants de l’économie sociale et solidaire. 19On recycle chaque semaine 3 tonnes de marc de café et nos champignons, les Pleurotes Montecristo sont consommés sur les très bonnes tables parisiennes, y compris à l’Élysée ! 20Nos Kits de culture permettent aussi aux familles de découvrir ce procédé amusant et écologique à la maison. 21Le volet social est essentiel au projet, puisque l’objectif est l’insertion de personnes exclues du marché de l’emploi. Ce personnel a besoin d’être formé à notre process mais nous avons adapté nos techniques afin de donner accès au travail à des personnes n’ayant pas de qualification dans le domaine. 22Pouvez-vous m’en dire plus sur la culture des pleurotes ? 23Afin de nous rapprocher de nos clients, nous cultivons maintenant nos produits sous le plus gros marché mondial alimentaire le marché de Rungis et travaillons de plus en plus avec des maraîchers qui valorisent nos sous-produits pour enrichir leurs La culture de pleurotes, dans les sous-sols du de RungisIllustration La culture de pleurotes, dans les sous-sols du de Rungis24L’important, pour nous, est que cette production de pleurotes s’inscrit dans la filière du marc de café. Selon une vision systémique, nous donnons une seconde vie aux déchets de la culture en en faisant de l’engrais. Nous avons d’abord testé l’utilisation de ce sous-produit avec l’école AgroParisTech. Il est maintenant testé par des entreprises qui fabriquent les jardins sur les toits, comme substrat de culture agricole. Ce substrat est très efficace et innovant, grâce au mycélium qu’il contient, lequel permet de récréer de la vie de l’humus dans un sol agricole. Nous créons ainsi un modèle économique en cascade. À partir d’un déchet le marc de café utilisé, nous cultivons des champignons frais des pleurotes ; à partir des déchets de la production de pleurotes, nous créons un substrat agricole engrais qui va être commercialisé. Nous fabriquons donc deux produits, à partir d’un déchet les pleurotes et l’engrais. Notre logique est différente de celle d’un producteur de champignons classique, car nous nous intéressons davantage à la boucle. Depuis plus d’un an, nous fabriquons également des kits de culture pour les particuliers, vendus dans le commerce et sur internet 25Quelles sont vos contraintes ? 26Concernant les pleurotes, nous avons une contrainte de temps, le produit étant périssable et fragile. 27Pour les kits, la contrainte est la conservation. Le produit étant vivant, il doit être conservé d’une certaine façon tout au long de la commercialisation. 28L’objet de la société étant d’avoir un impact sur la création d’emplois sociaux, auprès de personnes défavorisées, nous nous sommes adaptés et avons fait en sorte que la production soit rendue possible pour des personnes ayant peu de formation. Nous sommes dans une logique d’efficience, pour ouvrir notre modèle économique à des structures qui ne sont pas formées pour ce genre de travail. C’est-à -dire qu’avec peu de moyens, on fait le maximum de choses, ce qui est l’inverse du principe de l’hyperspécialisation avec beaucoup de moyens financiers qui est la norme en Europe de l’Ouest. 29Des concurrents existent sur chacun de nos domaines, mais personne ne fait tous ces métiers ensemble, ni de la façon dont nous le faisons. Nous visons autant l’impact social que la rentabilité financière et n’avons pas un seul core business, mais considérons que tout ce qui est autour de notre métier de base est une opportunité. 30Quelles sont vos perspectives ? 31Pour 2015, notre objectif est de multiplier par trois notre capacité de production. 32À long terme, nous souhaitons développer, dans d’autres régions, mais aussi à l’étranger, notre modèle économique de conversion de déchets locaux en champignons. JyWcR25.