Freudexamine dans cette étude l'humour et ses rapports avec l'inconscient De nombreuses théories ont été suggérées sur l'humour et le rire : comme toujours, le pÚre de la psychanalyse renouvelle entiÚrement le sujet. Il arrive à la conclusion que « l'humour est la contribution apportée au comique par l'intermédiaire du surmoi », au terme d'un de ses essais brillants,
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Enpsychanalyse, au-delĂ  de l’instance rĂ©elle et concrĂšte (le pĂšre), ce qui intĂ©resse, c’est la « fonction paternelle ». Freud, en invoquant le PĂšre Ă  travers des mythes, avait prĂ©cisĂ©ment donnĂ© Ă  cette figure une dimension dĂ©passant ceux qui pouvaient occuper cette position dans la rĂ©alitĂ©. Au niveau individuel, avec le RĂ©sumĂ©En France, sur 14000 psychiatres, environ 9500 sont de pratique psychanalytique. Les magistrats sont majoritairement formĂ©s et conseillĂ©s par de tels psychiatres dont certains vont mĂȘme jusqu’à se prĂ©tendre scientifiques ». Ainsi au sein de notre justice, la notion d’intĂ©rĂȘt de l’enfant » se retrouve majoritairement influencĂ©e par des croyances et des prĂ©jugĂ©s d’ordre psychanalytiques. Cet article a pour finalitĂ© de montrer que les dogmes infondĂ©s de la psychanalyse revendiquent, Ă  tort, une hiĂ©rarchisation des rĂŽles parentaux. Cette conceptualisation de la parentalitĂ© revient finalement Ă  prĂ©tendre qu’il existerait un parent infĂ©rieur » et un parent supĂ©rieur »  et en cas de sĂ©paration parentale, les tĂ©nors de la psychanalyse suggĂšrent aux magistrats de prioriser les relations de l’enfant avec le parent dit supĂ©rieur » sous prĂ©textes d’ñge de l’enfant et/ou d’éventuels conflits entre les parents ! C’est notamment pour cette raison que les enfants de parents sĂ©parĂ©s ne voient gĂ©nĂ©ralement leur parent infĂ©rieur » que 4 jours par mois, que dans 20% des situations [1] les liens affectifs pĂšre-enfant sont dĂ©finitivement dĂ©tĂ©riorĂ©s et qu’à cause de cela plusieurs centaines de pĂšres de famille se suicident chaque annĂ©e [2].Sur la base du concept psychanalytique, les diffĂ©rentes perceptions de la parentalitĂ© peuvent ĂȘtre sĂ©parĂ©es en 3 groupes La parentalitĂ© et donc les besoins de l’enfant selon la psychanalyse,Les avis et les opinions contredisant le discours psychanalytique,Le constat parentalitĂ© et donc les besoins de l’enfant selon la psychanalyseBien que ce soit contredit par la psychologie scientifique contemporaine, la psychanalyse enseigne toujours ces thĂ©ories » infondĂ©es Stade phallique vers 4 ans Jusque-lĂ  le pĂšre Ă©tait vĂ©cu comme une mĂšre auxiliaire. / quand le pĂšre rĂ©el est inexistant, le rĂŽle paternel est tenu par tout ce qui sĂ©pare la mĂšre de l’enfant, que ce soient le travail dans la journĂ©e, un membre de la famille
 etc. / il faut que la fonction du pĂšre soit reconnue par la mĂšre, puis par l'enfant. / Cette fonction paternelle doit exister dans l'esprit de la mĂšre dĂ©s le dĂ©but. ».Sans aucune preuve, la psychanalyste Françoise Dolto estimait que l’ñge de la prise de conscience du pĂšre par l’enfant se situait vers les 18 mois de l’enfant [3]. Par ailleurs, elle ajoutait il est dans l'ordre des choses qu'un pĂšre ne s'occupe pas de son enfant bĂ©bĂ© ce n'est pas le rĂŽle d'un homme. ».Le psychanalyste Aldo Naouri prĂ©cise [4] Tout enfant a trois pĂšres un pĂšre gĂ©niteur, un pĂšre social / et un pĂšre fonctionnel, celui qui remplit la fonction de pĂšre. Ces trois pĂšres peuvent n’en faire qu’un. Ou pas. / la prĂ©sence rĂ©elle, effective, du pĂšre aux cotĂ©s de l’enfant n’est pas absolument indispensable. / c’est une fonction, disons atomisable. N’importe qui peut la remplir un oncle, un professeur, un ami de la famille, une grand-mĂšre mĂȘme... 
 ».Le psychanalyste Donald W. Winnicott soutient lui aussi que le pĂšre n’existe pas en tant que pĂšre », mais en tant que mĂšre » pendant un stade qu’il qualifie de primaire » [5] Dans ce contexte, je laisse de cĂŽtĂ© les relations pĂšre-nourrisson parce que je parle de phĂ©nomĂšnes primaires, ceux qui concernent la relation du nourrisson Ă  sa mĂšre ou au pĂšre, qui n'est qu'une autre mĂšre. ».Le psychanalyste Jacques Lacan prĂ©cisait [6] que le pĂšre se doit d’ĂȘtre en retrait des premiĂšres apprĂ©hensions affective de l’enfant ».Le psychanalyste Maurice Berger est l’auteur d’un rĂ©cit » censĂ© prouver qu’un pĂšre ne peut pas remplacer une mĂšre [7]. A ce titre, il Ă©crit Ce texte, destinĂ© aux parents et aux professionnels,fait lepoint sur les connaissances actuelles en matiĂšre de garde alternĂ©e pour les bĂ©bĂ©s. Il sera rĂ©actualisĂ© en fonction des publications scientifiques nouvelles. / Ce thĂšme a fait l'objet de trĂšs nombreux ouvrage Ă©crits par des spĂ©cialistes de notoriĂ©tĂ© internationale / Plusieurs de ces travaux ont Ă©tĂ© publiĂ©s entre 1945 et 1950, et leur validitĂ© a donc pu ĂȘtre confirmĂ©e avec un recul suffisant. ». Effectivement, tout le monde se doute que de trĂšs nombreux travaux ont eu lieu depuis 1950 et qu’un pĂšre ne peut pas remplacer une mĂšre
 Par contre, le psychanalyste Berger a oubliĂ© de procĂ©der Ă  l’opĂ©ration inverse » qui consiste Ă  prouver qu’une mĂšre ne peut pas remplacer un pĂšre !La psychanalyste Catherine Dolto est l’auteure de plusieurs petits livres destinĂ©s aux trĂšs jeunes enfants. Dans l’un d’eux intitulĂ© Les papas », elle Ă©crit Il arrive que les parents se sĂ©parent et qu’un autre homme nous Ă©lĂšve, on peut l’aimer de tout notre cƓur et l’appeler papa si on en a envie. / Il y a des papas qui s’occupent de la maison presque que comme des mamans, mais ils restent des papas. Il y a aussi des papas qui ne font rien dans la maison mais ce sont quand mĂȘme de bons papas. ». Il est Ă  noter qu’aucun propos de ce genre n’est inscrit dans le livret intitulĂ© Les mamans » ! Au contraire, on peut y lire C'est dur de partager sa maman avec l'homme qu'elle aime. Parfois ce n'est pas notre pĂšre de naissance. ». Pour quelle raison n’écrit-elle pas C'est dur de partager son papa avec la femme qu’il aime. Parfois ce n'est pas notre mĂšre de naissance. » ?!Sigmund Freud Ă©crit [30] Ce n'est pas sans de bonnes raisons que la tĂ©tĂ©e du sein de la mĂšre par l'enfant est devenue le prototype de toute relation amoureuse. La trouvaille de l'objet est, Ă  proprement parler, une retrouvaille... ».Dans son dernier livre [31], Sigmund Freud a dĂ©fendu le rĂŽle de la mĂšre comme unique, sans parallĂšle, Ă©tablit invariablement pour toute une vie comme le premier et le plus fort objet d'amour et comme le prototype de toutes les relations amoureuses ultĂ©rieures ». En rĂ©alitĂ©, Freud ne fonde cette affirmation que sur ses interprĂ©tations personnelles des histoires de ses patients
Les avis et les opinions contredisant le discours psychanalytiqueLe psychosociologue et psychothĂ©rapeute Jean-Luc Tournier Ă©crit [8] C’est quoi un pĂšre concret » ? Un pĂšre concret, c’est d’abord, cela je vous le dis, un pĂšre physique, un pĂšre incarnĂ©, et non pas ce qu’on a rĂ©pĂ©tĂ© avec la psychanalyse, par exemple un pĂšre symbolique qui a une fonction de sĂ©parateur. / Le moment oĂč les enfants – Ă©coutez ce point clĂ© – ont le plus besoin de leur papa, c’est pas Ă  13 ans, 16, 18 ans, ni mĂȘme Ă  7, ni mĂȘme Ă  3 ans, c’est dans les deux premiĂšres annĂ©es de leur vie. / Et on se rend compte que lorsque le papa est prĂ©sent dans les deux premiĂšres annĂ©es de la vie de son enfant, rĂ©ellement prĂ©sent, rĂ©ellement prĂšs de son enfant, rĂ©ellement investi, il y a 98 % de chances pour qu’il ne le lĂąche jamais. ».Le psychanalyste canadien Guy Corneau Ă©crit [9] Les psychologues ont cru jusqu'ici que le rĂŽle du pĂšre dĂ©butait Ă  la troisiĂšme ou Ă  la quatriĂšme annĂ©e de l'enfant, quand celui-ci pouvait parler. Les psychanalystes sont parfois allĂ©s jusqu'Ă  interprĂ©ter comme une frustration bĂ©nĂ©fique et nĂ©cessaire la semi-prĂ©sence du pĂšre dans la famille. Or les trente derniĂšres annĂ©es de recherches en psychologie du dĂ©veloppement ont rĂ©servĂ© bien des surprises Ă  leurs auteurs. Aux Etats-Unis et en NorvĂšge, plusieurs Ă©tudes, conduites auprĂšs de populations de garçons qui prĂ©sentaient des problĂšmes, ont abouti Ă  des conclusions similaires, qui bouleversent bien des croyances c'est au cours des deux premiĂšres annĂ©es de leur existence que les garçons ont absolument besoin du pĂšre. ».Le psychanalyste et pĂ©dopsychiatre Patrick Ben Soussan Ă©crit [10] Soit marquĂ© de fĂ©minitĂ©, s’il te faut contredire chaque jour la grande Françoise Dolto qui sur ce sujet n’a pas Ă©crit que des vĂ©ritĂ©s. / Et laisse tomber ces mĂȘmes assurances de tous nos maĂźtres Ă  penser, qu’ils s’appellent Lacan – assurant que le pĂšre se devait d’ĂȘtre “en retrait” des premiĂšres apprĂ©hensions affectives / – ou D. W. Winnicott – qui Ă©crivait
 mais il y a bien longtemps, en 1944 On ne peut affirmer qu’il soit bon que le pĂšre apparaisse tĂŽt en scĂšne dans tous les cas Le pĂšre », dans L’enfant et sa famille, – ou encore Aldo Naouri – qui lui pousse le pompon quand mĂȘme bien loin en Ă©crivant On doit chercher le pĂšre dans la mĂšre et pas ailleurs, parce que les autres lieux, mĂȘme ceux qu’il occupe rĂ©ellement, n’ont pas grande importance par rapport Ă  celui-lĂ . / PrĂ©fĂšre-leur Jean Le Camus, qui a si bien dit Le vrai rĂŽle du pĂšre. LĂšve-toi et marche, toi, le futur pĂšre. Quand il sera lĂ , porte ta fille, change ton fils, parle-leur, pense-les. Échange avec ta compagne, la mĂšre de tes enfants. Qui ne vous appartiendront jamais. Mais Ă  qui vous aurez montrĂ©, ensemble, que le monde se construit, avec l’un et l’autre, diffĂ©rents mais tellement semblables en humanitĂ©. Tu ne seras jamais une mĂšre-bis, une doublure, un doublon ; tu ne feras jamais pareil, tout comme. Un pĂšre qui materne, ça n’existe pas, il n’existe qu’un pĂšre qui s’occupe de son enfant. Ces pĂšres-lĂ , ils existent. Je caresse l’espoir que tu sois l’un d’eux, bientĂŽt. ».Le psychanalyste Boris Cyrulnik Ă©crit [11] On sait que le pĂšre est porteur d’une odeur de musc qui le caractĂ©rise, que la mĂšre inhale ses molĂ©cules odorantes et qu’en fin de grossesse, on les retrouve dans le liquide amniotique ». VoilĂ  donc une preuve que l’odeur du pĂšre est reconnue par le bĂ©bĂ© avant mĂȘme sa naissance ! Au cours des premiers jours de sa vie, le bĂ©bĂ© apprend Ă  reconnaĂźtre et Ă  apprĂ©cier l’odeur et la voix des gens qui le lavent, le bercent, le chatouillent. DĂ©muni, le bĂ©bĂ© cherche des odeurs qu’il connaĂźt pour le rassurer celle de sa mĂšre et... celle de son pĂšre. C’est Ă  ce moment que la prĂ©sence du pĂšre est plus qu’importante. Malheureusement, dans la plupart des cas, les congĂ©s de paternitĂ© ne durent pas assez longtemps pour soutenir cet attachement par le corps qui est si important pour le dĂ©veloppement de l’enfant. Mais ce lien biologique n’est pas la seule chose qui sert Ă  dĂ©finir la paternitĂ©. Avec les annĂ©es, le lien biologique qui relie un enfant Ă  son pĂšre se transforme en un lien beaucoup plus social. Le pĂšre, au sein de la famille, propose Ă  l’enfant un modĂšle social qui est diffĂ©rent de celui de la mĂšre. Cette spĂ©cificitĂ© du rĂŽle du pĂšre par rapport Ă  celui de la mĂšre est dĂ©terminante dans le dĂ©veloppement social de l’enfant. En d’autres mots, le pĂšre donne Ă  l’enfant une autre vision du monde, d’autres façons d’aborder les situations, et cette richesse d’expĂ©riences est bĂ©nĂ©fique. Malheureusement, dans un contexte oĂč les divorces font souvent que les pĂšres ont de la difficultĂ© Ă  assurer une prĂ©sence soutenue auprĂšs de l’enfant, un grand pan de relations sociales version mĂąle est plus ou moins escamotĂ©. ».Depuis 1990, l'association BĂ©ziers-pĂ©rinatalitĂ© » organise des rencontres nationales de pĂ©rinatalitĂ©. Les intervenants d'horizons pluridisciplinaires sont venus tĂ©moigner de leur pratique, de leur recherche et de leur rĂ©flexion sur le thĂšme le pĂšre, l'homme, le masculin en pĂ©rinatalitĂ© » [12] L’ensemble du colloque a permis de dĂ©gager les spĂ©cificitĂ©s liĂ©es Ă  l’implication accrue du pĂšre au cours de la grossesse et auprĂšs du jeune enfant. La paternitĂ© dans le contexte actuel tend Ă  revĂȘtir une nouvelle image dont le rĂŽle auprĂšs du nourrisson ne s’apparente pas Ă  celui d’une pseudo-mĂšre » et dans lequel l’identitĂ© masculine peut s’exprimer. ».La psychanalyste GeneviĂšve Delaisi de Parseval Ă©crit ceci [13] Le pĂšre est tout aussi important et compĂ©tent que la mĂšre auprĂšs du bĂ©bĂ©, toutes les Ă©tudes rĂ©centes le dĂ©montrent. ».Sur son blog, le psychothĂ©rapeute Georges Blond Ă©crit [14] En raison du caractĂšre irrĂ©futable des possibilitĂ©s biologiques, la question de la lĂ©gitimitĂ© du pĂšre se pose d’une toute nouvelle façon, qui en appelle Ă  remettre radicalement en cause la position psychanalytique traditionnelle qui vise Ă  faire du pĂšre une simple figure de rhĂ©torique, ne dĂ©pendant que du discours de la mĂšre, et Ă©tant conditionnĂ© par lui. ».Le constat scientifiquePour justifier la politique de jugement privilĂ©giĂ©e par les magistrats vis-Ă -vis du choix des diffĂ©rents modes de rĂ©sidence des enfants de parents sĂ©parĂ©s, Joan B. Kelly docteur en psychologie de l’UniversitĂ© de Yale, psychologue clinicienne et directrice du Centre de mĂ©diation de Californie du Nord Ă©crit [15] This maternal preference was reinforced by untested psychoanalytic theory that focused on the exclusive importance of the mother 
/... ». Traduction proposĂ©e Cette prĂ©fĂ©rence pour la mĂšre a Ă©tĂ© renforcĂ©e par la thĂ©orie psychanalytique non validĂ©e qui met l'accent sur l'importance exclusive de la mĂšre
 ».Richard A. Warshak clinicien, chercheur et professeur de psychiatrie clinique Ă  l'UniversitĂ© de Texas Southwestern Medical Center constate que ceux qui s'opposent Ă  ce que les jeunes enfants dĂ©couchent de chez leur mĂšre citent gĂ©nĂ©ralement certaines thĂ©ories et concepts de dĂ©veloppement de l'enfant et des Ă©tudes empiriques pour dĂ©fendre leurs recommandations [29] la thĂ©orie de l'attachement Bowlby, 1969, 1973,1980 et les thĂ©ories psychanalytiques du dĂ©veloppement Erikson, 1963, 1968; Mahler, Pine et Bergman, 1975. ». Il ajoute MĂȘme lorsque le cadre thĂ©orique n'est pas explicitement identifiĂ©, des termes comme objet principal d'attachement, la confiance de base, le fractionnement, et la sĂ©paration et de l'individuation signalent les contributions de ces thĂ©ories. ». Le texte d'origine est en anglais. Nous vous le soumettons ci-aprĂšs Proponents of overnight restrictions generally cite certain theories and concepts of child development and empirical studies to defend their recommendations. Concerns about the harmful impact of two different nighttime caregivers, or two different settings, are most often voiced in the context of attachment theory Bowlby, 1969, 1973,1980 and psychoanalytic theories of development Erikson, 1963, 1968; Mahler, Pine, & Bergman, 1975. Even when the theoretical framework is not explicitly identified, terms such as primary attachment object, basic trust, splitting, and separation and individuation signal contributions from these theories.... ».Michael E. Lamb docteur en psychologie de l’UniversitĂ© de Yale, professeur et chef du DĂ©partement de Psychologie Sociale et de DĂ©veloppement Ă  l'UniversitĂ© de Cambridge prĂ©cise [16] Il y a des preuves substantielles que les nourrissons forment des attachements avec, aussi bien les mĂšres et les pĂšres, Ă  peu prĂšs au mĂȘme point, pendant la premiĂšre annĂ©e de vie. / A l'exception de l'allaitement, il n'y a pas de preuve que les femmes soient biologiquement prĂ©disposĂ©es Ă  ĂȘtre de meilleurs parents que les hommes. Les conventions sociales, et non les impĂ©ratifs biologiques, fondent la division traditionnelle des responsabilitĂ©s parentales. ».Jean Le Camus professeur Ă©mĂ©rite de Psychologie Ă  l'UniversitĂ© de Toulouse le Mirail, crĂ©ateur de l'Ă©quipe Psychologie du jeune enfant » prĂ©cise [17] On sait aujourd'hui sans ambiguĂŻtĂ© que, dĂšs la naissance, le pĂšre est, autant que la mĂšre nĂ©cessaire au dĂ©veloppement affectif et psychologique de l'enfant. L’attachement et l’angoisse de sĂ©paration existent Ă  l’égard du pĂšre comme Ă  l’égard de la mĂšre. L’attachement est aussi fort pour l’un que pour l’autre et la sĂ©paration d’avec son pĂšre lui est aussi prĂ©judiciable que d’avec sa mĂšre. ».Le Professeur Le Camus prĂ©cise encore [18] A l'aube du XXIe siĂšcle, il ne paraĂźt plus possible de soutenir que la fonction du pĂšre n'est lĂ©gitimĂ©e que par le bon vouloir de la mĂšre, que cette fonction peut ĂȘtre indiffĂ©remment remplie par un homme ou une femme, qu'elle n'a de prise qu'Ă  partir de l'Ăąge de 18 mois ou Ă  partir du moment oĂč l'enfant est entrĂ© dans le stade oedipien, qu'elle se rĂ©duit Ă  l'introduction et la mise en application de la Loi – autant d'affirmations convenues qu'on rĂ©pĂšte Ă  longueur d'ouvrage sans mĂȘme se donner la peine de les soumettre Ă  l'Ă©preuve de l'expĂ©rience clinique. Il n'y a pas un "Ăąge de la mĂšre" au cours duquel l'enfant aurait seulement besoin d'affection, puis un "Ăąge du pĂšre" au cours duquel prĂ©vaudrait le besoin d'autoritĂ©. C'est dĂšs le commencement et tout au long de l'enfance que la mĂšre et le pĂšre doivent se rendre prĂ©sents et s'impliquer chacun Ă  sa maniĂšre comme de vĂ©ritables co-acteurs de la structuration psycho-affective et du dĂ©veloppement de leur enfant. ».Jean Le Camus Ă©crit Ă©galement [32] Pour finir, je persiste Ă  Ă©crire que certaines formulations des psychanalystes ne manquent pas de laisser perplexe le psychogĂ©nĂ©ticien de terrain que je suis et que je reste c’est pour cela que dans Le Vrai RĂŽle du pĂšre Odile Jacob, 2000, je dĂ©finis la fonction du pĂšre comme immĂ©diate – et non tardive –, pluridimensionnelle – et non unidimensionnelle –, concrĂšte – et pas seulement symbolique. Sur un nombre non nĂ©gligeable de sous-thĂšmes, je m’écarte considĂ©rablement de ce que suis portĂ© Ă  appeler des idĂ©es reçues le prĂȘt-Ă -penser de la paternitĂ© en quelque sorte et notamment de divers poncifs vĂ©hiculĂ©s par des psychanalystes Il n’y a de vĂ©ritable autoritĂ© paternelle que reçue d’une femme
, on doit chercher le pĂšre dans la mĂšre et pas ailleurs
, la fonction du pĂšre peut ĂȘtre indiffĂ©remment exercĂ©e par un homme ou par une femme
, c’est lorsque l’enfant a atteint l’ñge de 18 mois que les hommes normalement virils commencent Ă  s’occuper de lui »  ».Les psychologues et chercheuses Mary Main et Donna Weston UniversitĂ© de Berkley, Californie prĂ©cisent [19] Les enfants se sentent en sĂ©curitĂ© que ce soit avec leur pĂšre ou avec leur mĂšre. Un enfant peut trĂšs bien ĂȘtre sĂ©curisĂ© Ă  un moment avec sa mĂšre et sĂ©curisĂ© Ă  un autre moment avec son pĂšre. Et il n'y a pas de corrĂ©lation entre les deux. ».Blaise Pierrehumbert psychologue, chercheur et professeur au Service Universitaire de Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent Ă  l'UniversitĂ© de Lausanne prĂ©cise [20] Bowlby le pensait et avait Ă©mis l’hypothĂšse de la monotropie il n’existerait qu’une seule figure d’attachement possible la mĂšre. De nombreuses Ă©tudes rĂ©alisĂ©es par la suite ont infirmĂ© cette thĂ©orie et ont montrĂ© que ce qui comptait avant tout, c’était la qualitĂ© respective des diffĂ©rents lieux et personnes que l’enfant rencontre. Le pĂšre et la mĂšre, la famille et les professionnels de l’enfance ne sont donc pas exclusifs les uns des autres. Loin d’ĂȘtre un risque, l’existence de plusieurs lieux d’attachement possible constitue un enrichissement et un facteur de rĂ©silience pour l’enfant. Qui plus est, un lien sĂ©curisant Ă©tabli avec une personne pourra compenser la relation anxiogĂšne dĂ©veloppĂ©e avec une autre. C'est que l'insĂ©curitĂ© de l'enfant est souvent imputable Ă  la mauvaise relation ou approche de la mĂšre Ă  son enfant au tout dĂ©but de la vie. ».GĂ©rard Neyrand sociologue et professeur Ă  l’universitĂ© de Toulouse et directeur du Centre interdisciplinaire mĂ©diterranĂ©en d’études et recherches en sciences sociales - CIMERSS Ă©crit ceci [34] Ainsi, au tournant des annĂ©es 1990, la vision de cette pratique Ă©tait encore trĂšs nĂ©gative, alimentĂ©e par une certaine tradition des discours cliniques Ă  orientation psychanalytique, qui la dĂ©nonçaient comme dĂ©stabilisante pour l'enfant et l'empĂȘchant de se construire dans un rapport apaisĂ© Ă  son environnement, ce que semblait offrir la continuitĂ© de la vie quotidienne avec un seul des deux parents. ». GĂ©rard Neyrand soulĂšve Ă©galement comme facteur retardateur Ă  la pratique de la rĂ©sidence alternĂ©e cette explication Le premier niveau d'opposition s'inscrit dans la continuitĂ© des rĂ©sistances initiales des professions psychologiques Ă  la pratique de l'alternance [NDLR Par professions psychologiques », il faut comprendre psychanalyse ».], tout en se concentrant sur un critĂšre qui, pour elles, est rĂ©dhibitoire, l'Ăąge prĂ©coce de l'enfant concernĂ©, et vont donc se retrouver essentiellement chez des pĂ©dopsychiatres et des professionnelles de la petite enfance. Ce courant se cristallise autour d'une figure majeure du champ psychiatrique, engagĂ©e de façon militante Ă  plusieurs niveaux, dont celui de la rĂ©sidence alternĂ©e prĂ©coce, dans la dĂ©fense d'une vision traditionaliste caricaturale de la famille, politiquement marquĂ©e, et qui reste indexĂ©e aux formulations des annĂ©es 1950 des fonctions parentales pour lesquelles le seul soignant valable du jeune enfant reste sa mĂšre. Ce mouvement aboutit Ă  l'Ă©laboration d'une sorte de manifeste antirĂ©sidence alternĂ©e, intitulĂ© Le livre noir de la garde alternĂ©e, et dont la parution engendre des rĂ©actions que l'on pourrait qualifier de contrastĂ©es. ».GĂ©rard Poussin Professeur Ă©mĂ©rite de psychologie clinique Ă  l'universitĂ© Pierre MendĂšs-France de Grenoble Ă©crit [33] tout en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  l'Ă©tude de Solomon et George 
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 Pour Freud, par exemple, l'enfant s'appuie sur l'objet des pulsions d'autoconservation dans son choix d'un objet d'amour, car pour lui, Ă  l'origine, la satisfaction sexuelle avait un objet sexuel en dehors du corps propre le sein maternel ». C'est la thĂ©orie de l'Ă©tayage » /
 Pour certains cliniciens [NDLR ces cliniciens sont tous de pratique ou dobĂ©dience psychanalytique] pourtant, la confusion est encore prĂ©sente et ils se rĂ©fĂšrent Ă  la thĂ©orie de l'attachement tout en lui attribuant des caractĂ©ristiques qui Ă©taient celles de la thĂ©orie de l'Ă©tayage [NDLR cette thĂ©orie est purement psychanalytique]. On peut ainsi entendre que seule la mĂšre peut ĂȘtre une figure d'attachement pour le jeune enfant» et qu'il est donc dangereux qu'il ne passe pas la majeure partie de son temps avec elle notamment la nuit, comme le stipulent Solomon et George. La notion de coparentalitĂ© serait alors partie remise et ne pourrait s’appliquer qu'au-delĂ  de l'Ăąge de 6 ans .../
. Mon expĂ©rience croisĂ©e entre la recherche et la clinique m'amĂšne Ă  conclure au contraire qu'il est souhaitable de favoriser la coparentalitĂ© dans l'aprĂšs divorce dĂšs le plus jeune Ăąge. ».GĂ©rard Poussin Ă©crit encore [21] 
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 À part un prĂ©jugĂ© systĂ©matiquement dĂ©favorable Ă  l’égard des pĂšres, je ne vois pas ce qui le justifie. À ceux qui prĂ©tendent que ce prĂ©jugĂ© n’existe pas, je citerai seulement le passage suivant Il est dans l’ordre des choses qu’un pĂšre ne s’occupe pas de son enfant bĂ©bĂ© ce n’est pas un rĂŽle d’homme. [
] C’est lorsque l’enfant atteint l’ñge de la marche – Ă  18 mois – que les hommes normalement virils commencent Ă  s’occuper de lui. Ceux qui s’occupent des bĂ©bĂ©s sont gĂ©nĂ©ralement en grande partie marquĂ©s de fĂ©minitĂ© et, pour ainsi dire, jaloux que ce soient les mĂšres les porteuses. ». Pour ĂȘtre juste, il faut souligner que F. Dolto tenait ces propos pour contrer le discours de certaines mĂšres qui se fondent sur des rĂ©actions psychosomatiques de l’enfant petit pour prĂ©senter le pĂšre comme un homme dangereux qui ne sait pas s’occuper d’un bĂ©bĂ©. Elle explique d’ailleurs un peu avant que si l’enfant Ă©tait confiĂ© au pĂšre, il se produirait les mĂȘmes signes symptomatiques s’il ne voyait la mĂšre que rarement ». Le problĂšme est que les propos sur le pĂšre normalement viril » rencontrent trop opportunĂ©ment une idĂ©ologie maternaliste dominante qui va en conclure que le pĂšre n’a pas besoin d’exister avant que son enfant ait 18 mois. ».Chantal Zaouche-Gaudron professeure en psychologie du dĂ©veloppement Ă  l’UniversitĂ© de Toulouse le Mirail et Directrice de l’Ecole Doctorale CLESCO et Amandine Baude Doctorante prĂ©cisent [22] 
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 Le pĂšre constitue trĂšs tĂŽt une des principales figures d’attachement dans la vie de l’enfant contribuant Ă  la construction de son affectivitĂ© et amorçant, de par son style spĂ©cifique, les processus d’autonomisation et d’affirmation. Ce partenaire influence l’adaptation socio-affective de l’enfant Ă  travers son degrĂ© d’engagement dans les interactions directes, mais aussi Ă  travers son investissement dans diffĂ©rentes dimensions du parentage et, notamment, dans les domaines des soins physiques, du jeu ou encore de la discipline. ».Le psychologue Ned Holstein Ă©crit ceci dans une de ses publications The intellectual basis of the courts’ current fixation with sole custody has not withstood objective scrutiny. It started as a psychoanalytic theory — never proved by observation — that after a divorce, children need one primary caretaker and one home. » [35].ConclusionPour les psychanalystes, la relation pĂšre-enfant ne compte pas. Lorsqu’un pĂšre est prĂ©sent auprĂšs de son enfant, si c’est avant 18 mois, il manque de virilitĂ© ! Dans le meilleur des cas, un bon pĂšre ne peut ĂȘtre qu’une mĂšre-bis ! Dans tous les cas, le pĂšre n’a d’existence auprĂšs de son enfant que si la mĂšre le souhaite et Ă  ce titre, un pĂšre qui aime son enfant est tout simplement jaloux de la maman
 ! Rappelons enfin que TOUS les prĂ©tendus spĂ©cialistes de l’enfance », farouchement opposĂ©s Ă  la rĂ©sidence alternĂ©e, sont de pratique ne signifie pas que tous les psychanalystes sont opposĂ©s Ă  la rĂ©sidence alternĂ©e. Certains sont capables de s’opposer aux dogmes ancestraux de la psychanalyse. Les enfants aiment autant leurs deux parents et rĂ©ciproquement. Il n’existe aucune hiĂ©rarchie dans tout cela ! Les avis et autocritiques de ces thĂ©rapeutes et psychanalystes sont primordiaux. Ils mĂ©ritaient plus que tout leur place dans ce billet pour souligner que les divergences flagrantes sur ce sujet sont loin d’ĂȘtre le fruit d’une querelle d’experts entre psychologues scientifiques et psychanalystes. Certains psychanalystes contestent eux aussi les prĂ©jugĂ©s des plus dogmatiques d'entre eux. Cela n’a d’ailleurs pas Ă©chappĂ© Ă  HĂ©lĂšne Gaumont-Prat professeure et directrice du Laboratoire de Droit de la SantĂ© Ă  l’UniversitĂ© Paris-8 et ancien membre du ComitĂ© Consultatif National d’Éthique de 1998 Ă  2007. Dans une de ses Ă©tudes [23], elle dĂ©plore Ă  juste titre La diabolisation de la rĂ©sidence alternĂ©e, en France par des psychanalystes, d'ailleurs souvent divisĂ©s, ce qui en affaiblit considĂ©rablement la portĂ©e, s'apparente Ă  de nombreux dĂ©bats rĂ©currents sur des questions touchant Ă  l'ĂȘtre humain et opposant mĂ©decine, justice et psychanalyse, oĂč cette derniĂšre se trouve fortement discrĂ©ditĂ©e par la neurobiologie. ».Avec des outils validĂ©s et une dĂ©marche scientifique, la psychologie scientifique contemporaine prouve que le pĂšre, autant que la mĂšre, joue un rĂŽle capital dans le dĂ©veloppement de l’enfant et cela dĂšs son plus jeune Ăąge RaphaĂšle Miljkovitch, Chantal Zaouche-Gaudron, GĂ©rard Poussin, Jan Piet H. de Man, Richard A. Warshak, Joan B. Kelly, Robert Bauserman, Michael Lamb, William Fabricius, etc..En France, via un lobbying permanent sur le lĂ©gislateur et sur les magistrats, la psychanalyse impose Ă  la sociĂ©tĂ© toute entiĂšre sa propre perception des besoins de l’enfant en matiĂšre de parentalitĂ©. Pour mĂ©moire les indicateurs de souffrance de la garde classique sont les suivants PrĂšs d'un enfant de parents sĂ©parĂ©s sur 5 ne voit jamais son pĂšre [24],71 % des Ă©lĂšves qui dĂ©crochent au secondaire n'ont pas de pĂšre [25],90 % des enfants qui font une fugue n'ont pas de pĂšre [25],Chaque annĂ©e plusieurs centaines de pĂšres de famille se suicident du fait qu'ils n'ont plus de lien avec leurs enfants [2],Niveau Ă©levĂ© de dĂ©pression chez l'enfant, Abus de substance illicites et licites, Toxicomanie plus frĂ©quente, idem pour l’alcool, TDAH Trouble DĂ©ficit de l'Attention HyperactivitĂ© [26] [27].Moins bons rĂ©sultats scolaires qu'en rĂ©sidence alternĂ©e [28].Sans ĂȘtre exhaustif sur l’ensemble des condamnations faites Ă  la psychanalyse dans les nombreux Ă©tats dans le monde, rappelons succinctement celles-ci En 1980, la majoritĂ© des rĂ©fĂ©rences freudiennes sont retirĂ©es du DSM notamment pour absence de scientificitĂ© voir les Ă©carts entre le DSM2 et le DSM3.En 2004, l’INSERM a produit un Ă©pais rapport dĂ©montrant l’inefficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalyse pour la majoritĂ© de troubles mentaux PsychothĂ©rapie. Trois approches Ă©valuĂ©es. Paris Éditions de l’Inserm, Page 568.En 2010, un rapport de la HAS Haute AutoritĂ© de la SantĂ© conclut que la psychanalyse n’est pas Ă  recommander pour traiter l’ Ă©galement qu’une bonne partie des professionnels d'orientation psychanalytique farouchement opposĂ©s Ă  l’instauration d’un principe de prĂ©somption de rĂ©sidence alternĂ©e dans le code civil en lieu et place de celle qui est actuellement en pratique sont aussi largement impliquĂ©s dans le scandale de l’autisme. -[1] INED - Quand la sĂ©paration des parents s’accompagne d’une rupture du lien entre le pĂšre et l’enfant Travaux prĂ©paratoires Ă  l’élaboration du Plan Violence et SantĂ© en application de la loi relative Ă  la politique de santĂ© publique du 9 aoĂ»t 2004 Docteur Anne Tursz - Mai 2005 - approuvĂ© le MinistĂšre de la SantĂ© et des SolidaritĂ©s - voir la page 71 entre autres Françoise Dolto, Quand les parents se sĂ©parent » - Page 53.[4] Aldo Naouri, Interview dans Femme Actuelle – n°684 – 1999.[5] Donald W. Winnicott, La mĂšre suffisamment bonne » - Page 97.[6] Jacques Lacan - Propos sur la causalitĂ© psychique », dans Écrits 1956, Paris, Le Seuil, 1966.[7] Le droit d'hĂ©bergement du pĂšre concernant un bĂ©bĂ© - Dr Maurice Berger - AoĂ»t 2003.[8] Du bon usage du pĂšre – Lien Lien[9] Guy Corneau - PĂšre manquant, fils manquĂ© - Éditions de l’Homme – 1989 – p26.[10] Patrick Ben Soussan - MĂȘme les pĂšres ! – Spirale 2003/4 – n° 28 Boris Cyrulnik Le pĂšre, l'homme, le masculin en pĂ©rinatalitĂ© - Article paru dans le Carnet/Psy no 47 - Pages 19-20 GeneviĂšve Delaisi de Parseval - La part du pĂšre » - Ed. du Seuil – 1981.[14] Georges Blond Joan B. Kelly, Children’s Living Arrangements Following Separation and Divorce Insights From Empirical and Clinical Research - Page 36 - 2007.[16] Michael E. Lamb - The development of Father-Infant Relationship » - John Wisley - New York – 1996.[17] Jean Le Camus, PĂšres et bĂ©bĂ©s » - L'Harmattan - 1998.[18] Jean Le Camus, Le vrai rĂŽle du pĂšre » - Odile Jacob – 2000.[19] Marie Main et Donna Weston - The quality of the toddler's relationship to mother and father Child development – 1981.[20] Pierre Humbert Blaise - Premier lien, thĂ©orie de l'attachement » - Odile Jacob 2003.[21] GĂ©rard Poussin - L’alternance Ă©pouvantail et le problĂšme des sĂ©parations parentales avec des enfants en bas Ăąge – Spirale 2009/1 - N° 49 Chantal Zaouche-Gaudron et Amandine Baude - L’adaptation socio-affective d’enfants de quatre Ă  12 ans en rĂ©sidencealternĂ©e une approche Ă©cosystĂ©mique – Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 612013 - Page 348 – 2013.[23] HĂ©lĂšne Gaumont-Prat - La rĂ©sidence alternĂ©e Ă  l'Ă©preuve du droit comparĂ© - France-Belgique » - Droit de la famille n° 7, Juillet 2012, Ă©tude 15.[24] Quand la sĂ©paration des parents s’accompagne d’une rupture du lien entre le pĂšre et l’enfant Child Custody, Access and Parental Responsibility the search for a just and equitable standard - Edward Kruk, The University of British Columbia December, 2008 Etude de Strohschein - 2007 La relation pĂšre-enfant et l’ouverture au monde - Daniel Paquette – 2004 Laurette CrĂ©tin – Les familles monoparentales et l’école un plus grand risque d’échec au collĂšge ? » Richard A. Warshak - CR21-FR - Blanket Restrictions - Overnight Contact Between Parents and Young Children - Family and Conciliation Courts Rewiew - Vol. 38 - October 2000 - 422-445 Page 426[30] Freud - Trois essais sur la thĂ©orie sexuelle 1905 - ƒuvres complĂštes - PUF, VI, 2006 Voir page 161.[31] Sigmund Freud - An outline of psychoanalysis - Ed. and trans. James Strachey - New York Norton – 1940 - Page 45.[32] Jean Le Camus - La PaternitĂ© sous les regards croisĂ©s de la psychologie du dĂ©veloppement et de la psychanalyse - ERES - Petite enfance et parentalitĂ© » - 2001 - Voir page 151.[33] Diane Khoury, Marie-Dominique Wilpert, GĂ©rard Neyrand et GĂ©rard Poussin - PĂšre, MĂšre aprĂšs sĂ©paration - ERES - 2015 - Voir pages 106 Ă  108.[34] Diane Khoury, Marie-Dominique Wilpert, GĂ©rard Neyrand et GĂ©rard Poussin - PĂšre, MĂšre aprĂšs sĂ©paration - ERES - 2015 - Voir pages 57, 69 et 70.[35] Ned Holstein Pourcela, vous ne disposez que des dĂ©finitions de chaque mot. Certaines lettres peuvent parfois ĂȘtre prĂ©sentes pour le mot Ă  deviner. Sur Astuces-Jeux, nous vous proposons de dĂ©couvrir la solution complĂšte de Codycross. Voici le mot Ă  trouver pour la dĂ©finition "En rapport avec le pĂšre de la psychanalyse" (groupe 20 – grille n°4) : Principales thĂ©ories psychanalytiques et dĂ©veloppementales sur le pĂšre symbolique et le pĂšre de la RaphaĂ«le NoĂ«l et Francine CyrPour citer cet article NoĂ«l R., Cyr F., 2009. Le pĂšre entre la parole de la mĂšre et la rĂ©alitĂ© du lien Ă  l’enfant. », La psychiatrie de l’enfant, 52, 2, question du pĂšre est un casse-tĂȘte difficile et les ingrĂ©dients de cette complexitĂ© ne se laissent pas saisir d’emblĂ©e les efforts de clarification permis par leur comprĂ©hension progressive ne viennent pas Ă  bout d’un flou rĂ©siduel. Il semblerait qu’il faille renoncer Ă  plus de clartĂ© et accepter d’écrire sur le pĂšre en tolĂ©rant ce fond de confusion B. Golse, 2006. Freud, en son temps dĂ©jĂ , posait la question du pĂšre comme Ă©nigmatique parce que relative Ă  la question du dĂ©sir de la femme Qu’est-ce qu’un pĂšre ? Que veut la femme ? » M. Moulay, 1990. Nous y d’abord, penser le pĂšre et Ă©crire sur le pĂšre c’est faire face Ă  une multiplicitĂ© de discours faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la multiplicitĂ© des thĂ©ories qui existent sur le pĂšre selon que l’on s’adresse au pĂšre comme fonction psychique, au rĂŽle du pĂšre dans une dimension familiale et pĂ©dagogique ou encore au pĂšre comme personne rĂ©elle I. Krymko-Bleton, 1990. Le pĂšre est un objet psychique, un objet rĂ©el, mais aussi un concept fondamental de la psychanalyse en raison de l’usage mĂ©tapsychologique qu’elle en fait Assoun, 1989. La confusion peut naĂźtre de la multiplicitĂ© de ces facettes mais elle apparaĂźt surtout quand on parle d’un aspect du pĂšre en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  un autre aspect Le brouillage commence lĂ  oĂč, sous la rĂ©fĂ©rence Ă  la fonction du pĂšre, on entend le pĂšre en chair et en os, le fait paternel » Assoun, 1989.Golse 2006 nous a permis de comprendre que la dimension insaisissable du pĂšre avait Ă  voir avec la nature mĂȘme de sa fonction, ce qui rend cet insaisissable irrĂ©ductible et la confusion en partie lĂ©gitime Il y a tout d’abord quelque chose qui se dĂ©robe sans cesse quand on pense au pĂšre, ou quand on parle du pĂšre, dans la mesure oĂč le pĂšre – ou plutĂŽt la fonction paternelle – c’est justement ce qui nous permet, fondamentalement, de penser et de parler
 Parler de ce qui nous permet de parler, penser Ă  ce qui nous permet de penser il y a ainsi dans la question du pĂšre, inĂ©vitablement, une fonction » mĂ©ta qui nous semble Ă  la source de cet insaisissable du pĂšre, un peu Ă  la maniĂšre du rĂȘve que l’on oublie parce que, justement, le rĂȘve vient servir les desseins du refoulement ».Dans ces conditions, il devient alors possible d’accepter cette part de flou rĂ©siduel en renonçant Ă  plus de clartĂ©, et se risquer Ă  Ă©crire sur le pĂšre. Nous souhaitons dans cet article rendre compte du cheminement que fĂ»t le nĂŽtre sur la question du pĂšre, des thĂ©ories psychanalytiques aux thĂ©ories de la psychologie du dĂ©veloppement, avec comme point de dĂ©part l’illusion de pouvoir accĂ©der Ă  la construction d’une thĂ©orie unifiĂ©e. Ce long parcours a rĂ©servĂ© son lot de surprises, de questions en forme de dĂ©couvertes et pourrait alors se redĂ©finir, dans le deuil de l’illusion initiale, comme un travail d’articulation entre ces deux univers peu habituĂ©s Ă  dialoguer ensemble, celui de la psychanalyse et celui de la psychologie du cours de la traversĂ©e de ces champs thĂ©oriques, nous nous sommes heurtĂ©s Ă  plusieurs obstacles dans ce travail de liaison que nous essayons de faire. Nous avons dĂ©couvert qu’une thĂ©orie – qui n’est, rappelons-le, qu’une construction de la rĂ©alitĂ© – peut ĂȘtre passablement chargĂ©e de la part subjective relative aux enjeux de l’auteur ou d’une Ă©poque, au point qu’elle en façonne profondĂ©ment les fondements. Il devient important de ne pas l’oublier dans ce travail d’analyse voici quelques exemples touchant soit la forme le contenant, soit le fond le contenu de la thĂ©orie. Ainsi, dans la façon d’exposer un point de vue thĂ©orique, nous avons compris que des positions d’affirmation telles qu’elles excluent toute autre façon de penser, renvoient Ă  des positions dogmatiques qu’il faut considĂ©rer avec un certain recul. On en retrouve dans ce que J. Le Camus 2001 nomme le prĂȘt-Ă -penser » de la paternitĂ© succession de convictions se posant comme des vĂ©ritĂ©s. Il faut alors faire le tri de ce qui appartient Ă  une certaine inflation subjective pour accĂ©der Ă  la contribution de telles positions plan des contenus, il y a la dimension des enjeux psychiques Ă  l’égard de ce que reprĂ©sente le pĂšre individuellement mais aussi collectivement. Ainsi, tel que F. Hurstel 2001 a pu le montrer Ă  propos de ce que J. Lacan 1938 qualifiait de dĂ©clin social de l’image du pĂšre » il y a eu, dans cette accusation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de faiblesse et d’impuissance Ă  l’égard des hommes essentiellement durant les dĂ©cennies 1980-1990, une confusion entre un phĂ©nomĂšne social perte de l’autoritĂ© paternelle au profit d’une Ă©galitĂ© entre pĂšre et mĂšre et un registre personnel renvoyant au pĂšre comme individu. On peut mĂȘme se demander s’il n’y a pas eu une utilisation du phĂ©nomĂšne social pour mettre en forme un enjeu psychique universel Ă  l’égard du pĂšre celui du deuil difficile du pĂšre idĂ©al P. Julien, 2000.Dans le mĂȘme ordre de dĂ©placement, Jean Forest 2001 comprend les critiques et les reproches qui sont adressĂ©s aux pĂšres comme des attaques de ce que le pĂšre reprĂ©sente. C’est-Ă -dire des attaques de la Loi, celle de l’interdit de l’inceste qui rĂ©gule les rapports sociaux et familiaux, donc qui impose des limites, en particulier aux possibilitĂ©s de plaisir et de jouissance. Ces limites, contraignantes comme le sont toutes les limites, sont cependant ce qui permet Ă  l’homme de s’humaniser. À quoi sert un pĂšre ? À fabriquer de l’humanitĂ© » ces exemples, il faut comprendre que nous avons Ă  rester vigilants face au risque de glissement d’un registre social Ă  un registre individuel lorsqu’il s’agit du pĂšre, afin de ne pas rendre le pĂšre comme personne responsable ni des effets d’une mutation sociale, ni des angoisses psychiques conscientes ou inconscientes relatives Ă  ce qu’il comme il n’y a pas de pĂšre sans mĂšre, il arrive aussi que la façon de thĂ©oriser le pĂšre hĂ©rite Ă©galement des enjeux liĂ©s Ă  la mĂšre. Ainsi, M. Schneider 1989 souligne combien, concernant les fonctions du pĂšre, l’idĂ©alisation des thĂ©ories de la coupure peut cacher des angoisses Ă  l’égard de la mĂšre vouloir Ă  tout prix thĂ©oriser sur la coupure d’avec le maternel, c’est se dĂ©fendre d’un en-trop de mĂšre renvoyant soit Ă  une mĂšre engloutissante, soit Ă  une mĂšre absente dans sa le mĂȘme ordre d’idĂ©e, dire que le travail de dĂ©finition du pĂšre paraĂźt beaucoup plus ardu que celui de dĂ©finition de la mĂšre, c’est aller du cĂŽtĂ© d’une dĂ©rive classique qui consiste Ă  croire en une maternitĂ© instinctuelle justifiant l’économie d’un travail de dĂ©finition du maternel qui, par nature, irait de soi. C’est une dĂ©rive qui trahit un deuil incomplet de la toute-puissance maternelle I. Krymko-Bleton, 1990.Enfin, nous avons Ă©galement redĂ©couvert que le fait qu’une thĂ©orie soit basĂ©e sur des recherches empiriques ne semble pas plus prĂ©munir de cet Ă©cueil bien humain qui est celui de l’influence du filtre perceptif de l’auteur sur l’interprĂ©tation des rĂ©sultats. Et ceci, quelle que soit la rigueur de la mĂ©thodologie et du recueil des donnĂ©es nous le verrons dans la partie de la psychologie du dĂ©veloppement.Ces obstacles maintenant rĂ©vĂ©lĂ©s au sens photographique du terme, nous voulons rappeler que le regard critique que nous allons porter sur diffĂ©rentes thĂ©ories sur le pĂšre est au service d’un travail d’articulation dont l’objectif est une tentative de dialogue entre psychanalyse et psychologie du dĂ©veloppement, en dĂ©pit des Ă©pistĂ©mologies diffĂ©rentes. C’est un point de vue que nous partageons avec J. Le Camus 2001 il y aurait des passerelles Ă©pistĂ©mologiques » possibles Ă  Ă©tablir, une fois les limites du rapprochement des disciplines » tracĂ©es. Il s’agirait en somme de tenter de dĂ©passer le clivage classique qui existe entre le champ psychanalytique et le champ de la psychologie du dĂ©veloppement. Ce n’est pas le syncrĂ©tisme mou ou l’éclectisme faussement rĂ©unificateur mais plutĂŽt la franche reconnaissance des similitudes et des oppositions qui permettent de progresser dans le respect rĂ©ciproque et l’affirmation des identitĂ©s » J. Le Camus, 2001.De son cĂŽtĂ©, B. Golse 2001 nous rappelle qu’il est possible de maintenir la tension, l’ambiguĂŻtĂ© et le paradoxe qui existent entre diffĂ©rentes thĂ©ories en raison de leur divergence de points de vue. Cela serait mĂȘme souhaitable puisque c’est, semble-t-il, Ă  ce prix que les thĂ©ories restent ouvertes et vivantes. Autrement dit, il ne s’agirait pas de rallier les points de vue dans un dĂ©sir d’intĂ©gration illusoire, mais bien de maintenir ouverte une conflictualitĂ© nĂ©cessaire prise en compte du contexte social Nous voulons rapidement aborder ici l’impact des reprĂ©sentations sociales du pĂšre sur la question du pĂšre et plus spĂ©cifiquement sur la façon dont on thĂ©orise ses fonctions. En effet, si la psychanalyse et la psychologie mettent en lumiĂšre les multiples facettes du pĂšre, il faut aussi se rappeler que le pĂšre est Ă©galement une institution sociale et politique, et dans cette perspective la façon de concevoir le pĂšre et ses fonctions s’avĂšre tributaire des mutations sont allĂ©es bon train ces derniĂšres dĂ©cennies les modifications du rapport homme/femme dans le sens d’une revendication d’égalitĂ©, la notion d’autoritĂ© parentale plutĂŽt que celle de puissance paternelle, l’avĂšnement des droits de l’enfant A. ThĂ©venot, 2000 sont autant d’ondes de choc qui bousculent les repĂšres traditionnels de la famille et poussent Ă  une redĂ©finition des places et des fonctions parentales. La paternitĂ© traditionnelle est remise en question C. Castelain-Meunier, 2001 et elle n’est plus soutenue comme avant par l’institution sociale F. Hurstel, 1996, 2001 elle doit se dĂ©finir le pĂšre n’est plus ce pater familias solidement reconnu et dĂ©fini par la sociĂ©tĂ© qui lui confĂ©rait d’emblĂ©e un pouvoir politique et familial nous sommes passĂ©s Ă  l’ùre du pĂšre privatisĂ© Y. Knibiehler, 2001 oĂč l’homme se dĂ©finit comme pĂšre, non en rĂ©fĂ©rence au social, mais dans son rapport Ă  la femme, devenant mĂšre, et dans son lien Ă  l’enfant. Ce sont les liens et non plus la sociĂ©tĂ© qui dĂ©finissent le pĂšre, c’est pourquoi l’on parle de paternitĂ© relationnelle C. Castelin-Meunier, 2001, 2004 et c’est alors un contrat de parole qui unit les deux parents F. Hurstel, 2001. VĂ©ritable rĂ©volution copernicienne qui laisse les hommes face Ă  l’angoisse d’avoir Ă  dĂ©finir individuellement leurs propres repĂšres ĂȘtre pĂšre aujourd’hui, c’est se chercher un modĂšle » D. Cupa, 2000. Mais aussi parce qu’il s’agit lĂ  d’un gain de libertĂ© sans prĂ©cĂ©dent cette mutation de la paternitĂ© rĂ©sulte d’un progrĂšs de la pensĂ©e vers les notions de vie privĂ©e et de dĂ©mocratie F. Hurstel, 2001.C’est dans ce mĂȘme ordre d’idĂ©e que G. Neyrand 2005 parle de l’émergence d’un nouvel ordre social au sein duquel les principes mĂȘme de la dĂ©mocratie sont appliquĂ©es Ă  la sphĂšre privĂ©e on parle de dĂ©mocratisation des relations privĂ©es lorsque l’on Ă©voque les valeurs d’égalitĂ©, d’autonomie et d’expressivitĂ© personnelle. Ainsi, le mariage est remis en cause et ne dĂ©finit plus pour le couple un cadre pour la sexualitĂ©, la procrĂ©ation et la parentalitĂ©. Ces dimensions ne sont plus liĂ©es de façon dĂ©finitive comme autrefois les revendications d’égalitĂ© et d’autonomie font de l’union conjugale un contrat rĂ©vocable si l’union n’apporte pas satisfaction, et ce quel que soit l’ñge des enfants. On assiste alors Ă  une multiplication des sĂ©parations conjugales conduisant vers une pluralitĂ© d’exercice de la parentalitĂ©, d’oĂč une diversification des structures familiales. Les familles monoparentales et les familles recomposĂ©es ne peuvent plus ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des dĂ©viations des familles dites intactes compte tenu de leur frĂ©quence. Par ailleurs, le statut mĂȘme de l’enfant a fondamentalement changĂ© le dĂ©veloppement des droits de l’enfant amĂšne l’ùre de l’enfant sujet, son bien-ĂȘtre devient au centre des prĂ©occupations. Et, en mĂȘme temps qu’il y a un dĂ©placement du caractĂšre indissoluble et inconditionnel du lien sur la relation Ă  l’enfant, ce mĂȘme enfant devient aussi un moyen d’accomplissement personnel pour le Ă  de telles mutations sociales et familiales, on comprend alors que des transformations majeures ont lieu au niveau de la reprĂ©sentation sociale du pĂšre. Et l’on constate au fil du temps, que les grandes questions qui animent les rĂ©flexions et les recherches cliniques et empiriques sur le pĂšre s’avĂšrent ĂȘtre le reflet de la reprĂ©sentation sociale du pĂšre du Ă  l’époque du pater familias oĂč le pĂšre est instituĂ© et possĂšde un pouvoir politique, on thĂ©orise sur le pĂšre Ɠdipien porteur d’une loi, l’interdit de l’inceste. Ensuite, Ă  l’époque du pĂšre privatisĂ© F. Hurstel, 2001 dĂ©fini dans son rapport Ă  la femme et dans son lien Ă  l’enfant, on souligne l’implication progressive du pĂšre dans le dĂ©veloppement de son jeune enfant. On dĂ©couvre alors que le pĂšre peut avoir un rĂŽle bien avant l’ƒdipe et ce sont les fonctions paternelles préƓdipiennes qui sont thĂ©orisĂ©es. Dans une premiĂšre Ă©tape, elles restent encore relativement mĂ©diatisĂ©es par la mĂšre, puis avec les nouveaux pĂšres » c’est la dĂ©couverte d’un pĂšre capable d’interaction directe avec son enfant on thĂ©orise alors sur un attachement spĂ©cifique au pĂšre et sur la capacitĂ© de celui-ci d’exercer des fonctions dites plus maternelles tout en gardant un style masculin, diffĂ©renciĂ© de la mĂšre. Enfin, que dire de notre dĂ©cennie ? Elle est caractĂ©risĂ©e par une prĂ©sence importante des femmes au travail, ce qui suppose un partage important des tĂąches on parle de co-parentage, de parentalisation rĂ©ciproque J. Le Camus, 2001. La fragilitĂ© accrue de la conjugalitĂ© conduit Ă  d’autres configurations familiales les situations de parents seuls familles monoparentales et de parents multiples familles recomposĂ©es soulĂšvent d’autres types de questions concernant le pĂšre. En voici quelques-unes qui fait fonction de pĂšre, de tiers dans les familles monoparentales ? Face Ă  une multiplicitĂ© d’hommes, qui est le vrai » pĂšre ? Comment s’amĂ©nage le complexe d’ƒdipe quand l’enfant est Ă©levĂ© par deux pĂšres et deux mĂšres ? A. FrĂ©javille, 2002, parties qui suivent vont faire Ă©tat de diffĂ©rentes thĂ©ories du pĂšre, Ă  la fois issues de la psychanalyse et de la psychologie du dĂ©veloppement, sans prĂ©tendre Ă  une recension exhaustive, lĂ  n’est pas l’objectif. Ce qui motive notre dĂ©sir de regarder du cĂŽtĂ© de ces deux champs, c’est la question de savoir comment dĂ©finir le pĂšre tant dans sa dimension de fonction psychique que dans sa dimension d’objet rĂ©el ? Mais aussi comment Ă©viter les dogmatismes qui prĂŽnent des positions extrĂȘmes et exclusives avec du cĂŽtĂ© de la psychanalyse une dĂ©rive d’abstraction la fonction paternelle devient un principe abstrait dĂ©sincarnĂ©, se suffisant de la parole de la mĂšre et du cĂŽtĂ© de la psychologie du dĂ©veloppement une dĂ©rive de concrĂ©tude le pĂšre devenant une somme de chiffres ou de comportements qu’il est difficile de rĂ©unir en un tout signifiant. Porter un regard croisĂ©, ce serait chercher du cĂŽtĂ© de la psychologie dĂ©veloppementale pour mettre un peu de chair autour des concepts psychanalytiques, mieux les incarner, chercher Ă  comprendre comment cette symbolique du tiers peut s’exprimer, se traduire au quotidien. Ce qui en final conduit aux questions suivantes comment ĂȘtre un pĂšre au quotidien et reprĂ©senter Ă  la fois la nĂ©cessaire symbolique du tiers ? Qu’est-ce qu’un tiers au quotidien ? Comment ĂȘtre un tiers au quotidien ?Les diffĂ©rentes figures du pĂšre Ă  travers les thĂ©ories psychanalytiques du pĂšre sacralisĂ© dans sa dimension symbolique au pĂšre mĂ©diatisĂ© par la mĂšre Sigmund Freud et le pĂšre la fonction psychique du pĂšre C’est avec Freud, par le biais du complexe d’ƒdipe, que la psychanalyse nous offre une premiĂšre reprĂ©sentation du pĂšre. De sa premiĂšre Ă©vocation dans une lettre Ă  Fliess 1897 Ă  son Ă©laboration dĂ©finitive en 1923, aprĂšs une reformulation des bases de la thĂ©orie psychanalytique seconde thĂ©orie des pulsions et deuxiĂšme topique, 1921-1923, il se passe des annĂ©es durant lesquelles Freud Ă©labore progressivement ce qu’il dĂ©finit comme le complexe d’ƒdipe. Comment ce complexe d’ƒdipe se dĂ©veloppe et s’organise, et que peut-on en dĂ©gager concernant la figure du pĂšre ?D’une façon gĂ©nĂ©rale, Freud appuie sa description sur le cas du garçon considĂ©rĂ© comme plus simple et possĂ©dant moins de zones grises que celui de la fille. Le complexe d’ƒdipe renvoie Ă  la phase phallique de la sexualitĂ© infantile, contexte expliquant l’intensitĂ© du conflit Ɠdipien. Dans une premiĂšre Ă©tape, il y a confluence de deux sentiments au dĂ©part indĂ©pendants un attachement dĂ©sirant pour la mĂšre prise comme objet sexuel et un attachement pour le pĂšre pris comme modĂšle Ă  imiter S. Freud, 1917, 1940. Dans un second temps, lors de cette rencontre, le pĂšre apparaĂźt comme un obstacle au mouvement dĂ©sirant de l’enfant et cette identification primaire au pĂšre pris comme idĂ©al se transforme en une attitude hostile contre le pĂšre, puis va plus tard Ă©voluer en une identification secondaire au pĂšre en tant qu’homme de la mĂšre. L’obstacle est en fait double puisque l’immaturitĂ© et l’impuissance de l’enfant entrent Ă©galement en ligne de compte, par-delĂ  l’existence du pĂšre comme personne. L’ƒdipe nĂ©gatif, concomitant Ă  l’ƒdipe positif que nous venons de dĂ©crire, renvoie Ă  l’attachement tendre envers le parent du mĂȘme voit donc que, contrairement aux idĂ©es reçues qui insistent pour l’enfant garçon sur l’attachement Ă  la mĂšre et la haine envers le pĂšre, celui-ci, le pĂšre, est le personnage principal de l’ƒdipe masculin. En effet, l’ƒdipe s’élabore au grĂ© des fluctuations du rapport du garçon Ă  son pĂšre Nasio, 1994 mĂ©lange de tendresse pour l’idĂ©al, d’hostilitĂ© pour l’intrus et d’envie pour l’homme qui possĂšde les attributs. Les enjeux s’intensifient et finissent par se dĂ©nouer autour d’un affect spĂ©cifique l’angoisse de castration. Pour le garçon, la crainte d’une rĂ©torsion de la part du pĂšre l’amĂšne Ă  renoncer Ă  sa mĂšre comme objet cĂŽtĂ© de la fille, par-delĂ  l’envie du pĂ©nis qui se construit Ă  partir de sa dĂ©ception de n’avoir pas Ă©tĂ© pourvue de phallus, on retrouve aussi un affect d’angoisse Freud rajoute plus tard ce complĂ©ment Ă  sa thĂ©orie de la castration celle de perdre non le pĂ©nis/phallus qu’elle n’a jamais eu cet autre “phallus” inestimable qui est l’amour venant de l’objet aimĂ© » Nasio, 1994. L’envie du pĂ©nis et l’angoisse de perdre l’amour dĂ©termineront chez la fille la rĂ©solution de l’ s’est donc beaucoup attardĂ© au dĂ©tail du processus Ɠdipien, faisant de l’ƒdipe un moment dĂ©veloppemental mais aussi un processus ayant une valeur organisatrice puisqu’il participe Ă  la structuration du psychisme l’ƒdipe ne disparaĂźt pas, il se rĂ©sout. Ce qui signifie que les conflits s’apaisent, en particulier par le biais des identifications Ɠdipiennes et de la formation du Surmoi. Pour Freud, le pĂšre n’est donc pas seulement un personnage d’un scĂ©nario rĂ©el et fantasmatique mais exerce aussi une fonction psychique il constitue l’élĂ©ment essentiel organisateur du psychisme R. Perron et M. Perron-Borelli, 1994. La prĂ©sence structurante d’un complexe d’ƒdipe devient l’indice que la personnalitĂ© de l’enfant a atteint un certain degrĂ© d’organisation V. J. MĂ€chtlinger, 1981.On ne retrouve rien chez Freud qui renvoie au pĂšre comme personne ou comme objet rĂ©el, conformĂ©ment Ă  l’objet de la psychanalyse concernant la dimension des reprĂ©sentations et du fantasme. Le pĂšre se limite pour Freud Ă  une figure Ɠdipienne et avant cette phase phallique-Ɠdipienne il n’y a pas de pĂšre pour l’enfant en tant qu’agent spĂ©cifique et diffĂ©renciĂ© de la mĂšre. Le registre préƓdipien de l’enfant appartient Ă  la mĂšre, l’accent Ă©tant mis sur une phase fusionnelle puis une dualitĂ© mĂšre/enfant, le pĂšre restant extĂ©rieur Ă  ce duo. Les psychanalystes contemporains de Freud et ceux de la gĂ©nĂ©ration suivante ont peu remis en question cette façon lĂ  de voir le pĂšre, d’autant plus qu’elle s’articulait parfaitement Ă  la reprĂ©sentation sociale et familiale du pĂšre de l’époque. On peut dire que cette vision d’un pĂšre patriarche et extĂ©rieur au duo mĂšre/enfant de la petite enfance a Ă©tĂ© centrale pendant les deux tiers du xxe Lacan et la mĂšre la contribution de la mĂšre Ă  la fonction du pĂšre Lacan propose une rĂ©flexion inĂ©dite » sur la structure des fonctions du pĂšre et leur intervention dans le psychisme humain Nasio, 1994. Dans le souci de dĂ©finir au plus prĂšs ce qu’il en est de la fonction Ɠdipienne sans la rĂ©duire au conflit Ɠdipien imaginaire, il met de cĂŽtĂ© la reprĂ©sentation triangulaire pĂšre/mĂšre/enfant au profit du concept de mĂ©taphore paternelle » R. Chemama, 1993. Il s’agit lĂ  d’une conception de la fonction du pĂšre dans le complexe d’ƒdipe destinĂ©e Ă  Ă©viter certains Ă©cueils thĂ©oriques rencontrĂ©s par Freud et ses successeurs, comme par exemple celui de savoir comment le pĂšre devient porteur de la loi C. ContĂ©, 1993. Lacan en fait une loi symbolique portĂ©e par le discours via le Nom-du-PĂšre, signifiant dont l’effet symbolique renvoie Ă  la fonction vouloir entrer dans les dĂ©tails de cette façon de concevoir la fonction symbolique du pĂšre comme une structure de langage permettant la structuration du sujet, nous tenterons cependant de souligner certains comprendre, il faut revenir Ă  ce qui se joue au plan fantasmatique pour l’enfant dans sa relation Ă  la mĂšre. La mĂšre satisfait ses besoins mais pas toujours, elle est prĂ©sente mais pas toujours
 il y a une alternance de prĂ©sence et d’absence, un Ă©cart par rapport au besoin, qui questionne l’enfant. Il se demande que suis-je pour elle ? » mais aussi que veut-elle ? », il repĂšre qu’elle dĂ©sire autre chose que ce qu’il reprĂ©sente. Comme l’écrit P. Julien 1992, la rĂ©ponse vient de la mĂšre elle va signifier quelque chose du manque en elle et que l’objet de ce manque est hors d’elle ». Et il ne s’agit pas non plus de dĂ©signer ce qui pourrait venir combler ce manque mais bien de transmettre une reprĂ©sentation d’elle-mĂȘme comme manquante. C’est en transmettant l’idĂ©e que pour elle le manque existe et qu’il est reconnu comme tel, que la mĂšre amĂ©nage une place tierce entre elle et son enfant. Le phallus, c’est la signification de son manque Ă  elle, il renvoie Ă  une place dans une structure symbolique, celle du Nom-du-PĂšre P. Julien, 1992. Ainsi le pĂšre comme Nom vient de la pĂšre rĂ©el, c’est celui qui vient occuper cette place, Ă  la maniĂšre d’un fauteuil libre pour reprendre la mĂ©taphore de P. Julien 1992 Il faut un fauteuil avant de s’y asseoir ! ». Il peut l’occuper Ă  sa maniĂšre, et non en exĂ©cutant des tĂąches dictĂ©es par la mĂšre. Mais c’est aussi l’existence d’une conjugalitĂ© entre ce pĂšre rĂ©el et la mĂšre qui garantit le symbolique de la fonction paternelle. Le dĂ©sir de la mĂšre tournĂ© vers le pĂšre a une fonction sĂ©paratrice entre la mĂšre et l’enfant. La question Que veut la mĂšre ? » et Qu’est-ce qui manque Ă  la mĂšre pour qu’elle soit satisfaite ? » amĂšne l’enfant du cĂŽtĂ© du pĂšre Qu’est-ce que le pĂšre a ou est pour ainsi satisfaire la mĂšre ? » On voit comment les deux questions Ă©nigmatiques de la psychanalyse sont reliĂ©es Qu’est-ce qu’un pĂšre ? » et Que veut la femme ? ». TrĂšs tĂŽt, l’enfant est pris par ces questions dont le mĂ»rissement l’amĂšne au symbolique de la fonction du pĂšre, vers une issue structurante de l’ 1990 rĂ©sume bien la double origine de la fonction du pĂšre, du point de vue lacanien, en deux conditions pour qu’elle soit opĂ©rante pour l’enfant – une condition nĂ©cessaire mais non suffisante consiste en ce que la mĂšre investisse psychiquement la place du tiers pour son enfant, qu’il y ait un Ă©cart, une place tierce entre elle et l’enfant. En d’autres termes, qu’elle exerce sa fonction parentale de façon croisĂ©e en rĂ©fĂ©rence Ă  un autre et non de façon duelle Durif-Varembont, 1992 ;– La fonction paternelle doit ĂȘtre incarnĂ©e un homme en gĂ©nĂ©ral dĂ©signĂ© par la mĂšre le pĂšre biologique, un autre conjoint ou un substitut paternel accepte et dĂ©sire jouer un rĂŽle de pĂšre pour l’enfant, investissant l’enfant d’un amour Ă  la fois narcissique et objectal dĂ©sir de paternitĂ© chez cet homme.Quant au pĂšre imaginaire, c’est cette image forte et puissante que l’enfant se donne du pĂšre pour faire le poids face au dĂ©sir de la mĂšre P. Julien, 1992. C’est une façon pour lui de se protĂ©ger narcissiquement face Ă  l’insatisfaction de la mĂšre ; il dote le pĂšre de ce phallus qui manque Ă  la mĂšre et ainsi se dĂ©gage de cette mission de la combler. Cependant, il va falloir Ă  un moment faire le deuil de ce pĂšre idĂ©al, et les manques du pĂšre rĂ©el permettront ce la thĂ©orie lacanienne, le phallus est le signifiant du manque, c’est donc ce vers quoi, s’oriente le dĂ©sir de la mĂšre dĂ©gageant ainsi l’enfant d’une captation narcissique, mais le laissant souffrant de rĂ©aliser qu’il n’est pas le phallus de sa mĂšre. La reconnaissance et le dĂ©passement de cette souffrance amĂšne Ă  la symbolisation de la castration dĂ©finie comme la perte de l’objet parfaitement satisfaisant et adaptĂ© Nasio, 1994. Ainsi, dans sa façon de thĂ©oriser l’ƒdipe, Lacan va plus loin que Freud sur la question de la castration l’ƒdipe n’est pas seulement un conflit imaginaire mais il permet la symbolisation de la castration, qui Ă  son tour permet l’entrĂ©e dans le monde en revenir au signifiant phallique, c’est le signifiant du Nom-du-PĂšre qui vient s’y substituer dans la parole de la mĂšre. Le Nom-du-PĂšre c’est la fonction symbolique paternelle, le principe efficace de l’ƒdipe R. Chemama, 1993. Ainsi, si l’on reprend les diffĂ©rents personnages du complexe d’ƒdipe, le pĂšre vient trianguler la relation mĂšre/enfant et il le fait avec une portĂ©e symbolique dans la mesure oĂč ce triangle vient reprĂ©senter un autre triangle qui est le suivant phallus/mĂšre/enfant. La contribution de la mĂšre au symbolique de la fonction paternelle a Ă©tĂ© soulignĂ©e plus on peut constater combien Lacan met l’accent sur la dimension symbolique du pĂšre, mĂȘme s’il thĂ©orise Ă©galement un pĂšre imaginaire et un pĂšre rĂ©el qui, soulignons-le, restent au service de ce pĂšre rĂ©sumĂ©, l’apport de Lacan concernant la figure du pĂšre pourrait se rĂ©sumer aux points suivants avec l’élaboration du concept de pĂšre symbolique, il a bien dĂ©gagĂ© l’idĂ©e du pĂšre comme fonction psychique, qui dĂ©passe la dimension de pĂšre comme personne rĂ©elle ;le fait que cette fonction psychique ait un effet structurant vision structuraliste de la psychanalyse fait de cette figure du pĂšre un organisateur psychique J. Dor, 1998 et pas seulement un personnage fantasmatique ;la mise en Ă©vidence d’une contribution de la mĂšre Ă  la fonction symbolique du que dire de la thĂ©orie du pĂšre d’aprĂšs Lacan L’accent mis sur la dimension symbolique de la fonction du pĂšre peut faire oublier que le pĂšre est aussi un objet pulsionnellement investi B. Brusset, 1992, pas seulement une pure abstraction signifiante. Dit autrement, c’est toute l’expĂ©rience individuelle qui est mise de cĂŽtĂ© par la conception structuraliste du pĂšre P. Malrieu, 2001.Cet accent mis sur le symbolique dĂ©rive par moments vers une sacralisation du pĂšre symbolique et de la parole de la mĂšre la place et le rĂŽle du pĂšre deviennent subordonnĂ©s au mode d’introduction du pĂšre auprĂšs de l’enfant par la mĂšre C. Castelain-Meunier, 2001. En considĂ©rant que la parole de la mĂšre peut suffire, comme cela a pu ĂȘtre Ă©crit Ă  une certaine Ă©poque A. Naouri, 1995, ne revient-on pas subtilement Ă  une exclusion du pĂšre et Ă  la croyance en une mĂšre toute-puissante ?Lacan conçoit la fonction du pĂšre comme immĂ©diate, dont la structure est donnĂ©e d’emblĂ©e. N’y a-t-il pas lieu de penser, avec B. Golse 2006, qu’il pourrait y avoir une co-construction de la place du tiers par la mĂšre et le bĂ©bĂ© » renvoyant Ă  une vision de la structure comme s’établissant progressivement et par le biais des relations, vision s’opposant Ă  celle d’une structure toujours-dĂ©jĂ -lĂ  et immĂ©diatement efficiente ».Enfin, la fonction du pĂšre doit-elle se rĂ©sumer Ă  l’interdiction Ă  la mĂšre de faire de son enfant un substitut phallique ? Dire que le pĂšre » castre la mĂšre de son enfant ne signifie pas ipso facto qu’il n’assume que cette fonction, des fonctions de liaisons Ă©tant Ă©galement possible dans le mĂȘme temps » B. Golse, 2006.Il faut cependant reconnaĂźtre que les thĂ©orisations de Lacan ont permis, d’une part, d’organiser les diffĂ©rents discours sur le pĂšre et constituent, d’autre part, une Ă©tape vers une comprĂ©hension plus nuancĂ©e de la fonction du pĂšre. En effet, cette conceptualisation de la question du pĂšre Ă  l’aide des diffĂ©rents registres de la topographie psychique RĂ©el-Symbolique-Imaginaire R-S-I permet de mettre un peu d’ordre dans les diffĂ©rents discours sur le pĂšre. La majoritĂ© des rĂ©actions passionnelles qu’il y a pu avoir rĂ©sultait souvent de malentendus issus d’une confusion entre ces diffĂ©rents ces trois registres permettent de mettre en Ă©vidence combien la fonction symbolique du pĂšre n’est pas uniquement assumĂ©e par le pĂšre comme personne le pĂšre rĂ©el et sa conjugalitĂ© assumĂ©e, mais aussi par la mĂšre le Nom-du-PĂšre vĂ©hiculĂ© par son discours et permettant l’instauration d’une place tierce et par l’enfant dans sa façon de faire le deuil d’un pĂšre idĂ©al, pĂšre imaginaire.Melanie Klein, les postkleiniens et l’enfant — L’ƒdipe prĂ©coce et le fantasme des parents combinĂ©s Avec Melanie Klein 1928, on aborde le complexe d’ƒdipe Ă  des stades prĂ©coces du dĂ©veloppement de l’enfant par rapport Ă  ce que Freud en a dit. Et surtout, l’angle qui est pris pour aborder cette Ă©tape, ce processus puisqu’il s’inscrit dans le temps, est celui de l’enfant face aux parents comme couple. Avec une insistance sur ce que l’enfant vit intĂ©rieurement, consciemment et inconsciemment, face Ă  ce couple le fantasme des parents le fantasme de parents combinĂ©s reprĂ©sente la version prĂ©coce du complexe d’ƒdipe fantasme mettant en scĂšne la relation entre les parents dans un scĂ©nario de scĂšne primitive, pĂšre et mĂšre renvoyant aux objets internes de l’enfant imago parentaux intĂ©riorisĂ©s et non aux parents de la rĂ©alitĂ©. Rappelons combien Melanie Klein 1921-1945 fait fi des objets rĂ©els, ses constructions thĂ©oriques ne renvoyant qu’à la scĂšne c’est avec beaucoup de nuance qu’elle nous permet de comprendre un aspect fondamental de l’ƒdipe les sentiments d’envie et d’exclusion que l’enfant vit face au couple parental. La situation Ɠdipienne renvoie pour M. Klein Ă  l’expĂ©rience de la relation parentale intĂ©riorisĂ©e. Pour la premiĂšre fois, il est question de la relation de l’enfant Ă  la relation existant entre ses parents, avec une importance tout aussi grande que la relation que l’enfant Ă©labore avec chacun de ses parents, pĂšre et mĂšre. L’enfant rĂ©alise que ses parents ont entre eux une relation indĂ©pendante de lui. Il Ă©labore des fantasmes concernant ce qu’ils font ensemble, avec comme toile de fond tout le bon qu’ils peuvent s’échanger entre eux, en dehors de lui quels que soient les registres, prĂ©gĂ©nitaux et gĂ©nitaux. Sur cette toile de fond, M. Klein met en Ă©vidence chez l’enfant des sentiments potentiellement douloureux d’envie et d’exclusion L. J. Brown, 2002 mais aussi des sentiments de perte et de privation dont la maturation caractĂ©rise la position les perspectives kleiniennes lient de prĂšs les situations triangulaires prĂ©coces Ă  des expĂ©riences de pertes chez le petit enfant. Dans les Ă©tapes d’ƒdipe prĂ©coce, le vĂ©cu de perte est colorĂ© d’une exclusion douloureuse d’un couple parental perçu comme nourrissant l’un pour l’autre gratifications orales et plus tard, avec la maturation des conflits phalliques complexe d’ƒdipe classique, perçu comme un couple sexuel et romantique. Le fantasme des parents combinĂ©s semble correspondre Ă  une tentative chez l’enfant de mettre en forme toute l’angoisse vĂ©cue face au couple parental et Ă  la relation qui unit ce couple tout en l’excluant. Une relation qu’il veut Ă  la fois dĂ©truire et introduit plusieurs idĂ©es nouvelles par rapport Ă  Freud d’une part la mise en Ă©vidence d’une fonction psychique de la conjugalitĂ© des parents, et non plus seulement d’une fonction psychique du pĂšre S. Freud ou d’une fonction de la mĂšre comme contribution Ă  celle du pĂšre J. Lacan. Et d’autre part, idĂ©e qui va ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e par d’autres auteurs ensuite dans le sillon de la psychologie dĂ©veloppementale une remise en question de la coupure entre les temps archaĂŻques de la mĂšre et les temps Ɠdipiens du pĂšre J. Le Camus, 2001, avec l’idĂ©e que le triangle pĂšre/mĂšre/enfant est prĂ©sent trĂšs prĂ©cocement comme objet interne pour l’enfant dans son dĂ©veloppement. Ce serait dans la deuxiĂšme partie de la premiĂšre annĂ©e que l’enfant entrerait dans un univers triangulĂ© et que ces expĂ©riences de triangulation seraient intĂ©riorisĂ©es L. J. Brown, 2002, de lĂ  le terme d’ƒdipe prĂ©coce. PrĂ©mices des thĂ©ories qui seront Ă©laborĂ©es plus tard sur les triangulations prĂ©coces.— L’utilisation psychique du pĂšre par l’enfant Les auteurs postkleiniens comme D. Meltzer I. Krymko-Bleton, 1990, en prĂ©cisant l’utilisation que l’enfant fait de son pĂšre au plan psychique pour construire son appareil psychique, mettent en Ă©vidence combien l’enfant n’est pas seulement en position de subir une situation triangulĂ©e avec son cortĂšge de sentiments de perte, de privation et d’exclusion. Il est en partie actif dans ce triangle par la possibilitĂ© qu’il a d’ĂȘtre acteur dans la construction de son fonctionnement effet, dans le contexte de la relation Ă  la mĂšre, l’enfant projette sur le pĂšre les aspects angoissants de la relation mĂšre/enfant, ce qui les protĂšge tous deux d’un torrent d’identification projective rĂ©ciproque. En prenant sur lui la haine et l’angoisse de l’enfant, le pĂšre est le protecteur de la relation mĂšre/enfant on retrouve ici la fonction de liaison et de rĂ©paration dĂ©crite par B. Golse 2006 et qui s’exercerait par le pĂšre dans le mĂȘme temps qu’une fonction de l’acceptation par l’enfant de la rĂ©alitĂ© du pĂšre et du couple Ɠdipien au moment du dĂ©ploiement de la position dĂ©pressive lui permet la crĂ©ation d’un espace mental en s’étayant sur un troisiĂšme espace dans lequel la pensĂ©e et la symbolisation peuvent se dĂ©velopper. Le couple intĂ©riorisĂ© peut avoir une valence positive ou nĂ©gative aimant et crĂ©atif ou bien hostile ou rejetant R. Britton, 1989, ce qui ne donnera pas les mĂȘmes capacitĂ©s rĂ©flĂ©chissantes au sein de l’appareil le mĂȘme ordre d’idĂ©e, L. J. Brown 2002 souligne ce que l’on peut considĂ©rer comme les prĂ©mices d’une vision systĂ©mique de l’espace tiers lorsque la relation dyadique Ă  la mĂšre est bonne, elle produit un tiers bienveillant ; lorsqu’elle est mauvaise, elle produit un tiers perturbateur voire persĂ©cuteur. Le fait que le tiers construit soit bon ou mauvais ne dĂ©pend donc pas seulement du pĂšre, objet rĂ©el ou objet interne la qualitĂ© de la relation mĂšre/enfant joue un rĂŽle significatif. On ne peut manquer de relever, chez les postkleiniens, la place centrale de la relation mĂšre/enfant dans la construction du tiers, ce qui pourrait se rapprocher de l’idĂ©e dĂ©veloppĂ©e par Lacan d’une contribution maternelle essentielle Ă  l’instauration de cet espace sur cette derniĂšre idĂ©e que l’on peut se permettre de briĂšvement citer D. W. Winnicott 1957 puisqu’il va dans le sens de cette conception du tiers Ă©mergeant du lien Ă  la mĂšre tout en introduisant l’idĂ©e d’un pĂšre prĂ©sent dans la pensĂ©e de la mĂšre [
] et il faut Ă©galement prendre en considĂ©ration bien des choses qui ont affaire avec l’image du pĂšre et son destin dans la rĂ©alitĂ© intĂ©rieure de la mĂšre ». Cependant, mĂȘme si D. W. Winnicott est l’un des premiers Ă  parler de la spĂ©cificitĂ© du pĂšre dans ses fonctions auprĂšs de l’enfant, il le maintient dans une position satellite par rapport Ă  celle de la mĂšre dans la relation pĂšre/enfant, la mĂ©diatisation par la mĂšre reste psychanalystes contemporains et les triangulations prĂ©coces le pĂšre dans la pensĂ©e de la mĂšre Les thĂ©ories kleiniennes et postkleiniennes nous ont permis de tourner notre regard du cĂŽtĂ© du point de vue de l’enfant concernant la question du pĂšre. Et l’on voit comment la relation mĂšre/enfant reste toujours prĂ©sente en filigrane elle sert de contexte Ă  la relation pĂšre/ ce chemin vers le point de vue de l’enfant, nous trouvons important d’évoquer les diffĂ©rents auteurs qui ont parlĂ© de triangulations prĂ©coces parce que, comme l’écrit B. Golse 2001, avant d’avoir accĂšs Ă  son pĂšre comme objet global, le bĂ©bĂ© va ĂȘtre confrontĂ© Ă  une tiercĂ©itĂ© beaucoup plus partielle ». Les thĂ©ories sur les triangulations prĂ©coces renvoient Ă  ces tiercĂ©itĂ©s prĂ©coces » B. Golse, 2001 en rappelant que la rencontre pĂšre/enfant se prĂ©pare d’abord dans la tĂȘte de la avec la censure de l’amante », D. Braunschweig et M. Fain 1975 soulignent le mouvement de la mĂšre qui rĂ©investit libidinalement le pĂšre aprĂšs l’avĂšnement du bĂ©bĂ© ce faisant, elle situe un ailleurs pour l’enfant, qui jouera un rĂŽle essentiel pour l’ƒdipe de celui-ci. Du cĂŽtĂ© de la mĂšre, le pĂšre comme amant protĂšge l’enfant d’une captation exclusive et instaure un processus de distanciation. Du cĂŽtĂ© de l’enfant, c’est le moment crucial dont parle R. Diatkine 1994 quand, Ă  propos de sa mĂšre absente, le bĂ©bĂ© devient capable de penser que si elle n’est pas lĂ , c’est qu’elle est ailleurs » B. Golse, 2006.On retrouve cette idĂ©e chez A. Green 1990, mais de façon plus gĂ©nĂ©rale, avec le concept de l’autre de l’objet » dans sa thĂ©orie de la triangulation gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  tiers substituable il y a dans l’objet autre chose que lui-mĂȘme comme sujet. De ce fait, ĂȘtre en lien avec l’objet c’est aussi ĂȘtre en lien avec d’autres objets liĂ©s Ă  cet objet, qui se retrouvent donc en position de R. Perron et M. Perron-Borelli 1994 Ă©voquent la rĂ©interprĂ©tation de l’angoisse de l’étranger par C. Leguen comme un autre exemple de triangulation prĂ©coce. L’étranger est ce non mĂšre qui cause l’absence et la perte de la mĂšre L’étranger devient la cause de l’insatisfaction et de la frustration et de ce fait mĂȘme dĂ©signe la mĂšre comme objet du dĂ©sir ».Soulignons Ă  propos de ces triangulations prĂ©coces que le tiers n’est pas constamment dans un rĂŽle de sĂ©parateur il a une oscillation entre des aspects de tiers sĂ©parateur et de tiers rĂ©parateur. Classiquement dĂ©crit dans ses fonctions de diffĂ©rentiateur face Ă  la dyade mĂšre/enfant, le pĂšre a Ă©galement et de façon concomitante des fonctions de protection, de liaison et de rĂ©paration face Ă  cette mĂȘme dyade B. Golse, 2006. La triangulation, prĂ©sente trĂšs prĂ©cocement, est conceptualisĂ©e par cet auteur comme la co-construction de la dyade mĂšre/enfant d’ un espace tiers Ă  vocation paternelle ». Un espace tiers ouvrant la porte Ă  toute sorte de tiers, dont le pĂšre qui aura la tĂąche de se signifier comme tiers le registre des triangulations prĂ©coces nous situe en deçà de l’ƒdipe avec la question de ses origines et de ses fondements, il faut cependant faire un pas de cĂŽtĂ© par rapport Ă  une conception sĂ©quentielle dans le temps faisant succĂ©der aux relations dyadiques, les relations triangulĂ©es. En effet, chacune de ces thĂ©ories amĂšne l’idĂ©e que, dans le mĂȘme temps oĂč la relation Ă  deux se construit, le tiers est dĂ©jĂ  prĂ©sent. Alors, face Ă  cette question dont la formulation apparaĂźt maintenant dĂ©modĂ©e comment vient-on Ă  ĂȘtre deux pour ensuite ĂȘtre trois ? » R. Perron et M. Perron-Borelli, 1994, il faut probablement sortir d’une logique linĂ©aire, Ă  la fois dans le temps mais aussi par rapport aux personnages impliquĂ©s pĂšre, mĂšre et bĂ©bĂ©.Pour finir ce chapitre qui propose qu’il faut d’abord se pencher sur la psychĂ© maternelle pour y dĂ©couvrir les prĂ©curseurs du pĂšre idĂ©e qu’il faudra confronter Ă  celle des recherches empiriques prĂŽnant l’existence de prĂ©curseurs interactionnels chez le bĂ©bĂ©, mĂȘme ĂągĂ© de 1 mois, nous souhaiterions ouvrir sur deux points — Que la mĂšre ait le pĂšre en tĂȘte c’est une chose, reste Ă  savoir comment » B. Golse, 2001. Il faut alors, dans un deuxiĂšme temps, se demander de quelle façon s’amĂ©nagent reprĂ©sentations du pĂšre et place pour le pĂšre chez la mĂšre par-delĂ  la question de la prĂ©sence/absence de prĂ©curseurs chez la mĂšre, il y a la question de la nature et de la qualitĂ© de ces prĂ©curseurs.— Par ailleurs, n’y a-t-il pas aussi du cĂŽtĂ© de l’enfant des prĂ©curseurs permettant au pĂšre de venir progressivement s’inscrire dans l’univers de son enfant ? Compte tenu de l’immaturitĂ© du psychisme du bĂ©bĂ©, ces prĂ©curseurs ne sont pas du cĂŽtĂ© des reprĂ©sentations qui viendront plus tard dans le dĂ©veloppement, mais du cĂŽtĂ© du comportement et plus prĂ©cisĂ©ment du cĂŽtĂ© de l’interaction. Ainsi, et nous le verrons plus en dĂ©tail dans la derniĂšre partie de cet article recherches empiriques sur les triangulations interactionnelles, les capacitĂ©s prĂ©coces du bĂ©bĂ© dĂšs les premiers mois de vie Ă  Ă©tablir des interactions triadiques sont Ă  comprendre comme des prĂ©curseurs du tiers puis plus spĂ©cifiquement du ayant alors une partition Ă  jouer pour s’acheminer vers le scĂ©nario de l’ psychanalyse dĂ©veloppementale et l’élaboration des fonctions préƓdipiennes du pĂšre — Le dĂ©bat concernant l’observation directe et la psychanalyse Nous voulons aborder ici tout un ensemble de thĂ©ories qui se sont essentiellement dĂ©veloppĂ©es dans le monde anglo-saxon États-Unis et Angleterre et qui apportent une contribution significative en ce qui concerne les fonctions du pĂšre, en particulier Ă  la pĂ©riode préƓdipienne. Il s’agit de la psychanalyse dĂ©veloppementale qui se dĂ©finit comme un courant psychanalytique et non psychologique qui, avec les donnĂ©es issues de consultations cliniques avec les enfants et le matĂ©riel issu de cures d’adultes permettant une reconstruction de l’enfant bĂ©bĂ© reconstruit, a intĂ©grĂ© des donnĂ©es provenant de l’observation directe d’enfants prĂ©verbaux bĂ©bĂ© rĂ©el.Nous n’entrerons pas en dĂ©tail dans le dĂ©bat qui a fait rage et qui a connu des Ă©pisodes successifs concernant la valeur et la rigueur des donnĂ©es issues de l’observation versus la valeur et la rigueur des donnĂ©es issues de la clinique psychanalytique adulte. Il reprend celui qui a eu lieu en son temps sur la psychanalyse d’enfants et qui questionnait si les productions non verbales de l’enfant telles que les jeux et les dessins pouvaient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme du matĂ©riel interprĂ©table B. Cramer, 1979.Quelques points d’argumentation apportĂ©s par A. Green P. Chaussecourte, 2006 dans ce dĂ©bat mĂ©ritent tout de mĂȘme d’ĂȘtre rapportĂ©s afin d’enrichir notre rĂ©flexion sur le dialogue que nous cherchons Ă  installer entre ces diffĂ©rents champs thĂ©oriques. Ces points peuvent nous servir de balises dans l’idĂ©e d’un cadre Ă  installer pour se permettre des ponts interdisciplinaires », des passerelles Ă©pistĂ©mologiques » J. Le Camus, 2001. Ainsi peut-ĂȘtre faut-il effectivement garder en mĂ©moire que l’observateur avec son univers psychique conscient et inconscient a un impact sur l’observation elle-mĂȘme. C’est ce que l’observation psychanalytique avec la mĂ©thode d’Esther Bick 1964 tente d’encadrer tout en l’utilisant, Ă  la diffĂ©rence de l’observation expĂ©rimentale se situant plus dans une dĂ©marche de recherche de preuves. Cette logique de recherche de preuves constitue une forme d’impasse car effectivement, comment faire la diffĂ©rence entre les observations et les spĂ©culations sur les processus internes V. J. MĂ€chtilinger, 1981, entre l’observation et la construction fantasmatique du chercheur face aux interactions mĂšre/bĂ©bĂ© par exemple A. Green, 1992 ? Enfin, Green nous met en garde contre le pouvoir de sĂ©duction du modĂšle de l’enfant comme voie d’information en opposition avec le modĂšle du rĂȘve, de la psychanalyse vĂ©hiculant l’illusion de remonter le temps en deçà de la remĂ©moration et de saisir l’inconscient Ă  l’état brut, le plus infantile Ă©tant identifiĂ© au plus inconscient » P. Chaussecourte, 2006.Toujours est-il que, quels que soient le saut Ă©pistĂ©mologique que cela suppose et l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des donnĂ©es Ă  laquelle il faut faire face, nous pensons comme Y. Gauthier 1991 que, non seulement on ne peut pas ignorer les travaux de nature interactionnelle et expĂ©rimentale mais qu’en plus, ils ne s’opposent pas aux hypothĂšses psychanalytiques basĂ©es sur la reconstruction Les observations viennent confirmer certaines intuitions et hypothĂšses devenues essentielles Ă  la thĂ©orie psychanalytique. »Enfin, R. Prat P. Chaussecourte, 2006 nous rappelle comment Freud lui-mĂȘme cherchait une validation directe par l’observation de ses hypothĂšses sur la sexualitĂ© infantile il demandait Ă  ses disciples d’observer les enfants de leur entourage On est aujourd’hui obligatoirement plus modeste et, plus que de dĂ©monstration, il me semble que l’on peut parler d’illustration. Mais l’étayage sur des observations directes semble toujours une nĂ©cessitĂ©. Ainsi on peut dire que la psychanalyse se forge dans une dialectique permanente entre ses propositions thĂ©oriques et ses donnĂ©es observables, qu’elles soient directes ou indirectes dans l’abord thĂ©rapeutique. » Pour R. Prat, mĂȘme s’ils les comportements n’ont pas pour l’enfant une valeur symbolique, dans le sens cognitif du terme, ils sont nĂ©anmoins considĂ©rĂ©s comme porteur de sens, signes apparents de mouvements pulsionnels inconscients et d’angoisses primitives et, en ce sens, interprĂ©tables conformĂ©ment Ă  la mĂ©thode psychanalytique ». Ce qui rejoint la question de B. Cramer 1979 Quelle ouverture vers l’inconscient peut amener la lecture du comportement ? »À l’image du dĂ©bat bĂ©bĂ© rĂ©el/bĂ©bĂ© reconstruit, nous avons l’équivalent du cĂŽtĂ© du pĂšre pĂšre rĂ©el/pĂšre reconstruit B. Golse, 2006. C’est-Ă -dire un pĂšre observĂ© dans ses interactions avec son enfant et un pĂšre reconstruit Ă  partir du matĂ©riel de cure analytique d’adulte reconstruction du pĂšre Ă  partir des reprĂ©sentations que l’enfant que nous avons Ă©tĂ© s’est forgĂ©.— Les fonctions préƓdipiennes du pĂšre dans la conception d’un pĂšre mĂ©diatisĂ© par la mĂšre Les psychanalystes qui travaillent avec les enfants, du fait qu’ils aient accĂšs dans leur pratique Ă  la fois au pĂšre rĂ©el et au pĂšre fantasmatique, sont moins enclins Ă  soutenir cette vision unifocale d’un pĂšre punitif, effrayant et castrateur correspondant aux aspects fantasmatiques du pĂšre Ɠdipien V. J. MĂ€chtilinger, 1981. C’est d’ailleurs par des psychanalystes d’enfants que la voie de l’enrichissement mutuel de la psychanalyse et de l’observation directe de jeunes enfants a Ă©tĂ© initiĂ©e A. Freud, R. Spitz et J. Bowlby Y. Gauthier, 1991.Ainsi, des analystes comme M. Mahler et E. Abelin S. J. Liebman et S. C. Abell, 2000 attirent l’attention sur l’importance de la relation prĂ©coce pĂšre/enfant. Le pĂšre est alors conceptualisĂ© comme un facilitateur du processus de sĂ©paration-individuation qui se dĂ©roule au sein de la relation mĂšre/enfant. La position d’extĂ©rioritĂ© du pĂšre par rapport Ă  la dyade mĂšre/enfant permettrait Ă  l’enfant de vivre la relation Ă  son pĂšre comme non-ambivalente mais aussi soutenante car s’offrant comme une alternative face au monde symbiotique de la mĂšre, prĂ©sentant plus de risque d’engloutissement et de rĂ©gression. Le pĂšre constituerait la preuve vivante qu’il est possible d’avoir une relation d’intimitĂ© avec la mĂšre tout en prĂ©servant sa propre autonomie. ReprĂ©sentant du monde extĂ©rieur M. Mahler, 1955, reprĂ©sentant non mĂšre E. L. Abelin, 1975, chevalier Ă  l’armure miroitante a knight in shining miror », M. Mahler, 1971, c’est un pĂšre protecteur et facilitateur qui nous est dĂ©crit lĂ , loin du pĂšre freudien interdicteur et castrateur. Un pĂšre qui est dĂ©crit comme prenant Ă©galement soin de l’enfant en rĂ©pondant aux besoins pulsionnels de la mĂšre et en rĂ©duisant l’anxiĂ©tĂ© maternelle S. J. Liebman et S. C. Abell, 2000. On retrouve ici le pĂšre thĂ©orisĂ© par D. W. Winnicott 1974, servant de contenant Ă  la dyade mĂšre/enfant en se proposant comme contenant, support et objet de gratification pour la mĂšre. On retrouve aussi ce que B. Golse 2006 dĂ©crit de la fonction paternelle de liaison et de protection du lien mĂšre/ il y a plus que servir la construction et la bonne Ă©volution du lien mĂšre/enfant dans le mandat préƓdipien du pĂšre. La psychanalyse dĂ©veloppementale souligne pour la premiĂšre fois les apports spĂ©cifiques du pĂšre c’est lĂ  sa part, d’autres auteurs de ce mĂȘme courant ont dĂ©crit de façon plus intrapsychique cette fonction soutenante du pĂšre pour l’enfant et ont ainsi mis en Ă©vidence son rĂŽle fondamental dans la construction et l’organisation du Moi de l’enfant. Ainsi pour H. Loewald 1951, le pĂšre joue un rĂŽle important dans le dĂ©veloppement du Moi en reprĂ©sentant le principe de rĂ©alitĂ© il soutient un travail d’organisation, de diffĂ©renciation et d’intĂ©gration pour que l’enfant puisse se libĂ©rer de la mĂšre. S. I. Greenspan 1982 dĂ©crit le pĂšre comme celui qui facilite la formation prĂ©coce de la personnalitĂ© stabilisation du Moi par l’épreuve de rĂ©alitĂ©, stabilisation de l’humeur, diffĂ©renciation soi/objet, rĂ©gulation de l’impulsivitĂ© et dĂ©veloppement de la part, le pĂšre est Ă©galement dĂ©crit comme celui qui contribue Ă  l’établissement de l’identitĂ© de genre de l’enfant et au contrĂŽle des pulsions dans le sens d’une autorĂ©gulation Ă©motionnelle. Du cĂŽtĂ© du pĂšre approuver et renforcer les dĂ©monstrations de comportement masculin de son garçon, avoir fiertĂ© et plaisir Ă  les constater P. Blos, 1984 permet Ă  l’enfant de se construire comme garçon, en mĂȘme temps que du cĂŽtĂ© de l’enfant il y a un travail d’identification au dĂ©sir du pĂšre pour la mĂšre E. L. Abelin, 1975 There must be an I, like him, wanting her », intĂ©riorisation d’une situation triangulaire.M. Herzog 1982, 1985 fait parti des auteurs qui se sont employĂ©s Ă  faire la dĂ©monstration du rĂŽle du pĂšre dans la modulation de l’agressivitĂ© au sens d’une capacitĂ© du Moi Ă  gĂ©rer et contrĂŽler les pulsions et affects agressifs. Le pĂšre est mĂȘme dĂ©crit par d’autres auteurs comme une zone tampon buffer zone, emotionnal buffer oĂč l’agressivitĂ© primaire pourrait ĂȘtre rĂ©expĂ©rimentĂ©e plus librement, dans la mesure oĂč le pĂšre offre Ă  l’enfant un espace neutre dans lequel la rage explosive peut-ĂȘtre montrĂ©e avec moins de crainte de reprĂ©sailles que dans le cadre de la relation Ă  la mĂšre, par nature plus symbiotique S. J. Liebman et S. C. Abell, 2000. Enfin, le lien conjugal des parents fonctionnerait comme un bouclier protecteur » J. M. Herzog, 1982 Ă  l’égard de l’enfant, ainsi protĂ©gĂ© des affects du monde adulte normalement destinĂ©s au terme de ce chapitre, nous comprenons deux choses qui semblent contradictoires mais qui probablement constituent un paradoxe, Ă  entendre comme paradoxe crĂ©atif. D’une part, aussi progressiste soit-il, le courant de pensĂ©e psychanalytique conçoit un pĂšre qui reste trĂšs mĂ©diatisĂ© par la mĂšre dans son rapport Ă  l’enfant. Et d’autre part, nous comprenons que c’est cette position d’extĂ©rioritĂ© du pĂšre qui confĂšre Ă  celui-ci des fonctions importantes pour l’enfant du point de vue de son dĂ©veloppement et diffĂ©rentes de celles qu’offre la mĂšre. Cette pĂ©riphĂ©rie ne doit donc pas se calculer en termes de perte mais comme permettant une diffĂ©rence et une complĂ©mentaritĂ© qui ne seraient pas possibles autrement c’est bien parce que le pĂšre est extĂ©rieur qu’il peut offrir Ă  l’enfant un champ relationnel diffĂ©rent par nature que celui de la mĂšre, et dans lequel il peut y exercer des fonctions complĂ©mentaires Ă  celles de la mĂšre mais aussi des fonctions paternelles spĂ©cifiques on retrouve ces idĂ©es dans les dĂ©couvertes de la psychologie du dĂ©veloppement.— Du risque a-pulsionnel au risque sur-pulsionnel, ou comment concilier les deux visions ? Avant de passer Ă  la psychologie expĂ©rimentale, Ă  la suite de tout ce que nous venons d’exposer concernant la psychanalyse dĂ©veloppementale essentiellement anglo-saxonne, nous aimerions faire une place Ă  la psychanalyse amĂ©ricaine États-Unis, non pas dans l’idĂ©e d’en faire un exposĂ© de ses diffĂ©rents courants, mais afin d’en souligner ce qu’elle a de diffĂ©rent et de spĂ©cifique sur la question de l’ƒdipe et des triangulations, par rapport Ă  la psychanalyse europĂ©enne premier lieu, L. J. Brown 2002 Ă©voque combien la psychanalyse amĂ©ricaine peut ĂȘtre extrĂȘmement conservatrice dans sa façon de concevoir le complexe d’ƒdipe, c’est-Ă -dire trĂšs attachĂ©e Ă  la vision de Freud. En particulier en ce qui concerne la conceptualisation sĂ©quentielle du dĂ©veloppement des relations triadiques survenant dans le temps et de façon bien dĂ©marquĂ©e, Ă  la suite des relations dyadiques. Ce qui a des consĂ©quences sur la façon de concevoir la psychopathologie et sur la façon de la traiter. Ainsi, les pathologies les plus lourdes seraient du ressort du monde des relations dyadiques et les considĂ©rations triangulĂ©es n’auraient pas lieu d’ĂȘtre Ă©voquĂ©es, tant dans la comprĂ©hension de ces pathologies que dans le traitement de celles-ci. Ce qui est discutable L. J. Brown, 2002 ; J. Cournut, 1997. L’accent privilĂ©giĂ© sur la relation primaire Ă  la mĂšre est alors justifiĂ© par le fait que la situation Ɠdipienne et son cortĂšge d’enjeux ne surviennent que tardivement dans le dĂ©veloppement de l’enfant et ne seraient donc que des avatars de la relation premiĂšre Ă  la mĂšre. J. Cournut 1997 met en garde contre cette dĂ©rive, qu’il Ă©voque comme classique chez les anglo-saxons dans cette mise Ă  l’écart des conflits Ɠdipiens [et il rappelle qu’il peut y avoir entre l’analyste et l’analysant une complicitĂ© pour l’esquive de l’ƒdipe et de la castration », un dĂ©ni inconscient partagĂ© »], c’est de la sexualitĂ© dont on se dĂ©barrasse conceptuellement pour montrer que le meilleur des mondes, c’est celui qui est sans pulsion ». Il dĂ©nonce Ă©galement la fascination qu’il y a chez tous les thĂ©rapeutes par ce qui est du ressort du primaire et de l’ ailleurs, nous remarquons que s’il y a chez les anglo-saxons une tendance gĂ©nĂ©rale Ă  mettre l’accent sur la relation dyadique et Ă  penser la clinique prĂ©fĂ©rentiellement en termes de dĂ©ficit et d’enjeux narcissiques, il y a semble-t-il chez les psychanalystes français une grille de lecture systĂ©matiquement Ɠdipienne et conflictuelle J. Cournut 1997 parle d’ oreilles franco-Ɠdipiennes ». On aurait envie de croire Ă  un impact de la culture sociale et familiale sur la pensĂ©e les europĂ©ens se montrant trĂšs axĂ©s sur les structures familiales et hiĂ©rarchiques avec leurs sĂ©rie de rĂšgles et de conventions l’accent sur les interdits appartenant Ă  une logique Ɠdipienne et les amĂ©ricains relevant d’une sociĂ©tĂ© prĂŽnant plus librement l’autonomie et la rĂ©alisation de l’individu l’accent sur le soi appartenant Ă  une logique plus narcissique. ne pensons pas qu’il faille opposer les deux tendances mais, bien saisir qu’il peut s’agir de visions diffĂ©rentes dont la complĂ©mentaritĂ© pourrait ĂȘtre envisagĂ©e ; l’écueil rĂ©sidant alors probablement dans l’éviction d’une vision au profit de l’ pouvons alors terminer sur ces idĂ©es que nous allons retrouver plus loin la triangulation c’est aussi la construction et l’inclusion Ă  cĂŽtĂ© de l’exclusion T. Vaughn Heineman, 2004, et un pĂšre a aussi des fonctions de rĂ©paration et de liaison Ă  cĂŽtĂ© de ses fonctions de sĂ©paration. B. Golse 2006, comme nous l’avons vu prĂ©cĂ©demment, l’exprime bien Que le pĂšre ait des fonctions de sĂ©paration et d’interdiction ne l’empĂȘche pas d’avoir, dans le mĂȘme temps nous qui soulignons, des fonctions de liaison. »Retenons que, de Freud aux thĂ©ories psychanalytiques contemporaines, la psychanalyse a proposĂ© au fil du temps des thĂ©ories en Ă©volution concernant le pĂšre et ses fonctions, et ceci en lien avec l’évolution des configurations et des pratiques familiales et en lien avec l’évolution de la reprĂ©sentation sociale du pĂšre. Ainsi le pĂšre n’a plus seulement une fonction de sĂ©paration et de diffĂ©renciation face Ă  la dyade mĂšre/enfant mais il a aussi des fonctions de liaison et de rĂ©paration. Par ailleurs, ces fonctions ne sont plus conceptualisĂ©es comme sĂ©quentielles dans le temps mais sont vues comme agissant on peut dire que la psychanalyse, mĂȘme la plus contemporaine, nous propose une reprĂ©sentation du pĂšre qui garde une position d’extĂ©rioritĂ© par rapport Ă  la dyade mĂšre/enfant. Ce qui nous paraĂźt cohĂ©rent avec l’importance accordĂ©e Ă  cette relation primaire et premiĂšre qui est celle de l’enfant avec sa mĂšre, et avec l’idĂ©e que le tiers se construit d’abord psychiquement et relationnellement au sein de cette dyade. Ceci Ă©tant dit, il nous paraĂźt nĂ©cessaire de souligner que cette façon d’attribuer au pĂšre une position d’extĂ©rioritĂ© n’empĂȘche pas de reconnaĂźtre la part du pĂšre dans le dĂ©veloppement psychique et relationnel de l’enfant et surtout que c’est cette position d’extĂ©rioritĂ© qui semble permettre au pĂšre d’avoir, pour son enfant, des fonctions diffĂ©rentes et complĂ©mentaires Ă  celles de la allons voir toutefois que, pour la psychologie du dĂ©veloppement, la spĂ©cificitĂ© des fonctions du pĂšre ainsi que la dimension de complĂ©mentaritĂ© par rapport aux fonctions de la mĂšre ne sont pas du tout expliquĂ©es de la mĂȘme façon. Puisant son matĂ©riel de rĂ©flexion, non pas dans la clinique mais dans l’expĂ©rimentation scientifique, elle nous amĂšne du cĂŽtĂ© d’un pĂšre moins pĂ©riphĂ©rique, moins dĂ©fini en fonction de la dyade mĂšre/enfant un pĂšre qui est dĂ©crit dans sa relation directe Ă  l’enfant et dans sa prĂ©sence directe Ă  l’ pĂšre du quotidien de la psychologie du dĂ©veloppement le pĂšre et sa rĂ©alitĂ© Naissance et Ă©volution du champ de recherche sur le pĂšre — Question de diffĂ©rence de cadre entre la psychanalyse et la psychologie du dĂ©veloppement La vision globale et historique de J. Le Camus 1997 sur l’ensemble des recherches expĂ©rimentales qui ont Ă©tĂ© faites sur le pĂšre, des annĂ©es 1950 jusqu’à ce jour, nous permet de comprendre, tel que nous l’avons soulignĂ© au dĂ©but de cet article, combien celles-ci sont tributaires de la reprĂ©sentation sociale du pĂšre Ă  un moment donnĂ© de l’histoire, notamment dans la façon mĂȘme de concevoir la mĂ©thodologie. L’évolution dans le temps des reprĂ©sentations du pĂšre amenant des transformations au niveau des pratiques des façon de retracer l’évolution des paradigmes et des mĂ©thodes de recherche nous est apparue comme trĂšs prĂ©cieuse dans ce qu’elle permet de comprendre et d’organiser la multiplicitĂ© des discours et des thĂ©ories qui existent Ă  propos du pĂšre. Ce qui, dans un deuxiĂšme temps, permet d’envisager que par-delĂ  la diffĂ©rence des univers conceptuels, par-delĂ  les diffĂ©rences Ă©pistĂ©mologiques, il y aurait des passerelles Ă©pistĂ©mologiques » J. Le Camus, 2001 possibles Ă  Ă©tablir, une fois tracĂ©es les limites du rapprochement des disciplines ». Il s’agirait en somme de dĂ©passer le clivage entre le champ psychanalytique et le champ de la psychologie du dans ce paradoxe qui consiste Ă  faire dialoguer deux disciplines, psychanalyse et psychologie du dĂ©veloppement, en commençant par tracer leurs diffĂ©rences radicales, nous pourrions souligner les diffĂ©rences qui existent dans leur façon de se poser des questions Ă  propos du effet, alors que la psychanalyse se pencherait sur Qu’est-ce qu’un pĂšre ? », J. Le Camus 2001 dĂ©finit la position de la psychologie du dĂ©veloppement comme s’interrogeant sur le pĂšre de la façon suivante À quoi sert un pĂšre, ici et maintenant ? » Il ne s’agit pas de s’intĂ©resser Ă  la paternitĂ© comme principe universel ou transculturel, ou dans son aspect symbolique, mais de se pencher sur le pĂšre Ă©vĂ©nementiel, tĂ©moin et acteur de la vie quotidienne, partenaire habituel de l’enfant au sein de la famille ».Un autre point important est soulignĂ© par cet auteur ces Ă©tudes expĂ©rimentales se situent en dehors d’un contexte clinique qui par dĂ©finition suppose de comprendre, prĂ©venir ou rĂ©parer. LĂ  il s’agit d’observer des pĂšres et des relations pĂšre/enfant dans un contexte normatif et de rechercher les effets positifs de la prĂ©sence du pĂšre plutĂŽt que de chercher Ă  comprendre les effets nĂ©gatifs de son absence et d’en dĂ©duire ses fonctions. On est au cƓur du dĂ©bat pĂšre-rĂ©el / C. Zaouche-Gaudron 2001 propose une façon de dĂ©passer le dĂ©bat rĂŽle/fonction qui oppose psychanalyse et psychologie du dĂ©veloppement, en considĂ©rant plus leur finalitĂ© que leur dĂ©finition. Ainsi, le rĂŽle serait modifiable et du cĂŽtĂ© du conjoncturel car socialement dĂ©fini et soumis aux changements sociaux et culturels. Il renverrait Ă  ce que font pĂšre et mĂšre au quotidien, et ce qu’ils se reprĂ©sentent qu’ils font le rĂŽle est donc du cĂŽtĂ© de l’adulte. La fonction, quant Ă  elle, est Ă  concevoir du cĂŽtĂ© de l’enfant, dans ce qu’elle lui apporte pour le soutenir et l’aider Ă  se structurer [
] C’est alors du point de vue de la construction psychologique de l’enfant que sont envisagĂ©es les fonctions du pĂšre et de la mĂšre ».— Le fil rouge de l’histoire comme principe organisateur du pĂšre Ă  effet diffĂ©rĂ© au pĂšre diffĂ©renciĂ©, questions et dispositifs de recherche La premiĂšre pĂ©riode des annĂ©es 1950 au dĂ©but des annĂ©es 1970 renvoie Ă  ce que J. Le Camus 1997 appelle le pĂšre Ă  effet diffĂ©rĂ© » le pĂšre est envisagĂ© comme intervenant tardivement et ceci dans une fonction d’autoritĂ©, dans un deuxiĂšme temps par rapport Ă  la mĂšre prĂ©sente d’emblĂ©e dans une fonction de sollicitude. Cette dichotomie des fonctions renvoie Ă  une dichotomie des phases dans le dĂ©veloppement de l’enfant l’ñge de la mĂšre puis l’ñge du pĂšre J. Le Camus, 1997.Dans cette perspective, les fonctions du pĂšre concernent la structuration de la personnalitĂ© de l’enfant et de l’adolescent, domaine des capacitĂ©s Ă  Ă©mergence tardive. Ces fonctions sont considĂ©rĂ©es comme aussi importantes que celles de la mĂšre et non interchangeables. Les Ă©tudes sur le pĂšre mettent l’accent sur les effets de la carence et de la dĂ©ficience d’autoritĂ© la mĂ©taphore alimentaire appliquĂ©e Ă  l’absence des soins maternels carence affective, Spitz et Bowlby est alors dĂ©placĂ©e vers l’absence d’apport paternel. L’aliment psychologique qu’apporte le pĂšre, c’est donc l’autoritĂ© » J. Le Camus, 1997. Par ailleurs, l’action du pĂšre est envisagĂ©e comme une action de type indirect puisqu’elle passe par la mĂ©diation de la mĂšre non seulement l’enfant est dĂ©crit dans une symbiose affective avec la mĂšre peu permĂ©able Ă  l’influence directe du pĂšre », mais le rĂŽle du pĂšre serait de soutenir la pĂ©riodes qui vont suivre vont se dĂ©marquer de ces points de vue maintenant dĂ©passĂ©s les effets directs du pĂšre sur l’enfant sont clairement envisagĂ©s et ceci sur l’ensemble de son dĂ©veloppement pas seulement sur sa structuration psycho-affective.La deuxiĂšme pĂ©riode deuxiĂšme partie des annĂ©es 1970 jusqu’aux annĂ©es 1985 est marquĂ©e par de grands changements sociaux et familiaux amenant une implication accrue des pĂšres le pĂšre impliquĂ©. Il s’occupe de son bĂ©bĂ©, partage les soins de base, reconnaĂźt sa fibre maternelle » sans craindre pour sa virilitĂ©. C’est un pĂšre physiquement et affectivement prĂ©sent mais aussi largement semblable Ă  la mĂšre. Sa spĂ©cificitĂ© est pressentie mais on ne dit pas sur quoi porte sa spĂ©cificitĂ©, ni surtout comment elle agit » J. Le Camus, 1997.Dans un premier temps, les recherches ont pour stratĂ©gies de comparer les effets de la prĂ©sence/absence du pĂšre sur le dĂ©veloppement cognitif et socio-Ă©motionnel de l’enfant dans la mesure oĂč les prĂ©occupations sont centrĂ©es sur le constat des manques liĂ©s Ă  l’absence de pĂšre paradigme 1 schĂ©ma expĂ©rimental = opposition foyers biparentaux / foyers monoparentaux.Puis, par la suite, il y a une remise en question de ces dĂ©marches de recherche de preuve par dĂ©faut pour aller vers des recherches tentant de mettre en Ă©vidence ce qu’apporte le pĂšre lorsqu’il est prĂ©sent dĂ©placement de la problĂ©matique et de la mĂ©thode sur la contribution du pĂšre acteur
 » J. Le Camus, 1997. Le paradigme 2 renvoie Ă  des Ă©tudes comparatives sur les relations parents/enfants on compare les effets de la prĂ©sence de la mĂšre et de la prĂ©sence du pĂšre. Le pĂšre impliquĂ© est considĂ©rĂ© comme une figure d’attachement fiable mais secondaire hypothĂšse de la hiĂ©rarchie des figures d’attachement, M. Ainsworth, 1982. On remarque qu’il est un partenaire de jeu bien diffĂ©rent de la mĂšre pour l’enfant, mais sa place et son rĂŽle sont encore mal la troisiĂšme pĂ©riode 1985-1995 est celle du pĂšre diffĂ©renciĂ©, au sens ou il n’est pas une mĂšre-bis, il est autre que la mĂšre, mais aussi au sens oĂč il n’est pas rĂ©ductible Ă  un type uniforme Il y a plusieurs sortes de pĂšres Ă  l’intĂ©rieur de la catĂ©gorie des pĂšres », double progrĂšs conceptuel J. Le Camus, 1997. On passe alors au paradigme 3 on compare les pĂšres entre eux, en fonction de leurs modalitĂ©s de prĂ©sence. Et les contributions des pĂšres sont elles aussi plus diffĂ©renciĂ©es au sens de moins amalgamĂ©es, renvoyant aux multiples facettes du dĂ©veloppement de l’enfant langage et intelligence, socialisation, identitĂ© l’importance de la relation pĂšre/enfant Ă  l’importance de la parentalitĂ© de qualitĂ© les recherches de M. E. Lamb, en Angleterre Michael E. Lamb est trĂšs certainement l’un des chercheurs les plus actifs en ce qui concerne l’étude de la relation pĂšre/enfant, tant au plan des recherches empiriques qu’il mĂšne qu’au plan des efforts rĂ©guliers qu’il fait pour rassembler l’ensemble des recherches faites dans le monde sur le rĂŽle du pĂšre dans le dĂ©veloppement de l’enfant. En tĂ©moignent les quatre Ă©ditions de The Role of the Father in Child Developement entre 1976 et 2004 1976, 1986, 1997, 2004 qui font le point sur le le dĂ©but des annĂ©es 1970, M. E. Lamb fait le constat de la pauvretĂ© des Ă©tudes sur la relation pĂšre/enfant et dĂ©clare le pĂšre agent oubliĂ© » du dĂ©veloppement de l’enfant Forgotten contributor to child development », 1975. La relation mĂšre/enfant constituait jusque-lĂ  l’environnement de rĂ©fĂ©rence pour Ă©tudier et dĂ©finir les conditions optimales de dĂ©veloppement de l’enfant. Dans ce contexte social oĂč est en train de se prendre le virage vers le pĂšre impliquĂ© » J. Le Camus, 1997, la relation pĂšre/enfant apparaĂźt comme importante en soi les recherches s’emploient alors Ă  en faire la dĂ©monstration, tout en cherchant Ă  prĂ©ciser ses caractĂ©ristiques et ses spĂ©cificitĂ©s pour mieux cerner l’influence du pĂšre sur le dĂ©veloppement de son ce faire, on extrait la relation pĂšre/enfant de son contexte pour l’étudier Ă  la loupe et dĂ©finir des caractĂ©ristiques destinĂ©es Ă  en montrer l’importance ; on procĂšde en recherchant ses similitudes et ses diffĂ©rences d’avec la relation mĂšre/enfant. C’est un point de dĂ©part, dont on ne mesure que rĂ©cemment les limites et les biais que cela a introduit dans les dit, ces Ă©tudes ont bien dĂ©montrĂ© M. E. Lamb 1997 que les bĂ©bĂ©s s’attachent spĂ©cifiquement Ă  leur pĂšre et les influences du pĂšre sur le dĂ©veloppement de l’enfant sont dĂ©taillĂ©es domaine par domaine au plan de l’identitĂ© sexuĂ©e, au plan cognitif et motivationnel le pĂšre est un facteur de stimulation et d’encouragement, au plan linguistique les pĂšres imposent l’attention et s’expriment de façon plus autoritaire, au plan des aptitudes sociales, plan de l’attachement, aprĂšs avoir dĂ©montrĂ© M. E. Lamb, 1997 que les bĂ©bĂ©s s’attachent Ă  la fois Ă  leur mĂšre et Ă  leur pĂšre, ainsi qu’à tous ceux qui interagissent rĂ©guliĂšrement avec eux quelle que soit l’implication dans les soins, M. E. Lamb, 2004, les rĂ©sultats s’avĂšrent rĂ©pĂ©titivement contradictoires en ce qui concerne la question de la hiĂ©rarchie des attachements question chĂšre Ă  Bowlby. En effet, les bĂ©bĂ©s prĂ©fĂšrent leur mĂšre, mais si le pĂšre est la premiĂšre figure de soin ils prĂ©fĂšrent le pĂšre en fait, ils s’attacheraient prĂ©fĂ©rentiellement Ă  la premiĂšre figure de soin quel que soit le parent. Mais d’autres Ă©tudes indiquent qu’il n’y aurait pas de diffĂ©rence marquĂ©e pour un parent ou pour un autre, cependant on relĂšve que dans le courant de la deuxiĂšme annĂ©e de vie l’intĂ©rĂȘt pour le pĂšre augmente significativement, surtout chez les garçons. Enfin, on dĂ©couvre que le vecteur d’attachement chez le pĂšre semble ĂȘtre les jeux physiques et non les soins de bases D. Paquette, 2004. Et dĂšs le premier trimestre de vie, les pĂšres se montrent diffĂ©rents des mĂšres avec leur bĂ©bĂ© ils sont plus stimulants et plus ludiques, alors que les mĂšres cherchent Ă  calmer et apaiser leur bĂ©bĂ©. MalgrĂ© ces constats cruciaux, on continue d’évaluer la relation pĂšre/enfant Ă  l’aune de la relation mĂšre/enfant tant dans ses rĂ©fĂ©rences thĂ©oriques l’attachement en termes de pĂŽle de sĂ©curitĂ© que mĂ©thodologiques utilisation de la Situation Étrange d’Ainsworth, 1978, pour mesurer l’attachement.Ce qui non seulement ne permet pas de cerner les spĂ©cificitĂ©s de l’attachement pĂšre/enfant, mais ne lui rend pas justice on sous-estime les influences paternelles parce que l’on ne se donne pas les moyens de les mettre en Ă©vidence. Les recherches Ă©chouent Ă  faire la dĂ©monstration de ce qui apparaĂźt Ă©vident tant dans les observations de la vie quotidienne que dans la clinique Ă  savoir les diffĂ©rences significatives qui existent entre la relation mĂšre/enfant et la relation pĂšre/enfant, sans remettre en question la qualitĂ© de l’attachement. Certains chercheurs concluent alors qu’il n’y a pas de diffĂ©rence, ou pas tant que cela
 et invoquent d’autres paramĂštres tels que les caractĂ©ristiques de l’adulte et le tempĂ©rament de l’enfant pour expliquer les diffĂ©rences M. E. Lamb, 1997, ce qui n’est pas faux non plus mais qui rĂ©duit toute la question de la son article de 2004, M. E. Lamb est plus clair sur la nĂ©cessitĂ© d’établir des thĂšmes de recherche plus patricentriques le jeu plutĂŽt que la sĂ©curitĂ© d’attachement, par exemple et de sortir de la rĂ©fĂ©rence constante Ă  la sĂ©curitĂ© d’attachement pour Ă©tudier l’influence des hommes sur leur enfant. Il faut remettre en question les mĂ©thodologies et les mesures utilisĂ©es mais aussi certaines idĂ©es sur l’attachement comme celle de penser que les pleurs de protestation constituent de bons indices d’ M. E. Lamb 2004 souligne une autre erreur fondamentale qui fut d’extraire la relation pĂšre/enfant de son contexte familial. AprĂšs s’ĂȘtre penchĂ©es sur les effets directs du pĂšre sur le dĂ©veloppement de l’enfant et devant la complexitĂ© et les contradictions des rĂ©sultats obtenus, les recherches ont dĂ» concevoir qu’il y avait Ă©galement des effets indirects qui jouent sur l’implication paternelle, dont des facteurs familiaux par exemple, et qu’ils sont au moins aussi importants que les effets directs soulignons ici le mouvement inverse de celui des thĂ©ories psychanalytiques qui sont passĂ©es de la conception d’un pĂšre Ă  effet indirect Ă  un pĂšre Ă  effet direct. Pour ne nommer qu’eux, soulignons les effets de la qualitĂ© des rapports conjugaux sur l’implication du pĂšre. M. E. Lamb 2004 parle alors de progrĂšs conceptuel important, il s’agit de l’émergence de la notion d’inter-influences le dĂ©veloppement de l’enfant est affectĂ© par des comportements appartenant Ă  l’ensemble du systĂšme plus loin et rĂ©introduisons l’idĂ©e d’une circularitĂ© dans les liens et de ce fait dans les influences le pĂšre influence la mĂšre qui influence l’enfant qui influence le pĂšre, la relation mĂšre/pĂšre influence le pĂšre, donc l’enfant, etc. Il faut donc avoir une vision systĂ©mique dans la prise en compte des paramĂštres Ă  Ă©tudier et Ă  mesurer pour la premiĂšre fois, M. E. Lamb 2004 parle de triade, de caractĂ©ristiques des interactions pĂšre/mĂšre/enfant Ă  dĂ©finir, de nĂ©cessitĂ© d’étudier la famille en action, etc. Dans ce cadre-lĂ , une dĂ©couverte importante s’est faite au plan empirique le comportement du pĂšre au sens d’implication auprĂšs de son enfant n’est pas un dĂ©terminant des diffĂ©rences interindividuelles du comportement de l’enfant mais il en est une consĂ©quence. Ainsi, l’enfant façonne son pĂšre de la mĂȘme façon que tous les membres de la triade se modĂšlent et s’adaptent les uns aux autres au fil du temps. Les recherches empiriques vont alors se mettre Ă  Ă©tudier plus systĂ©matiquement la relation pĂšre/enfant dans sa dimension de processus ses nuances et son dĂ©veloppement dans le temps en fonction des Ă©tapes de dĂ©veloppement de l’ effet, les habiletĂ©s cognitives et sociales de l’enfant sont extrĂȘmement diffĂ©rentes de la petite enfance Ă  l’enfance puis Ă  l’adolescence la relation et l’implication du pĂšre face Ă  celui-ci va donc varier, avoir des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes d’une Ă©tape Ă  l’autre. Nous n’entrerons pas dans le dĂ©tail de cette dimension mais soulignons un rĂ©sultat important pour ce qui est de la reconnaissance de la place de la relation pĂšre/enfant dans la vie d’un individu cette relation aurait une valeur particuliĂšrement prĂ©dictive concernant l’ajustement psychosocial futur et en particulier concernant le bien-ĂȘtre Ă©motionnel et la satisfaction maritale dans la vie adulte M. E. Lamb, 2004. Ce qui fait d’une bonne relation pĂšre/enfant un facteur de protection dans le dĂ©veloppement d’un individu
Concernant les diffĂ©rences entre les pĂšres et les mĂšres, les recherches rĂ©centes M. E. Lamb, 2004 ne se font plus dans le contexte d’un jugement de valeur de la qualitĂ© de l’attachement avec l’idĂ©e d’une hiĂ©rarchie Ă  trouver. La dĂ©monstration de l’importance du lien pĂšre/enfant n’est plus Ă  faire, on s’emploie Ă  nuancer et Ă  prĂ©ciser ces diffĂ©rences, Ă  tenter de se pencher sur les mĂ©canismes d’action spĂ©cifiques de chacun de ces liens, notamment au plan de la nature des jeux avec l’enfant, l’utilisation de ceux-ci et la place qu’ils ont dans la relation. Comme le souligne J. Le Camus 1997, le pĂšre n’est plus une mĂšre-bis mais un pĂšre diffĂ©renciĂ©. Des diffĂ©rences dans la sensibilitĂ© paternelle par rapport Ă  la sensibilitĂ© maternelle sont maintenant relevĂ©es et Ă©tudiĂ©es on dĂ©couvre que l’un des dĂ©terminants importants de la sensibilitĂ© paternelle serait l’histoire et le souvenir que le pĂšre a de ses relations prĂ©coces. On est donc loin des conclusions que l’on a pu tenir sur la faible transmission transgĂ©nĂ©rationnelle de l’attachement pĂšre/enfant D. Paquette, 2004.Cependant, M. E. Lamb 2007 tient Ă  nous rappeler que par-delĂ  les diffĂ©rences de style paternel et maternel ce qui compte c’est une parentalitĂ© de qualitĂ© ». L’enfant a besoin que ses parents lui offrent une vraie relation, qu’ils soient responsables et se dĂ©vouent pour lui » M. E. Lamb, 2007. Il va jusqu’à remettre en question le fait que ces diffĂ©rences jouent un rĂŽle clĂ© dans le dĂ©veloppement de l’enfant, au nom de l’authenticitĂ© du lien et de l’unicitĂ© de chaque parent comme individu, qu’il soit pĂšre ou mĂšre. Il se sert du fait que ces diffĂ©rences aient largement Ă©voluĂ© depuis trente ans les pĂšres et les mĂšres partagent et s’interchangent toutes sortes de comportements parentaux avec beaucoup plus de flexibilitĂ© qu’avant pour alimenter son propos sur le nivellement des diffĂ©rences pĂšre/mĂšre. Cependant, il nous rappelle aussi que ces diffĂ©rences ne sont pas universelles, bien que l’on se soit parfois laissĂ© aller Ă  croire le contraire non seulement elles ne sont pas inscrites dans les gĂšnes mais elles sont largement culturelles ; c’est d’ailleurs dans le monde occidental qu’elles sont le plus marquĂ©es. Alors, au nom de l’importance premiĂšre de cette parentalitĂ© de qualitĂ© et au nom de la complexitĂ© des inter-influences dans la triade pĂšre/mĂšre/enfant, Lamb renvoie au second plan la question des diffĂ©rences entre pĂšre et mĂšre sur le dĂ©veloppement de l’enfant. Ce qui nous paraĂźt effet, n’y a-t-il pas moyen de conserver cette idĂ©e de diffĂ©rence Ă  cĂŽtĂ© des notions de qualitĂ© de la parentalitĂ© et de complexitĂ© des inter-influences dans la rĂ©alitĂ© des relations parents/enfant ? La spĂ©cificitĂ© des implications maternelles et paternelles peut-elle coexister avec l’idĂ©e d’une certaine flexibilitĂ© dans la rĂ©partition des rĂŽles, avec une certaine interchangeabilitĂ© ? Quant Ă  la question d’une hiĂ©rarchie entre l’influence du pĂšre et celle de la mĂšre sur le dĂ©veloppement de l’enfant, on comprendra que le dĂ©bat est en partie dĂ©passĂ© reconnaĂźtre une diffĂ©rence ne hiĂ©rarchise pas nĂ©cessairement les contributions. Allons donc vers l’égalitĂ© dans la diffĂ©rence, vers une spĂ©cificitĂ© possible avec un certain degrĂ© d’interchangeabilitĂ©, avec une certaine flexibilitĂ© dans la distribution des une spĂ©cificitĂ© paternelle et maternelle dans l’égalitĂ© et la complĂ©mentaritĂ© les recherches de Daniel Paquette, au QuĂ©bec Les contributions de D. Paquette 2004 a, 2004 b, 2007 vont nous aider Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  ces questions difficiles pour dĂ©passer le dĂ©bat de la hiĂ©rarchisation des influences paternelles et maternelles tout en reconnaissant l’importance des diffĂ©rences pĂšre/mĂšre dans leur impact sur le dĂ©veloppement de l’ part, il abonde dans le sens de M. E. Lamb, recherches et revues de littĂ©rature Ă  l’appui, concernant les biais thĂ©oriques et mĂ©thodologiques des recherches sur le pĂšre dans les derniĂšres dĂ©cennies il faut sortir d’une psychologie de l’enfant essentiellement centrĂ©e sur l’importance dĂ©terminante de la mĂšre. Celle-ci nous a conduit Ă  Ă©tudier la relation pĂšre/enfant avec les mĂȘmes rĂ©fĂ©rences thĂ©oriques et les mĂȘmes mĂ©thodologies que celles employĂ©es pour l’étude de la relation mĂšre/enfant, ce qui ne nous a pas permis de mettre en Ă©vidence ses spĂ©cificitĂ©s, d’oĂč une large sous-estimation de l’influence de la relation pĂšre/enfant sur le dĂ©veloppement de l’enfant. De la mĂȘme façon, conclure Ă  une faible diffĂ©rence entre les apports de la mĂšre et du pĂšre c’est se tromper de grille de lecture D. Paquette, 2007. Alors, comment Ă  la fois prendre en compte toute la richesse des connaissances sur le lien mĂšre/enfant et faire un pas de cĂŽtĂ© pour pouvoir innover dans la façon de penser la relation pĂšre/enfant D. Paquette, 2004 ?Ses travaux sur les jeux physiques pĂšre/enfant, et en particulier les jeux de bataille ou jeux de lutte rough-andtumble play, l’ont amenĂ© d’une part Ă  les comprendre comme le mĂ©canisme d’attachement pĂšre/enfant et d’autre part Ă  considĂ©rer cet attachement via un contexte de jeux physiques comme un mĂ©canisme diffĂ©rent d’un attachement via un contexte de soins D. Paquette, 2004. En effet, dĂšs les premiers mois de vie du bĂ©bĂ©, les pĂšres se comportent diffĂ©remment avec eux que les mĂšres ils les stimulent et cherchent Ă  les exciter, elles les calment et les apaisent. Ainsi, au fil du temps, les enfants perçoivent leur mĂšre comme source de bien-ĂȘtre et de sĂ©curitĂ© et prĂ©fĂšrent leur pĂšre comme compagnon de jeu. Ceux-ci sont plus directifs et proposent des jeux prĂ©sentant plus de dĂ©fis et de surprises, ce qui apparaĂźt plus stimulant pour l’enfant. Enfin, les jeux physiques constituent le seul domaine oĂč l’implication des pĂšres est supĂ©rieure Ă  celle des mĂšres et les jeux de lutte constituent une spĂ©cificitĂ© du lien pĂšre/enfant. Des recherches indiquent qu’ils sont corrĂ©lĂ©s Ă  une relation pĂšre/enfant sĂ©curisante et ils semblent Ă©galement avoir plusieurs fonctions l’établissement d’une relation de dominance entre pĂšre et fils favorisant la discipline, la rĂ©gulation des comportements agressifs et le dĂ©veloppement d’habiletĂ©s de compĂ©tition complĂ©mentaires aux habiletĂ©s de coopĂ©ration D. Paquette, 2004. Les irrĂ©gularitĂ©s et les imprĂ©vus s’avĂšrent ĂȘtre aussi importants pour le dĂ©veloppement de l’enfant que les rĂ©gularitĂ©s et la en revenant sur la question des bases adaptatives de l’attachement, D. Paquette 2004 diffĂ©rencie clairement un pĂŽle de sĂ©curitĂ© prĂ©fĂ©rentiellement assurĂ© par la mĂšre et un pĂŽle d’exploration ou activation » terme plus large traduisant toute la stimulation possible de l’enfant dans l’ouverture au monde extĂ©rieur prĂ©fĂ©rentiellement assurĂ© par le pĂšre. C’est dans le souci de ne pas constamment associer attachement et confiance envers le parent prodiguant des soins, que la nĂ©cessitĂ© de qualifier diffĂ©remment la relation affective pĂšre/enfant s’est imposĂ©e D. Paquette 2004 se propose de l’appeler relation d’activation ». Il va alors dĂ©velopper la premiĂšre thĂ©orie spĂ©cifiquement fondĂ©e sur la relation pĂšre/ rĂŽle d’activation du pĂšre permet de rĂ©pondre au besoin de l’enfant d’ĂȘtre activĂ© recherche de stimulations de forte intensitĂ©, au besoin de dĂ©passement et Ă  celui d’apprendre Ă  prendre des risques. Bref, il permet Ă  l’enfant d’oser aller plus loin dans son exploration et dĂ©velopper ainsi son autonomie. Quant Ă  la qualitĂ© de cette relation d’activation, elle est d’autant plus grande qu’elle est offerte dans un climat de confiance et de sĂ©curitĂ©, le pĂšre assurant une protection face aux dangers potentiels tout en favorisant l’élan vers la nouveautĂ©. D. Paquette 2004 nuance encore cette fonction d’activation elle peut aussi ĂȘtre entendue comme le dĂ©clenchement des mĂ©canismes de rĂ©gulation des Ă©motions suscitĂ©s par la confrontation Ă  la nouveautĂ© », permettant ainsi Ă  l’enfant d’aller vers la nouveautĂ©. Le pĂšre, via la relation d’activation reposant sur les jeux de lutte, transmet Ă  l’enfant une confiance en soi qui lui permet de dĂ©velopper des compĂ©tences sociales de type habiletĂ©s de compĂ©tition Ă  entendre comme comportements et attitudes psychologiques, celles-ci Ă©tant complĂ©mentaires aux compĂ©tences sociales, de types habiletĂ©s de coopĂ©ration et de partage, permises par le sentiment de sĂ©curitĂ© transmis par la relation d’attachement mĂšre/ part, on perçoit toute l’importance de l’acquisition d’un large spectre de compĂ©tences sociales dans le travail d’adaptation Ă  l’environnement social complexe qu’est le monde actuel, pour les filles comme pour les garçons d’ailleurs. D’autre part, on saisit toute la notion de complĂ©mentaritĂ© possible entre les apports maternels et les apports paternels, ce qui a amenĂ© D. Paquette 2008 Ă  dĂ©velopper l’idĂ©e d’un modĂšle global de complĂ©mentaritĂ© parentale. ModĂšle dans lequel il y aurait place Ă  la spĂ©cificitĂ© de chacun, pĂšre et mĂšre, mais en termes de prĂ©dominance de certains rĂŽles parentaux et non en terme d’exclusivitĂ©, dans la mesure oĂč l’on constate un chevauchement important des comportements parentaux entre le pĂšre et la mĂšre D. Paquette, 2007. Cela permet une rĂ©partition des diffĂ©rents comportements parentaux variable d’un couple Ă  l’autre et mallĂ©able dans le temps au sein d’un mĂȘme couple en fonction des habiletĂ©s, intĂ©rĂȘts et disponibilitĂ©s de chacun. ConcrĂštement, cela signifie qu’un pĂšre peut choisir de fournir des soins de base Ă  l’enfant et une relation d’activation dans des proportions qui lui conviennent et qui seront fort probablement complĂ©mentaires Ă  celles que proposera la mĂšre. Mais par-delĂ  le large spectre de comportements parentaux que chacun est capable d’avoir, un pĂšre gardera son style paternel stimulant et vigoureux mĂȘme s’il est le principal pourvoyeur de soins de base et une mĂšre jouera en gardant un style maternel c’est-Ă -dire un jeu plus visuel, plus prĂ©visible et favorisant plus la coopĂ©ration que la compĂ©tition. C’est ainsi, que D. Paquette nous invite Ă  constater qu’une relation d’activation offerte par un pĂšre est probablement plus intĂ©ressante en termes de stimulation pour l’enfant, tout comme une relation de sĂ©curitĂ© offerte par la mĂšre est probablement plus efficace en termes de rĂ©confort. Donc, par-delĂ  l’interchangeabilitĂ© possible des rĂŽles parentaux, il y a le maintien d’une spĂ©cificitĂ© du fait d’une qualitĂ© d’activation diffĂ©rente et d’une qualitĂ© de sĂ©curitĂ© diffĂ©rente, chez le pĂšre et chez la mĂšre. Chacun de ces deux Ă©lĂ©ments constituant des composantes de l’attachement parent/ nous apparaĂźt donc pertinent de souligner qu’il ne s’agit pas de niveler les diffĂ©rences entre les pĂšres et les mĂšres au nom de la complexitĂ© des autres paramĂštres en jeu, mais bien de leur redonner toute leur importance. Nous sommes face Ă  une notion de diffĂ©rence basĂ©e sur un principe de prĂ©dominance et non sur un principe d’exclusivitĂ© qui hiĂ©rarchise et peut faire de la diffĂ©rence un facteur d’inĂ©galitĂ© homme/femme. Soulignons que ces diffĂ©rences hommes/femmes bien admises au plan hormonal et physiologique le sont beaucoup moins au plan comportemental, le comportement Ă©tant considĂ©rĂ© comme uniquement culturel. Or, il s’agit d’un mĂ©lange d’innĂ© et d’acquis et c’est ce qui fait que les diffĂ©rences pĂšre/mĂšre puissent ĂȘtre Ă  la fois culturelles et stables dans le temps D. Paquette, 2007.La fonction symbolique de la diffĂ©rence pĂšre/mĂšre les recherches de Jean Le Camus, en France Le Camus 2001, tout en Ă©tant psychogĂ©nĂ©ticien de terrain et engagĂ© dans des travaux de recherche empiriques, travaille Ă  Ă©tablir activement des passerelles Ă©pistĂ©mologiques » avec l’univers clinique psychanalytique sur la question du qui rend prĂ©cieux et unique son apport, ce sont tout d’abord ses efforts de thĂ©orisation Ă  partir de rĂ©sultats de recherches expĂ©rimentales il conceptualise des axes organisateurs pour penser la question du pĂšre, nous les avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s plus haut. Rappelons, entre autres, le fait d’identifier que psychanalyse et psychologie du dĂ©veloppement ne se posent pas les mĂȘmes questions l’une se demandant Qu’est-ce qu’un pĂšre ? » et l’autre À quoi sert un pĂšre ? ». Ou encore le fait de dĂ©gager les diffĂ©rentes reprĂ©sentations sociales du pĂšre au fil du temps du pĂšre Ă  effet diffĂ©rĂ© au pĂšre diffĂ©renciĂ© en montrant combien elles formatent » les paradigmes de recherches successifs. Ceci dĂ©passe largement l’objectif classique des empiristes qui est de dĂ©gager, Ă  partir des rĂ©sultats, un modĂšle explicatif des statistiques des diffĂ©rents paramĂštres en jeu sur une question donnĂ©e. Faisant un pas de cĂŽtĂ© par rapport au souci du dĂ©tail et Ă  l’allĂ©geance Ă  la rigueur, J. Le Camus se permet les simplifications nĂ©cessaires Ă  la part, lorsqu’il dĂ©finit son champ de rĂ©flexion comme appartenant Ă  la pensĂ©e dĂ©veloppementaliste, il ne manque pas d’évoquer en mĂȘme temps la pensĂ©e psychanalytique, ce qui a non seulement l’avantage de la faire exister dans ses rĂ©flexions d’empiriste mais permet un travail de lien qui commence Ă  dĂ©construire le classique clivage entre ces deux mondes. Ainsi, tout en respectant ce que la psychanalyse a pu dĂ©velopper sur le rĂŽle indirect du pĂšre dans sa façon de soutenir et nourrir affectivement la mĂšre et de ce fait contenir la dyade mĂšre/enfant et sur sa place d’agent tiers en pĂ©riode Ɠdipienne, J. Le Camus 2001 se charge de mettre en Ă©vidence une implication du pĂšre prĂ©coce, directe, diffĂ©renciĂ©e et multidimentionnelle. Ce qui, par-delĂ  sa fonction symbolique de tiers, en fait un partenaire de l’enfant dĂšs l’aube de la sommes en effet bien loin du pĂšre Ă  effet diffĂ©rĂ© trĂšs prĂ©cocement, dĂšs la pĂ©riode prĂ©natale, le fƓtus dĂšs 5 mois in utero sensible aux stimulations sonores et tactiles donne des signes qu’il perçoit de façon diffĂ©rentielle celles qui viennent de son pĂšre de celles qui viennent de sa mĂšre. Les messages vocaux, tactiles et kinesthĂ©siques adressĂ©s au bĂ©bĂ© ont une qualitĂ© psycho-sensorielle » J. Le Camus, 2001 diffĂ©rente suivant qu’ils proviennent du pĂšre ou de la mĂšre. Le bĂ©bĂ© perçoit trĂšs prĂ©cocement cette diffĂ©rence de grain de peau, de consistance musculaire, de tonalitĂ© de voix, de portage qu’il y a entre son pĂšre et sa mĂšre ces deux enveloppes affectives renvoient Ă  deux patterns de stimulation non redondants » que le bĂ©bĂ© perçoit sans les cette façon, l’enfant est dĂšs le dĂ©but exposĂ© Ă  deux types de rapport affectivo-corporel », deux modes de communication non verbale, deux schĂ©mas de langage J. Le Camus 2001 parle de la possibilitĂ© de diffĂ©rencier deux modĂšles d’altĂ©ritĂ© pour l’enfant et ceci dans de nombreux domaines. C’est ce qu’il appelle les champs d’application de la fonction du pĂšre le dĂ©veloppement du langage, le dĂ©veloppement de l’intelligence et le dĂ©veloppement sociopersonnel ; c’est lĂ  l’implication multidimentionnelle du n’entrerons pas dans les dĂ©tails des apports spĂ©cifiques du pĂšre dans le dĂ©veloppement de son enfant, bien que cela soit passionnant. Cependant, nous voulons souligner combien cet auteur traite la question de la diffĂ©rence pĂšre/mĂšre. Il ne s’agit pas d’une simple question de diversitĂ© de modalitĂ©s auxquelles il faut exposer l’enfant, mais bien de deux modes d’altĂ©ritĂ© renvoyant l’un Ă  l’univers masculin et l’autre Ă  l’univers fĂ©minin. C’est parce que le pĂšre est un homme qu’il porte l’enfant de cette façon, qu’il s’adresse verbalement Ă  lui de façon plus complexe et en lui demandant d’ĂȘtre plus clair et plus prĂ©cis dans ses phrases que ne lui demande la mĂšre, qu’il le met au dĂ©fi et tolĂšre de le laisser sans solution face Ă  un problĂšme Ă  rĂ©soudre afin qu’il trouve sa solution, etc. Ainsi, cette diffĂ©rence pĂšre/mĂšre est sexuĂ©e et elle a une fonction celle de proposer deux modĂšles d’altĂ©ritĂ©, qui rĂ©fĂšrent Ă  des univers sexuĂ©s diffĂ©rents le masculin et le force du modĂšle de J. Le Camus 2001 est qu’il parvient Ă  dĂ©gager des principes gĂ©nĂ©raux Ă  partir de toutes les spĂ©cificitĂ©s qu’il relĂšve dans les apports du pĂšre aux diffĂ©rentes sphĂšres du dĂ©veloppement de l’enfant. Ainsi il dĂ©gage ce qu’il nomme les modes d’action, ou mĂ©canisme d’action de la fonction du pĂšre la propension des pĂšres Ă  anticiper sur l’ontogenĂšse les pĂšres considĂšrent les bĂ©bĂ©s comme des personnes plus prĂ©cocement que les mĂšres, la propension des pĂšres Ă  encourager l’enfant dans ses entreprises et Ă  le mettre au dĂ©fi et enfin la propension des pĂšres Ă  ouvrir l’enfant Ă  l’expĂ©rience des relations interindividuelles et de la de la place du pĂšre dans la petite enfance a permis de dĂ©couvrir et de thĂ©oriser ce qui fait la spĂ©cificitĂ© de l’apport du pĂšre dans le dĂ©veloppement de l’enfant. Comme c’est un autre angle de vue que celui des thĂ©ories psychanalytiques de la fonction du pĂšre, il est difficile de les articuler ensemble. Non seulement peut-on dire que ces deux facettes de la rĂ©alitĂ© pĂšre » ne se contredisent pas, mais elles se mettent en lumiĂšre l’une l’ cette question des diffĂ©rences pĂšre/mĂšre envisagĂ©es comme une altĂ©ritĂ© sexuĂ©e rejoint ce que C. Chiland 2001 rappelle l’enfant a besoin d’un pĂšre et d’une mĂšre pour se construire une identitĂ©. La fille et le garçon explorent Ă  travers les relations Ă  son pĂšre et Ă  sa mĂšre ce que reprĂ©sente le fait d’ĂȘtre garçon et le fait d’ĂȘtre fille. En cas d’absence de l’un ou de l’autre, il y a certes des supplĂ©ances » possibles familiales, culturelles, sociales mais l’intimitĂ© n’est jamais aussi grande qu’avec les parents ». Par ailleurs, quels que soient les diffĂ©rents types de mĂšre ou de pĂšre, quelles que soient les diffĂ©rences individuelles, les pĂšres partagent l’expĂ©rience d’ĂȘtre pĂšre et les mĂšres l’expĂ©rience d’ĂȘtre mĂšre ce qui prĂ©vaut c’est la diffĂ©rence homme/femme C. Chiland, 2001.Autrement dit, un parent est unique et il est sexuĂ©. La diffĂ©rence pĂšre/mĂšre est une diffĂ©rence sexuĂ©e, ce qui fait de cette diffĂ©rence plus qu’une possibilitĂ© de diversitĂ© de par l’altĂ©ritĂ© sexuĂ©e qu’elle propose Ă  l’enfant, cette diffĂ©rence pĂšre/mĂšre a une fonction symbolique. Et cette altĂ©ritĂ© est porteuse d’un pĂšre dĂ©finit comme un tiers prĂ©-symbolique ou proto-symbolique J. Le Camus, 2001. C’est lĂ  que nous entrevoyons des passerelles Ă©pistĂ©mologiques ».Nous comprenons alors que le tiers de la psychologie du dĂ©veloppement est un tiers tirĂ© de la reconnaissance d’une altĂ©ritĂ©. C’est dĂ©jĂ  un grand progrĂšs conceptuel de rappeler que cette altĂ©ritĂ© est sexuĂ©e, c’est ce qui lui confĂšre une fonction symbolique celle d’introduire l’enfant Ă  l’univers masculin et Ă  l’univers fĂ©minin, dont les modes de fonctionnement lui apportent des influences diffĂ©rentes et complĂ©mentaires dans toutes les sphĂšres de son dĂ©veloppement. Mais il ne s’agit pas d’un tiers issu de la conjugalitĂ© des parents, c’est-Ă -dire relatif au lien sexualisĂ© qui unit les parents il n’est pas question de tiercĂ©itĂ©, de triangulation. La prise en compte de l’impact sur l’enfant de la relation conjugale qui existe entre le pĂšre et la mĂšre est un point par lequel la psychanalyse signe la singularitĂ© de son apport Ă  la question du pĂšre. Ici aussi, nous sommes Ă  mĂȘme d’entrevoir une passerelle Ă©pistĂ©mologique ».Nous voulons terminer sur deux autres idĂ©es soulignĂ©es et dĂ©veloppĂ©s par J. Le Camus 2001, permettant d’aller vers toujours plus de nuances concernant la question du pĂšre. Tout d’abord, au sujet du mĂ©canisme d’action de la fonction du pĂšre on ne parle plus d’un rĂŽle du pĂšre de type indirect c’est-Ă -dire passant par la mĂšre mais bien d’un processus de parentalisation rĂ©ciproque dans lequel les deux parents se font parent mutuellement. Les notions de coparentalitĂ© et de biparentalitĂ© sont issues de ces nouvelles thĂ©ories Ă©mergentes concernant la paternitĂ©, entre autre celle selon laquelle les pĂšres ont une place auprĂšs de leur enfant dĂšs le dĂ©but J. Le Camus, 2001. Allons plus loin avec P. Malrieu 2001 L’enfant ne peut ĂȘtre exclu d’un rapport d’influence mutuelle. » L’enfant, dans ce qu’il est et comment il rĂ©pond aux demandes du pĂšre, oriente nĂ©cessairement la façon dont le pĂšre se sent pĂšre ». Ainsi, c’est aussi avec et par la relation avec son enfant » C. Zaouche-Gaudron, 2001 que le pĂšre devient pĂšre mouvement de va-et-vient entre ses reprĂ©sentations et son expĂ©rience de la relation Ă  l’enfant mais aussi Ă  la mĂšre comme parent le faisant parent. Et nous rajoutons qu’il ne faut pas non plus oublier toute la conjugalitĂ© dans ce qu’elle apporte Ă  la parentalitĂ© ; la question de cette articulation de la parentalitĂ© et de la conjugalitĂ© est un autre chapitre, sur lequel nous revenons dans un autre article R. NoĂ«l et F. Cyr, 2009.Enfin, lorsque J. Le Camus 2001 Ă©voque ce qu’il appelle le champ de la paternitĂ© primaire, c’est-Ă -dire la place du pĂšre dans la petite enfance, il introduit l’idĂ©e d’un rĂŽle Ă  jouer par la sociĂ©tĂ©, par les professionnels de la petite enfance pour partager, promouvoir, soutenir la prĂ©sence du pĂšre auprĂšs du tout petit enfant. Ce qui rejoint le concept de paternitĂ© citoyenne de Y. Knibiehler 2001 dans lequel la responsabilitĂ© paternelle ne se joue pas seulement en privĂ© entre un enfant et son pĂšre mais aussi dans une dimension politique. Un peu comme si cette question du tiers Ă©tait l’affaire de tous et pas seulement du pĂšre. C’est dans un autre article que nous dĂ©velopperons cette idĂ©e d’une fonction paternelle portĂ©e Ă  plusieurs R. NoĂ«l et F. Cyr, 2009.Les recherches empiriques sur les triangulations interactionnelles Dans tout ce parcours que nous faisons au sujet du pĂšre comme tiers intrapsychique dans le champs de la psychanalyse, au pĂšre comme tiers interpersonnel dans le champ de la psychologie du dĂ©veloppement, nous allons nous arrĂȘter sur les travaux de deux Ă©quipes dont les recherches peuvent nous aider Ă  penser les connections qui existent entre ces deux mondes. Afin d’aller au plus prĂšs de la complexitĂ© de la triangulation. Ces recherches apportent une sĂ©rie de remises en question d’opinions traditionnelles concernant les relations dyadiques et les relations triangulĂ©es. Elles nous ont semblĂ© bien intĂ©ressantes pour ouvrir la rĂ©flexion sur le pĂšre comme tiers et sur l’ƒdipe comme scĂ©nario de triangulation.— L’interface reprĂ©sentation/interaction K. Von Klitzing et al. 1995, 1999 Cette Ă©quipe s’intĂ©resse Ă  la mise en Ă©vidence du rĂŽle fondamental de la triade dans le dĂ©veloppement prĂ©coce, au moyen d’ une recherche longitudinale des processus de triadification – processus interpersonnel qui forme une triade – et de triangulation – processus intrapsychique par lequel la triade est vĂ©cue – qui incluent des dimensions interactionnelles, reprĂ©sentationnelles et transgĂ©nĂ©rationnelles » K. Von Klitzing, et al., 1999. C’est une recherche qui se dĂ©finit comme prospective longitudinale par opposition aux visions reconstructives de la petite enfance via le processus thĂ©rapeutique individuel mĂ©thodologie de recherche de la psychanalyse traditionnelle. On est donc Ă  la frontiĂšre du pĂšre rĂ©el / pĂšre formulation de leurs objectifs de recherche quelques annĂ©es auparavant K. Von Klitzing et al., 1995 permet de cerner l’évolution des conceptions qu’il y a eu concernant l’amĂ©nagement des relations dyadiques et des relations triadiques. Ainsi, il s’agissait d’étudier l’évolution plus ou moins parallĂšle de la transition de la relation Ă  deux » Ă  la relation Ă  trois » au plan intrapsychique imaginaire triangulation et de la transition de la relation dyadique interpersonnelle Ă  la triade dans le monde externe triadification. Avec l’idĂ©e que la triade interpersonnelle aurait des prĂ©curseurs dans le monde interne des parents. On perçoit dans cette formulation la thĂ©orie sĂ©quentielle implicite issue de Freud d’une pĂ©riode dyadique faisant place Ă  une pĂ©riode triadique dans le cette perspective, K. Von Klitzing 1999 souligne combien la psychanalyse a rĂ©sistĂ© pendant longtemps Ă  l’idĂ©e du rĂŽle du tiers dans la petite enfance, dans la lignĂ©e de Freud qui a parlĂ© de la relation mĂšre/enfant et de la relation pĂšre/enfant comme se dĂ©veloppant cĂŽte Ă  cĂŽte these two relationships proceed side by side ». C’est intĂ©ressant de comprendre avec K. Von Klitzing que ce serait pour rĂ©soudre la tension créée d’une part par l’allĂ©geance Ă  Freud et d’autre part par la nĂ©cessitĂ© de reconnaĂźtre les relations triangulĂ©es que se seraient conceptualisĂ©es deux phases dĂ©veloppementales sĂ©parĂ©es la phase préƓdipienne, univers fondamentalement dyadique et la phase Ɠdipienne dans laquelle l’enfant a Ă  gĂ©rer des conflits les rĂ©sultats de la recherche dĂ©veloppementale sont venus remettre en question la thĂ©orie d’une Ă©tape prĂ©coce uniquement dyadique dans le dĂ©veloppement. Le bĂ©bĂ©, dĂšs ses premiers mois, semble avoir des compĂ©tences prĂ©coces pour les relations triadiques des processus de triadification processus interpersonnel qui forme une triade sont mis en Ă©vidence dans les observations d’interactions parent/enfant aussi tĂŽt qu’à 4 mois E. Fivaz-Depeursinge et A. Corboz-Warnery, 2001. Ce qui semble faire Ă©cho aux Ă©laborations de certains cliniciens comme S. Lebovici 2001 pour lequel il n’y a pas de dyade mĂšre/enfant vraie il y a toujours une contextualisation par le pĂšre, ce qu’il nomme la tiercĂ©isation. Et allant plus loin, on peut citer F. Frascarolo 2001 qui rejette l’idĂ©e mĂȘme d’une dyade mĂšre/bĂ©bĂ© de base, sur laquelle se grefferaient ensuite d’autres relations Le temps de la dyade primaire est dĂ©passĂ© [
] l’enfant naĂźt dans une polyade de base » incluant le pĂšre, la mĂšre, l’enfant et la fratrie. Cela alimente les nombreuses controverses qui concernent le dĂ©veloppement prĂ©coce faut-il le concevoir Ă  partir d’une dimension dyadique ou triangulĂ©e ?Par ailleurs les recherches de l’équipe de K. Von Klitzing 1999 mettent en Ă©vidence des corrĂ©lations entre le monde intrapsychique des parents en particulier le niveau de triangulation de leurs relations d’objet et la prĂ©sence d’une flexibilitĂ© au plan des reprĂ©sentations et la qualitĂ© des interactions de la triade pĂšre/mĂšre/bĂ©bĂ© Ă  4 mois. Il semble qu’il y ait, dĂšs les Ă©tapes prĂ©coces du dĂ©veloppement, une influence sur l’enfant des expĂ©riences d’ĂȘtre Ă  trois D. Stern, 1995 et de la reprĂ©sentation de ces expĂ©riences triangulation. Faut-il alors comprendre les relations principalement comme des Ă©vĂ©nements interpersonnels et/ou interactionnels ou principalement comme des processus intrapsychiques, des fantasmes ? Toujours est-il que l’interface, entre le monde intrapsychique des protagonistes de la triade parents/bĂ©bĂ© et leurs interactions interpersonnelles observables, ne peut plus ĂȘtre ignorĂ©e. K. Von Klitzing 1999 propose de penser cette interface comme un espace transitionnel, ce qui est une idĂ©e trĂšs sĂ©duisante et riche de rĂ©flexions Ă  retenons deux idĂ©es qui nous paraissent fondamentalement nouvelles suite Ă  ces recherches qui mettent en lumiĂšre la notion d’une triade qui pourrait ĂȘtre la forme originale d’interaction dans laquelle naĂźt l’enfant d’une part, la remise en question, dans les dĂ©buts, du dĂ©veloppement d’une phase dyadique Ă  saveur symbiotique ; ce qui entraĂźnerait, d’autre part, l’abandon de la vision classique sĂ©quentielle d’une dyade qui influence le dĂ©veloppement de l’enfant puis de l’arrivĂ©e d’une triade qui prend son importance quand l’enfant grandit K. Von Klitzing, 1999.Petit clin d’Ɠil aux considĂ©rations mĂ©thodologiques de D. Paquette 2004 dĂ©taillĂ©es plus haut il semblerait que ce ne soit pas tant l’ñge de l’enfant qui permette d’observer des interactions dyadiques ou triadiques que le contexte relationnel de sĂ©paration ou de jeu, K. Von Klitzing, 1999.Enfin, M. Dornes 2002 nous apporte des considĂ©rations cliniques qui nuancent cette idĂ©e de la remise en question de la symbiose et rendent justice Ă  la complexitĂ© de la rĂ©alitĂ©. Il souligne la diffĂ©rence qui peut exister entre le comportement interactionnel et l’expĂ©rience interactionnelle pour expliquer qu’un nourrisson puisse prĂ©senter une compĂ©tence interactionnelle particuliĂšrement triangulĂ©e et en rester Ă  une expĂ©rience plus symbiotique que ce que donne Ă  voir ses comportements. Ce qui s’observe, en termes de comportement ou d’interaction, ne correspond pas forcĂ©ment Ă  ce qui se vit pourrions, en conclusion, terminer sur l’une des implications cliniques soulignĂ©es par cette Ă©quipe suite Ă  ces diffĂ©rentes recherches le complexe d’ƒdipe pourrait ĂȘtre compris comme un moment culminant sur un continuum d’expĂ©riences triangulĂ©es K. Von Klitzing, 1999. Et peut-ĂȘtre pouvons-nous nous permettre de rajouter dans cette idĂ©e du moment culminant celle d’une dimension d’intĂ©gration psychique qui, dans le meilleur des cas, donne une valeur structurante Ă  ce moment dans le dĂ©veloppement de l’enfant.— Le triangle pĂšre/mĂšre/enfant en action le jeu trilogique de Lausanne Lausanne Triadic Play de E. Fivaz-Depeursinge et A. Corboz-Warnery 1999, 2001 Toujours dans cette idĂ©e de penser les passerelles Ă©pistĂ©mologiques entre psychanalyse et psychologie du dĂ©veloppement en pensant l’interface reprĂ©sentation/comportement, notamment concernant la triangulation, nous voulons rapporter quelques idĂ©es issues des recherches de l’équipe de Lausanne sur le triangle primaire pĂšre/mĂšre/enfant. En abordant la triangulation sous un angle radicalement diffĂ©rent, elles semblent nous permettre une ouverture dans la façon de penser la rapidement et sans entrer dans les dĂ©tails mĂ©thodologiques que cette Ă©quipe a créé une mĂ©thode d’observation dans laquelle on peut examiner de façon standardisĂ©e les Ă©lĂ©ments comportementaux et relationnels de la relation triadique dans les premiers mois de la vie » le jeu trilogique de Lausanne ou Lausanne Triadic Play ltp. Celui-ci peut Ă©galement ĂȘtre une mĂ©thode d’ famille et plus prĂ©cisĂ©ment le triangle pĂšre/mĂšre/enfant est Ă©tudiĂ© en action, ce qui est un point de vue bien diffĂ©rent de celui de la famille, ou du triangle, reprĂ©sentĂ©e. Et leur prĂ©supposĂ© de base est le suivant les schĂ©mas interactionnels sont les passages obligĂ©s des y a aussi cette façon de concevoir les diffĂ©rents niveaux, individuel, dyadique et familial, comme fonctionnant comme des entitĂ©s systĂ©miques avec des voies de dĂ©veloppement distinctes mais interconnectĂ©es. Le triangle primaire est donc considĂ©rĂ© comme une unitĂ© de recherche spĂ©cifique dont il faut dĂ©finir le fonctionnement et son du triangle en action leur a permis d’observer des compĂ©tences triangulaires chez le bĂ©bĂ©, aussi prĂ©cocement qu’à 3 mois de vie, interactions qui se dĂ©velopperaient en parallĂšle avec les interactions dyadiques. Jusque-lĂ , la question de cette compĂ©tence n’était pas posĂ©e dans la mesure oĂč l’on concevait que le bĂ©bĂ© Ă©tait prĂ©-adaptĂ© aux interactions dyadiques. Celles-ci constitueraient peut-ĂȘtre une rĂ©ponse Ă  des cadres dyadiques d’observation, plutĂŽt que de renvoyer Ă  une limitation du bĂ©bĂ©, d’aprĂšs ces auteurs. Nous retrouvons cette idĂ©e de l’influence du cadre d’observation sur la nature de ce qui est aux origines de la triangulation, s’intĂ©resser Ă  la petite enfance du processus triangulaire » E. Fivaz-Depeursinge et A. Corboz-Warnery, 2001 dans l’objectif de construire une thĂ©orie de la triangulation prenant ses sources dans des processus normatifs, voilĂ  un objectif particuliĂšrement novateur. De mĂȘme pour cet intĂ©rĂȘt Ă  dĂ©velopper une thĂ©orie pertinente tant au plan clinique qu’au plan d’intĂ©gration qui permet de dĂ©passer la simple vision de la clinique, prĂ©dominant jusque-lĂ  et rĂ©duisant la triangulation Ă  la gestion d’un sentiment subjectif d’exclusion et Ă  ses alĂ©as. Ainsi, il y a peut-ĂȘtre moyen de penser les triangles dans un cadre Ă©largi, incluant le processus triangulaire normatif Ă  cĂŽtĂ© des triangles de la psychopathologie qui renvoient Ă  des variations sur le thĂšme de l’exclusion et ses dĂ©rĂšglements. Avec cette Ă©quipe, on pourrait alors penser que la triangulation c’est effectivement apprendre Ă  amĂ©nager le sentiment subjectif d’exclusion, prĂ©parĂ© par les expĂ©riences de triangles, de diffĂ©rentes sortes dont ceux renvoyant Ă  une expĂ©rience subjective d’inclusion. La triangulation, c’est aussi avoir Ă  dĂ©velopper une capacitĂ© d’ĂȘtre Ă  trois et celle-ci semble pouvoir se dĂ©velopper tĂŽt dans l’ la conjugalitĂ© du pĂšre et de la mĂšre, fondement de la triangulation au quotidien ? Comment conclure aprĂšs l’ampleur d’une telle vision panoramique de l’univers paternel ? Qu’avons-nous appris de ce parcours, en termes de contenu et en termes de processus ? Comment pouvons-nous nous raconter cette histoire du pĂšre ?Tout d’abord, la psychanalyse nous apprend qu’un pĂšre c’est une fonction psychique S. Freud qui, au fil des Ă©poques, semble pouvoir ĂȘtre conceptualisĂ©e comme portĂ©e Ă  plusieurs par le pĂšre bien sĂ»r, dans ce qu’il est comme personne, comme homme mais aussi comme idĂ©al et comme personnage d’un scĂ©nario fantasmatique, mais aussi par la mĂšre dans sa parole au sens large, sa parole de mĂšre et sa parole de femme J. Lacan. Et puis par l’enfant, capable de l’utiliser activement pour la construction de son psychisme postkleiniens. Comme nous l’avons dit chacun ayant une partition Ă  jouer pour s’acheminer vers le scĂ©nario de l’ƒdipe. Un enfant qui a aussi une relation avec la relation qui existe entre ses parents, assortie de la nĂ©cessitĂ© dans laquelle il se trouve d’élaborer un sentiment cuisant d’exclusion. C’est lĂ , la fonction psychique de la conjugalitĂ© des parents M. Klein. La psychanalyse anglo-saxonne et les recherches empiriques sur les triangulations psychiques et interactionnelles nous enseignent qu’il y a aussi des enjeux d’inclusion Ă  vivre et une capacitĂ© d’ĂȘtre Ă  trois Ă  dĂ©velopper dans les triangles. Ceux-ci seraient prĂ©sents dĂšs le dĂ©but et mĂȘme bien avant la naissance de l’enfant en pĂ©riode prĂ©natale, dans les rĂȘveries conscientes et inconscientes de la mĂšre. Un tiers qui viendrait de l’intĂ©rieur de la psychĂ© mais aussi de l’extĂ©rieur des relations le pĂšre tirant la spĂ©cificitĂ© de ses fonctions, de cette position d’extĂ©rioritĂ© face Ă  la dyade mĂšre/enfant la psychanalyse dĂ©veloppementale. Il ne s’agirait pas seulement de fonctions de sĂ©paration et de diffĂ©renciation, mais aussi et dans le mĂȘme temps non pas sĂ©quentiellement de fonctions de liaison et de rĂ©paration du lien mĂšre/enfant B. Golse.Si la rencontre pĂšre/enfant se prĂ©pare dans la tĂȘte de la mĂšre, elle a aussi lieu dans la rĂ©alitĂ©, dĂšs l’aube de la vie de l’enfant le pĂšre prĂ©sente des fonctions spĂ©cifiques en soi de par les diffĂ©rences sexuĂ©es qu’il prĂ©sente par rapport Ă  la mĂšre. Son implication est prĂ©coce, directe, diffĂ©renciĂ©e et multidimensionnelle J. Le Camus. La relation pĂšre/enfant est importante en soi et il y a un attachement spĂ©cifique pĂšre/enfant renvoyant Ă  des mĂ©canismes d’action fondamentalement diffĂ©rents de ceux sous-tendant l’attachement mĂšre/enfant ils sont basĂ©s sur les jeux de lutte physique. Il s’agit d’une relation d’activation D. Paquette dont la spĂ©cificitĂ© consiste en l’ouverture au monde et en la stimulation par l’apprentissage du risque et de la dĂ©couverte de ce qui est extĂ©rieur et nouveau. Les apports du pĂšre sont conçus dans un modĂšle de complĂ©mentaritĂ© parentale par rapport aux apports de la mĂšre D. Paquette, tout en ayant en tĂȘte la circularitĂ© des influences pĂšre/mĂšre/enfant et l’importance d’une parentalitĂ© de qualitĂ© M. E. Lamb. On parle aussi de processus de parentalisation rĂ©ciproque J. Le Camus.C’est lĂ  qu’il faut souligner la boucle de notre parcours le retour vers l’univers psychanalytique de l’intrapsychique pour y ramener les acquis de la psychologie dĂ©veloppementale et les penser dans l’articulation des fonctions psychiques du pĂšre. Notamment en ce qui concerne la fonction de triangulation, puisque rappelons-nous notre question de dĂ©part qu’est-ce qu’un tiers au quotidien ?Par delĂ  la diversitĂ© bien documentĂ©e des diffĂ©rentes fonctions spĂ©cifiques du pĂšre dĂ©crites par la psychologie du dĂ©veloppement, on ne peut rĂ©duire la relation pĂšre/enfant Ă  une relation de tendresse mutuelle. Il y a une dimension symbolique liĂ©e Ă  la triangulation, et en fonction des univers dans lesquels on se trouve, elle n’est pas dĂ©crite de la mĂȘme façon. La psychologie du dĂ©veloppement souligne les diffĂ©rences pĂšre/mĂšre, formulĂ©es de façon la plus aboutie par J. Le Camus 2001 sous forme d’une altĂ©ritĂ© dont on reconnaĂźt la valence sexuĂ©e pĂšre et mĂšre ont des spĂ©cificitĂ©s sexuĂ©es dans ce qu’ils apportent Ă  l’enfant dans les diffĂ©rentes sphĂšres de son dĂ©veloppement. Pour la psychologie du dĂ©veloppement, le tiers semble donc s’originer d’un effet d’altĂ©ritĂ© sexuĂ©e on parle de tiers prĂ©symbolique ou proto-symbolique J. Le Camus, 2001. Quant aux recherches empiriques anglo-saxonnes, elles n’évoquent pas directement la question du tiers celle-ci reste sous-jacente aux mentions de l’impact de la relation maritale sur l’implication paternelle, de contextualisation par la relation maritale M. E. Lamb, sans pousser plus loin l’ psychanalyse est la seule Ă  rappeler clairement l’existence d’une conjugalitĂ© entre les parents jouant une fonction psychique pour l’enfant celle d’avoir Ă  amĂ©nager une oscillation entre des enjeux d’exclusion et des enjeux d’inclusion, qu’il va falloir psychiquement Ă©laborer. Et c’est lĂ  l’essence mĂȘme de la triangulation au quotidien c’est l’exercice rĂ©pĂ©tĂ© de ces enjeux d’exclusion et d’inclusion face Ă  un couple de parents qui possĂšdent entre eux un lien sexuĂ© qui exclut l’enfant mais dont il a Ă©tĂ© issu Ă  un moment de leur histoire. C’est ce qui fait du pĂšre un tiers Ă  la maniĂšre d’un tiers spĂ©cifique prĂ©parĂ© par des tiers prĂ©curseurs, un tiers objet total prĂ©parĂ© par des tiercĂ©itĂ©s partielles B. Golse, 2006, cette triangulation assurĂ©e par la fonction psychique de la conjugalitĂ© des parents est Ă©galement soutenue et prĂ©parĂ©e par la multitude de diffĂ©rences sexuĂ©es existant entre les apports maternels et les apports paternels Ă  l’enfant, dans les diffĂ©rentes sphĂšres de son terme de ce parcours, sur quelles questions restons-nous ? Concernant l’origine du tiers, ce que nous venons de dire du tiers par effet d’altĂ©ritĂ© sexuĂ©e versus par tiercĂ©itĂ© en lien avec la conjugalitĂ© des parents renvoie aux questions suivantes faut-il concevoir les relations triangulĂ©es comme appartenant Ă  une ligne de dĂ©veloppement diffĂ©rente de celle des relations dyadiques K. Von Klitzing, 1999, rendant ainsi caduque le modĂšle sĂ©quentiel de S. Freud ? Le tiers est-il Ă  comprendre comme une structure toujours-dĂ©jĂ -lĂ  » ou comme un processus B. Golse, 2006 ? Comment imaginer la rencontre du tiers qui vient de l’extĂ©rieur et du tiers qui vient de l’intĂ©rieur ? Nous avons plongĂ© dans la mĂ©tapsychologie de la triangulation dans un autre article R. NoĂ«l et F. Cyr, 2009.Suite au dĂ©veloppement des conceptions de la relation pĂšre/enfant et des recherches sur les triangles pĂšre/mĂšre/enfant, faut-il penser moderniser les reprĂ©sentations de l’ƒdipe ? Le pĂšre comme tiers spĂ©cifique prĂ©parĂ© par des tiers prĂ©curseurs, le pĂšre sĂ©parateur et diffĂ©renciateur mais aussi rĂ©parateur et protecteur de la relation mĂšre/enfant B. Golse, 2006, l’ƒdipe comme moment culminant sur un continuum d’expĂ©riences triangulĂ©es K. Von Klitzing, 1999, H. R. Brickman, 1993, les triangulations normatives versus pathologiques, comment penser les familles dans leurs nouvelles structures en mutation ? Quels sont les ingrĂ©dients familiaux nĂ©cessaires au bon dĂ©veloppement Ă©motionnel de l’enfant ? Comment les dĂ©finir ? Comment la question du tiers peut-elle nous aider Ă  mettre de l’ordre dans cette question ? Un autre de nos articles tente de dĂ©velopper le paradigme du tiers comme moyen d’évaluer ces familles Ă  gĂ©omĂ©trie variable R. NoĂ«l, 2008.Enfin, nous pourrions terminer sur l’idĂ©e du paradoxe crĂ©atif pour dĂ©crire l’oscillation entre l’inclusion et l’exclusion dans l’expĂ©rience quotidienne de la triangulation. Et toujours en rĂ©fĂ©rence Ă  la pensĂ©e de D. W. Winnicott 1975, nous pourrions Ă©voquer une transitionnalitĂ© de la triangulation espace intermĂ©diaire dans lequel la question de l’origine du tiers serait suspendue d’oĂč vient le tiers ? de l’extĂ©rieur ou de l’intĂ©rieur ?, afin d’en favoriser l’expĂ©rience. ExpĂ©rimenter le tiers, vivre les liens Ă  trois sans se demander d’oĂč vient le tiers, un peu comme s’il Ă©tait Ă  la fois dedans et dehors, pour chacun des membres du alors avec cette idĂ©e d’une transitionnalitĂ© de la triangulation Ă  vivre dans la relation Ă  l’autre, nouant Ă  la fois le registre du fantasme univers intrapsychique et le registre de la rĂ©alitĂ© univers interpersonnel. Ainsi, pour faire suite au titre de cet article le pĂšre, entre la parole de la mĂšre et la rĂ©alitĂ© du lien Ă  l’enfant », nous dirions maintenant le pĂšre, vers la rĂ©alitĂ© du lien Ă  l’enfant et vers la rĂ©alitĂ© du lien Ă  la mĂšre, parent le faisant parent et femme avec laquelle, comme homme, il vit une E. L. 1975, Some further observations and comments on the earliest role of the father, International Journal of Psycho-Analysis, 56, M. et al. 1978, Patterns of Attachment. A Psychological Study of Strange Situation, New Jersey, M. 1982, Attachment Retrospect and prospect, in C. M. Parkes et J. Stevenson-Hinde Ă©d., The Place of Attachment in Human Behavior, New York, Basic Books, p. 1989, Fonctions freudiennes du pĂšre, in Le pĂšre. MĂ©taphore paternelle et fonctions du pĂšre l’Interdit, la Filiation, la Transmission, Paris, DenoĂ«l, L’espace analytique », p. E. 1964, Notes on infant observation in psychoanalytic training. 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L’espace potentiel, Paris, Gallimard, Connaissance de l’inconscient ».Zaouche-Gaudron C. 2001, Introduction, in C. Zaouche-Gaudron dir., La problĂ©matique paternelle p. 9-19, Toulouse, ÉrĂšs.
UnproblĂšme avec les hommes, rapport au pĂšre? Bonjour Ă  tous, J'ai 27 ans et depuis que j'ai 15 ans je n'ai cessĂ© d'ĂȘtre en couple. J'ai vĂ©cu trois grandes histoires d'amour (entrecoupĂ©es de rupture durant lesquelles j'ai eu des histoires plus brĂšves). Bref, je n'ai jamais Ă©tĂ© seule et j'ai toujours retrouvĂ© rapidement une relation
L’analyse de deux femmes et de leurs rĂȘves montre comment celles-ci, par une reconnaissance de ce qui les enfermait dans une attitude rigide et unilatĂ©rale, ont pu rencontrer des valeurs paternelles, vĂ©cues jusqu’ici comme nĂ©gatives parce qu’interdites par la mĂšre. Ces valeurs par dĂ©placement de l’énergie ont pu accĂ©der Ă  la conscience, et par ce biais devenir utilisables dans le vĂ©cu. On voit comment la fille peut retrouver le chemin du pĂšre, en rapport avec le sentiment entendu comme fonction d’évaluation, et s’arracher ainsi de la confusion avec la MĂšre. Mots-clĂ©s Antigone Cordelia Femme Mythologie PĂšre RĂȘve Sentiment
Lasolution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 7 lettres et commence par la lettre S. CodyCross Solution pour PRÉNOM DE FREUD, LE PÈRE DE LA PSYCHANALYSE de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes
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Baruchde Spinoza naüt le 24 novembre 1632 à Amsterdam, dans une famille juive d’origine portugaise. Son pùre, Michael, est un marchand prospùre qui commercialise du
Abstract Index Outline Author's notes Text Bibliography Notes References About the author Abstracts Il s’agit de tirer quelques enseignements de la discussion relativement oubliĂ©e, entre Claude LĂ©vi-Strauss et Jacques Lacan. Le problĂšme porte essentiellement autour de la dĂ©finition de la notion du symbolique pour les deux auteurs puisque cette notion est toujours paradigmatique dans les deux disciplines, que sont l’anthropologie et la psychanalyse, sans pour autant ĂȘtre vĂ©ritablement Ă©quivalente. Il s’agit d’éclairer ces rapports disciplinaires, tant au niveau Ă©pistĂ©mologique qu’au niveau historique, notamment Ă  partir des donnĂ©es de la clinique psychanalytique, comparables, dans une certaine mesure, aux problĂšmes relatifs au terrain ethnographique. Car au delĂ  de leurs diffĂ©rences, la psychanalyse et l’anthropologie, n’ont‑elles pas en partage le paradigme symbolique contre le rĂ©ductionnisme naturaliste ou cognitivo‑comportemental qui prĂ©tend aujourd’hui monopoliser l’espace de la lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mique ? This article aims to draw some lessons from a relatively forgotten discussion between Claude LĂ©vi-Strauss and Jacques Lacan. The problem is essentially that of the definition of the symbolic order symbolique. Indeed, this notion is always paradigmatic in their respective disciplines, without really being equivalent. Beyond their differences, do not psychoanalysis and anthropology share the symbolic paradigm against a naturalist or cognitive-behavioural reductionism that claims nowadays to monopolize the space of epistemic legitimacy? The article aims to clarify these disciplinary relations, on the epistemic level well as on the historical level, in particular using data from psychoanalytical psychiatry, which are partly comparable to problems relating to ethnographic fieldwork. Top of page Author's notes Je remercie chaleureusement RĂ©mi Bordes, sans qui, le prĂ©sent article n’aurait pas pu voir le jour, ni mĂȘme ĂȘtre Ă©crit. Ce dernier s’inscrit dans l’ouvrage collectif qu’il a dirigĂ©, Dire les maux 2008. Full text J’ai posĂ© la question suivante – le fonctionnement de la PensĂ©e sauvage, mis par LĂ©vi‑Strauss Ă  la base des statuts de la sociĂ©tĂ©, est un inconscient, mais suffit‑il Ă  loger l’inconscient comme tel ? Et s’il y parvient, loge‑t‑il l’inconscient freudien ? Lacan, 1990 [1964] 1 Nous entendons le terme de symbolique, ou de paradigme symbolique », au sens gĂ©nĂ©ral oĂč il s’op ... 1On a souvent tendance Ă  oublier qu’à cette charniĂšre du XIXe et du XXe siĂšcle qui voit l’avĂšnement de nos sciences humaines actuelles, il Ă©tait alors question plutĂŽt de sciences de l’homme » et non pas de sciences humaines ». Le glissement sĂ©mantique, on le sait, a toute son importance puisqu’il signe un changement de paradigme celui d’une anthropologie biologique Ă  une anthropologie qui s’intĂ©resse Ă  la dimension symbolique1. 2 D’aprĂšs ces doctrines, le trouble psychique Ă©tait dĂ» Ă  processus neuro‑dĂ©gĂ©nĂ©ratif. 3 Il faut rappeler que Durkheim, fondateur de la sociologie, tout comme Ribot, fondateur de la psyc ... 2Or historiquement, la psychanalyse occupe une place assez singuliĂšre parmi les autres sciences humaines » elle se tient, pourrait‑on dire, sur le front » d’un champ de bataille par lequel celles‑ci se dĂ©tachĂšrent du paradigme naturaliste. En effet, Ă  l’époque de Freud, le monopole de la lĂ©gitimitĂ© psychiatrique Ă©tait dĂ©tenu par une clinique biomĂ©dicale dominĂ©e par la doctrine de la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de Kraepelin, la psychophysiologie et le scientisme en gĂ©nĂ©ral2. LĂ  oĂč par dĂ©finition, l’on n’avait affaire qu’à des corps‑objets » ou Ă  des comportements, la psychanalyse va s’occuper de la parole du sujet » et introduire la dimension du symbolique. DĂšs son apparition, cette discipline eut certainement, plus que toute autre de ses consƓurs, Ă  croiser le fer avec les conceptions naturalistes ou scientistes qui constituaient par dĂ©finition l’horizon Ă©pistĂ©mologique, oĂč pourtant elle entendait se dĂ©ployer – rappelons que Freud, contrairement Ă  la plupart des fondateurs des sciences humaines, n’était pas philosophe3, mais mĂ©decin, et il en fut de mĂȘme pour Lacan. À cet Ă©gard, l’avĂšnement de l’anthropologie culturelle relĂšve davantage d’une coupure Ă©pistĂ©mologique et institutionnelle que du combat de rue » que dĂ»t mener dans son domaine la psychanalyse, et qu’elle doit mener encore Ă  l’heure actuelle pour exister elle est d’abord et toujours une immixtion dans le terrain de la psychiatrie biomĂ©dicale, elle est aussi un geste critique contre tout rĂ©ductionnisme scientifique, fĂ»t‑il aujourd’hui comportemental ou cognitiviste. C’est Ă  partir de cette idĂ©e selon laquelle il existe une certaine exemplaritĂ© Ă©pistĂ©mologique de sa situation que nous souhaitons commencer notre investigation. 3En effet, si l’on admet que la psychanalyse, plus que toute autre discipline, eut Ă  s’affronter aux rĂ©ductionnismes et aux scientismes de toutes sortes et que c’est sa condition mĂȘme, l’élucidation de cette situation, tout en jetant quelques lumiĂšres sur la nature de son paradigme symbolique », ne pourrait‑elle pas, par la mĂȘme occasion, jeter aussi quelques lumiĂšres sur le paradigme symbolique » anthropologique ? Car s’il est vrai que le symbolique » du psychanalyste n’est pas exactement la mĂȘme chose que le symbolique » de l’anthropologue, et que se marque par lĂ  une grande partie de leurs diffĂ©rences disciplinaires que tous deux dĂ©fendent bien souvent becs et ongles », il n’en demeure pas moins que tous deux reconnaissent Ă  cette catĂ©gorie une valeur Ă©pistĂ©mologique fondamentale, ne serait‑ce, a minima, que pour se distinguer des perspectives naturalistes, biomĂ©dicales et scientistes. Donc, qu’en est‑il de cette notion de symbolique » que manipule aussi bien l’anthropologue que le psychanalyste ? Il semble important de revenir aux fondements de ce paradigme, dans la mesure oĂč il est ce qui les rassemble, d’un certain point de vue, en une mĂȘme communautĂ© scientifique ». 4 La citation complĂšte mĂ©rite l’attention pour donner un aperçu de son propos Il n’y a pas d’au ... 5 Sur ces questions on se reportera Ă  l’excellente critique de Bernard Juillerat 2001 9-38 conc ... 6 C’est notamment le cas du trĂšs mĂ©diatisĂ© Livre noir de la psychanalyse oĂč les auteurs, aprĂšs avoi ... 7 Comment ne pas voir que les rĂ©cents dĂ©bats autour de l’efficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalys ... 4Enfin, last but not least, ce questionnement Ă©pistĂ©mologique fondamental, au‑delĂ  de son intĂ©rĂȘt spĂ©cifique, paraĂźt d’autant plus pertinent qu’on assiste aujourd’hui prĂ©cisĂ©ment Ă  ce qu’il faut bien appeler une renaissance du scientisme. Si les sciences humaines purent s’en dĂ©faire au cours de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle comme nous l’avons Ă©voquĂ©, force est de constater qu’il est de nouveau de mode dans toutes les disciplines. On le trouve aussi bien Ă  l’Ɠuvre dans l’anthropologie cognitiviste, telle celle que Dan Sperber dĂ©veloppe depuis les annĂ©es 90 Sperber, 1987, 1996, et selon laquelle il n’y a pas d’exception aux lois de la physique » puisque dans le social, on est confrontĂ© au mĂȘme matĂ©riel »4 de telles dĂ©clarations laissent songeur
5, qu’en psychologie, oĂč se dĂ©veloppe l’approche cognitivo‑comportementaliste. Par exemple, pour Varela ou Dortier, l’inconscient ne peut ĂȘtre que cognitif, c’est‑à‑dire confondu avec les automatismes mentaux » Dortier, 1999 ; Varela, Thompson & Rosch, 1999. Il est Ă©vident que ces courants relĂšvent d’un phĂ©nomĂšne rĂ©pandu. Il s’agit explicitement d’éradiquer la psychanalyse du champ de la lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mologique et clinique6, tout comme l’anthropologie cognitive cherche Ă  arraisonner l’anthropologie culturelle et symbolique. Et n’est‑ce pas ce que fait aussi la biomĂ©decine lorsque, contre l’anthropologie mĂ©dicale, elle prĂ©tend garder le monopole de la lĂ©gitimitĂ© thĂ©rapeutique ? Ce sont les mĂȘmes tendances que l’on constate dans le champ psy » et dans le champ anthropologique7. Les interrogations Ă©pistĂ©mologiques que nous tenterons de soulever sont donc d’autant plus d’actualitĂ© que tous ces nouveaux » courants partagent un certain idĂ©al de science avec les sciences naturelles, duquel nos disciplines se distinguent. Ce questionnement sur le paradigme symbolique s’inscrit dans une certaine urgence par rapport Ă  un contexte thĂ©orique et politique dont on comprendra que l’on ne pouvait le passer sous silence. 8 C’est le cas d’une lecture qui semble devenir frĂ©quente et qui, mĂȘme si elle est incontestablemen ... 9 En effet, les rapports de Lacan Ă  LĂ©vi‑Strauss ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remarquablement explorĂ©s mais de mani ... 5Il se trouve que la dĂ©finition de cette fonction symbolique » fut discutĂ©e par deux des figures les plus illustres de l’anthropologie et de la psychanalyse Lacan et LĂ©vi‑Strauss. On a gĂ©nĂ©ralement coutume d’associer ces deux Ɠuvres sous la houlette du paradigme structuraliste8 ainsi certaines divergences pourtant essentielles, qui tiennent Ă  une certaine vision du langage, des mots et de leur rapport Ă  la vĂ©ritĂ©, ne sont pas explorĂ©es9. C’est la raison pour laquelle nous reprendrons certains aspects mĂ©connus de la discussion disciplinaire qui eut lieu entre Lacan et LĂ©vi‑Strauss, autour de la dĂ©finition de cette fonction symbolique ». PrĂ©cisons d’emblĂ©e qu’il ne s’agit Ă©videmment pas de rĂ©duire l’anthropologie Ă  LĂ©vi‑Strauss, ni la psychanalyse Ă  Lacan il s’agit simplement de reprendre un dĂ©bat dont certains aspects semblent relativement oubliĂ©s, alors qu’ils sont nĂ©anmoins sans doute des plus fructueux et des plus propices pour tenter d’éclairer certains problĂšmes Ă©pistĂ©mologiques fondamentaux dans nos disciplines, et notamment celle de leur scientificitĂ©. 10 On ne prĂ©sentera pas ici l’ensemble des recherches d’anthropologie psychanalytique qui furent men ... 6Les rapports de l’anthropologie et de la psychanalyse, on le sait, furent houleux, parfois fĂ©conds10. Malheureusement, ils furent le plus souvent de part et d’autres marquĂ©s par le sceau du soupçon. Pourtant, on ne peut nier une certaine similaritĂ© entre les deux dĂ©marches la situation ethnographique vise Ă  explorer les contextes qui permettent de rendre intelligibles les savoirs et les pratiques d’un groupe social ; l’approche analytique opĂšre, en quelque sorte, de la mĂȘme maniĂšre par rapport au sujet car qu’est‑ce donc que la clinique sinon son terrain » ? 11 Depuis L’oedipe africain d’Ortigues 1966 la psychanalyse inspirĂ©e de Lacan n’a pas exprimĂ© gran ... 7Une des rĂ©centes tentatives pour fonder une nouvelle anthropologie psychanalytique » a proposĂ© un socle Ă©pistĂ©mologique Ă  partir duquel il s’agissait de dĂ©finir la pertinence d’un croisement des deux disciplines Bidou, 2001 ; Juillerat, 2001 ; Galinier, 1997. Mais tout en reconnaissant le mĂ©rite Ă©vident de ce projet, on remarque que cette initiative Ă©mane d’abord d’anthropologues qui s’intĂ©ressent Ă  la psychanalyse, et non l’inverse. C’est ainsi que leur point de vue n’est pas d’abord clinique, ce que l’on ne saurait Ă©videmment leur reprocher. De plus, la rĂ©fĂ©rence Ă  Lacan est relativement peu exploitĂ©e11. Or, sans pour autant succomber au lacano‑centrisme », nous voudrions montrer ici que, dans la clinique telle que l’élabora Lacan, rĂ©sident des enjeux Ă©pistĂ©mologiques cruciaux et assez irrĂ©ductibles concernant la nature du symbolique ». Loin de pouvoir ĂȘtre rapportĂ©s Ă  l’épistĂ©mologie de LĂ©vi‑Strauss, ces deniers ne sont pas sans rappeler les questionnements rĂ©flexifs relatifs Ă  l’obtention des donnĂ©es de terrain soulevĂ©es par les anthropologues contemporains. 12 On pense ici notamment Ă  l’ouvrage de Favret‑Saada qui fit date, Les mots, la mort, les sorts l ... 8En effet, pour Ă©rudits qu’il furent, les anthropologues fondateurs, Ă©taient avant tout des anthropologues de cabinet » ils compilaient les donnĂ©es collectĂ©es par d’autres, Ă  partir desquelles ils Ă©chafaudaient leurs thĂ©ories. Or cette posture mĂ©thodologique » ne fut pas sans effet, et c’est peut‑ĂȘtre l’anthropologie contemporaine ou plus particuliĂšrement celle que l’on appelle postmoderne – Favret-Saada, 197712 qui dĂ©masqua le plus brillamment les illusions de l’ancienne mĂ©thode en exhibant les questions problĂ©matiques du terrain ethnographiques. Non seulement les catĂ©gories sociales classiques ne sont pas lĂ©gitimes puisqu’elles tendent Ă  rĂ©ifier les agents sociaux, mais de surcroĂźt ces derniers s’avĂšrent aussi ĂȘtre des acteurs capables de stratĂ©gies et impliquĂ©s dans des jeux de langage dans lequel l’ethnologue, lui‑mĂȘme, se trouve pris. Or, on peut avancer qu’à l’instar du terrain ethnographique tel qu’il se pratique aujourd’hui, la possibilitĂ© de toute clinique repose prĂ©cisĂ©ment sur de semblables jeux de langage et sur la place qu’y prennent le sujet et son analyste. On pourrait dire que, en quelque sorte, c’est ce que Lacan explorera notamment sous le thĂšme de l’éthique de la psychanalyse ». Mais ce questionnement n’était-il pas inĂ©luctable Ă  partir du moment oĂč le pĂšre fondateur de la psychanalyse, invente sa discipline prĂ©cisĂ©ment au contact de son terrain », la clinique de l’hystĂ©rie Freud, 1895 ? 13 Mieux encore, comme on le sait, elle‑mĂȘme en dĂ©pend la production des faits de laboratoire s’in ... 9De ce dernier point de vue, on ne peut nier que l’approche biomĂ©dicale comme l’approche cognitivo‑comportementale du sujet semblent bien Ă©loignĂ©es de cette commune perspective d’une part, elles ne permettent pas de rendre compte de la complexitĂ© Ă©laborĂ©e par les acteurs sociaux, complexitĂ© qui s’inscrit d’abord dans des faits de langage, de langue et de parole13; d’autre part, elles nient leur place subjective. Ces approches se rĂ©vĂšlent en cela dĂ©positaires d’une conception Ă©pistĂ©mologique dangereusement naĂŻve, dont on verra que la conception de la fonction symbolique de LĂ©vi‑Strauss n’est pas exempte. En d’autres termes, lĂ  oĂč LĂ©vi‑Strauss Ă©choue comme le montra la critique postmoderne, Lacan reste d’actualitĂ©. 10Nous rappellerons d’abord les enseignements de l’expĂ©rience clinique psychanalytique sur la question de la parole du sujet. Puis nous aborderons la conception du symbolique chez LĂ©vi‑Strauss que nous comparerons avec celle de Lacan. Enfin, nous essaierons de dĂ©gager quelques perspectives Ă  partir des avancĂ©s proposĂ©es par l’anthropologie postmoderne et leurs implications pour la psychanalyse dans un ultime renversement si la psychanalyse traque les illusions, ne peut‑on pas voir, en regard de certaines recherches contemporaines, qu’elle n’en n’est pas elle‑mĂȘme exempte ? La parole du sujet 14 Comme nous le verrons Lacan dĂ©veloppe un certain rapport de la psychanalyse Ă  la science. Il ne s ... 11Il y a une chose de laquelle le psychanalyste ne saurait se dĂ©tourner sans se renier lui‑mĂȘme la clinique. C’est certainement un curieux paradoxe, comme nous l’avons indiquĂ© en prĂ©ambule, que la clinique psychanalytique ait pu apparaĂźtre, puis fleurir », sur la terre aride d’une psychiatrie exclusivement biomĂ©dicale. Si le scientisme imposait au mĂ©decin cet Ă©tonnant mĂ©pris de la rĂ©alitĂ© psychique [
], c’est aussi d’un mĂ©decin que devait venir la nĂ©gation du point de vue lui-mĂȘme »14 en tant qu’il est le praticien par excellence de la vie intime » Lacan, 1966b. C’est Freud, qui fit ce pas fĂ©cond sans doute parce qu’ainsi qu’il en tĂ©moigne dans son autobiographie, il y fut dĂ©terminĂ© par son souci de guĂ©rir [
] » idem. 12Aussi, Ă  l’instar des autres sciences humaines, la psychanalyse se dĂ©tache du paradigme anthropologique naturaliste de l’époque pour des raisons singuliĂšres il s’agit des exigences cliniques. Freud prend au sĂ©rieux la plainte de ses patientes, et paradoxalement ce sont elles qui vont l’enseigner. L’évanouissement de ses patientes ne relĂšve pas d’une causalitĂ© organique, il s’agit en quelque sorte d’une maladie par reprĂ©sentation » Laplanche & Pontalis, 1967 qui se caractĂ©rise par le mĂ©canisme de conversion » Freud, 1894 [
] ce qui spĂ©cifie les symptĂŽmes de la conversion, c’est leur signification symbolique ils expriment par le corps, des reprĂ©sentations refoulĂ©es » Laplanche & Pontalis, op. cit.. 13C’est ainsi qu’aprĂšs l’hypnose et l’enjeu cathartique de la cure, afin de s’écarter de la suggestion, c’est la talking cure qui s’impose. Seule la parole tĂ©moigne de la rĂ©alitĂ© psychique de l’hystĂ©rique. Ainsi, il va leur rendre la dignitĂ© de sujet de laquelle elles Ă©taient gĂ©nĂ©ralement dĂ©chues dans ces lieux en les Ă©coutant. 15 Cette affirmation mĂ©riterait bien entendu de plus longs dĂ©veloppements, que nous n’avons pas les ... 16 C’est‑à‑dire au sens oĂč l’on parle d’une science physique. 14Cette attention au sujet est le rĂ©quisit clinique de la psychanalyse. L’introduction de la dimension symbolique en tant que causalitĂ© irrĂ©ductible Ă  une causalitĂ© organique au sein de l’institution asilaire passe par la figure du psychanalyste, et plus tard du psychologue. C’est lĂ , en quelque sorte, un humanisme le psychanalyste est un humaniste Ă  l’hĂŽpital, ce qui est une vĂ©ritable rĂ©volution copernicienne dans le champ des pratiques asilaires15. Ainsi, si l’écoute psychanalytique ne se fait pas au hasard, elle ne relĂšve pas de la science au sens moderne du terme16. Elle semble mĂȘme revĂȘtir certains aspects anti-mĂ©thodiques Nous ne devons attacher d’importance particuliĂšre Ă  rien de ce que nous entendons et il convient que nous prĂȘtions Ă  tout la mĂȘme attention "flottante", suivant l’expression que j’ai adoptĂ©. On Ă©conomise ainsi un effort d’attention
 et on Ă©chappe ainsi au danger insĂ©parable de toute attention voulue, celui de choisir parmi les matĂ©riaux fournis. C’est en effet ce qui arrive quand on fixe Ă  dessein son attention l’analyste grave en sa mĂ©moire tel point qui le frappe en Ă©limine tel autre, et ce choix est dĂ©terminĂ© par des expectatives et des tendances. C’est justement ce qu’il faut Ă©viter ; en conformant son choix Ă  son expectative, l’on court le risque de ne trouver que ce que l’on savait d’avance. En obĂ©issant Ă  ses propres inclinations, le praticien falsifie tout ce qui lui est offert » Freud, 1999. 15En d’autres termes, cette mĂ©thode particuliĂšre d’écoute place la psychanalyse dans un rapport au savoir et Ă  la science qui est inĂ©dit. En effet, le mĂ©decin doit faire fi de son savoir pour s’ouvrir Ă  la singularitĂ© du sujet, Ă  sa vĂ©ritĂ©, et dans cette quĂȘte, la parole seule est son alliĂ©. Le thĂ©rapeute n’est pas l’heureux bĂ©nĂ©ficiaire d’une science qui correspondrait au rĂ©el de la souffrance qui se prĂ©sente Ă  lui et qu’il conviendrait, suivant certains arrangements, d’ajuster ici et lĂ , en fonction de la particularitĂ© d’un sujet. À l’instar d’un certain nombre de philosophies classiques du doute de Descartes, Ă  l’épochĂš d’Husserl, le geste de l’analyste est celui de la suspension du savoir admis. Celui‑ci, pour entendre et bien entendre c’est‑à‑dire Ă©couter, doit oublier son savoir, en faire table rase. Loin d’incarner le maĂźtre des significations qui trĂŽnerait en majestĂ© du haut de son savoir, loin d’ĂȘtre le dĂ©positaire d’un sens qui pourrait se rĂ©soudre dans une Ă©conomie enfin rĂ©alisĂ©e, il est, lui aussi, partie de cet espace qui s’inaugure dans la sĂ©ance. Le psychanalyste ne peut, tel Ulysse attachĂ© Ă  son mĂąt, jouir du spectacle des sirĂšnes sans risques et sans en accepter les consĂ©quences » Blanchot citĂ© par Barthes, 1995b. L’espace analytique n’appartient pas en propre Ă  l’analyste mais le dĂ©passe dans un je‑ne‑sais‑quoi » mais c’est dans cette irrĂ©ductibilitĂ© que la guĂ©rison pourra trouver ses voies Ă  venir. Le savoir ne rĂ©sout pas la clinique, la pratique lui Ă©chappe inlassablement. Ainsi, si le savoir psychanalytique possĂšde quelque consistance, il la trouve parce qu’il est ouvert sur une pratique qui le met toujours en demeure. 16C’est la raison pour laquelle l’association libre implique de tout dire » selon une loi de non‑omission dans la mesure oĂč tout Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre porteur de signification loi de non systĂ©matisation. On ne peut nier que les rĂšgles de cette Ă©coute vont Ă  l’encontre de l’idĂ©al de science. GuĂ©rir par les mots, c’est une activitĂ© par oĂč [
] il faut reconnaĂźtre l’intelligence mĂȘme de la rĂ©alitĂ© humaine, en tant qu’elle s’applique Ă  la transformer » Lacan, 1966b. Le psychanalyste cherche Ă  apprendre et Ă  faire apprendre au sujet Ă  reconnaĂźtre son histoire. Il s’agit, ni plus ni moins d’ [
] aider le sujet Ă  parfaire l’historisation actuelle des faits qui ont dĂ©terminĂ© dĂ©jĂ  dans son existence un certain nombre de tournants historiques. Mais s’ils ont eu ce rĂŽle, c’est dĂ©jĂ  en tant que faits d’histoire, c’est‑à‑dire en tant que faits reconnus dans un certain sens ou censurĂ©s dans un certain ordre » Lacan, 1966a. Ainsi, l’écoute psychanalytique suppose que le psychanalyste sache entendre ce que le discours du patient veut dire un silence peut devenir signifiant, le rĂ©cit d’une histoire quotidienne peut ĂȘtre pris pour un apologue et un lapsus peut ĂȘtre la marque d’un dĂ©sir. On parlera de la ponctuation » heureuse du psychanalyste qui vient faire signe au discours du patient afin de porter Ă  sa conscience les nƓuds par lesquels il se trouve coincĂ© ». La raison en est que l’inconscient est le chapitre censurĂ© de l’histoire du sujet. Ainsi l’anamnĂšse psychanalytique, les conjectures sur le passĂ© du patient n’ont d’autre but que de libĂ©rer l’avenir, de dĂ©nouer la souffrance l’effet d’une parole pleine est de rĂ©ordonner les contingences passĂ©es en leur donnant le sens des nĂ©cessitĂ©s Ă  venir, telles que le constitue le lieu par oĂč le sujet les fait prĂ©sentes » ibid..C’est lĂ  tout le propos de la psychanalyse reconstruire l’histoire du sujet dans sa parole. Car ni le dĂ©sir, ni l’histoire ne sont dĂ©terminĂ©s par la nature. Les pĂ©ripĂ©ties de la subjectivitĂ© ne sont que des stigmates historiques et jamais des stades instinctuels. Dans cette hĂŽtellerie du signifiant » l’écoute du psychanalyste aboutit Ă  une reconnaissance celle du dĂ©sir de l’autre Barthes, 1995a. 17On voit bien que l’espace analytique est irrĂ©ductible au savoir qui pourtant a permis de l’ouvrir. C’est sous le signe de la singularitĂ© que se joue la thĂ©rapie, et c’est sous ce signe Ă©trange, qui traverse dans son entier le corps de l’espace analytique, que le thĂ©rapeute lui‑mĂȘme se trouve. On pourrait mĂȘme dire, non sans quelque provocation, que lui et son patient s’y trouvent de ce point de vue logĂ©s Ă  la mĂȘme enseigne. 18Ainsi, [
] l’expĂ©rience analytique n’est pas dĂ©cisivement objectivable. Elle implique toujours au sein d’elle‑mĂȘme l’émergence d’une vĂ©ritĂ© qui ne peut ĂȘtre dite, puisque ce qui la constitue c’est la parole, et qu’il faudrait en quelque sorte dire la parole elle-mĂȘme, ce qui est Ă  proprement parler ce qui ne peut pas ĂȘtre dit en tant que parole » Lacan, 1953. Il y a donc une disjonction entre le savoir scientifique » et la vĂ©ritĂ© de la parole », qui est au cƓur de la clinique psychanalytique et qui se trouve posĂ©e comme condition de son avĂšnement. 19Évidemment, une telle prĂ©sentation de la psychanalyse Ă©loigne grandement celle‑ci de l’anthropologie classique. La psychanalyse s’occupe de la singularitĂ© du sujet, dans un savoir dont la formalisation scientifique semble bien dĂšs lors s’avĂ©rer impossible, alors que l’anthropologie s’occupe des reprĂ©sentations collectives, dont elle prĂ©tend ĂȘtre Ă  mĂȘme de rendre compte, voire de formaliser. DĂšs lors, si la psychanalyse ne relĂšve pas du savoir de la science, on comprend qu’elle puisse ĂȘtre conçue par l’anthropologie comme une pratique qui relĂšve d’une simple efficacitĂ© symbolique », au mĂȘme titre que de nombreuses autres institutions humaines que l’anthropologue est amenĂ© Ă  dĂ©crire. Nous commençons par lĂ  Ă  entrer dans le cƓur de ce que nous appellerons volontairement la polĂ©mique » de Lacan et de LĂ©vi‑Strauss. En choisissant un tel terme, il s’agit de se dĂ©marquer de l’idĂ©e selon laquelle ces deux auteurs seraient en accord ou que l’on pourrait ramener l’un Ă  l’autre. À mettre trop l’accent sur un certain structuralisme thĂ©orique qu’ils partagĂšrent un temps, on oublie qu’ailleurs se jouaient certaines diffĂ©rences essentielles qui allaient marquer le destin des disciplines. Le chaman et le psychanalyste anthropologie de la psychanalyse 17 Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences, ces deux auteurs plutĂŽt tenus Ă  l’écart du dĂ©bat aujourd’hui post ... 20La rĂ©fĂ©rence est connue. LĂ©vi‑Strauss fait une comparaison du chaman avec le psychanalyste en 1949 dans un article intitulĂ© L’efficacitĂ© symbolique », qu’il dĂ©die Ă  Ferdinand de Saussure 1949a. ConfrontĂ© Ă  la mystĂ©rieuse efficacitĂ© de la cure chamanique, l’anthropologue dĂ©veloppe une explication intellectualiste, s’écartant des approches anthropologiques classiques de la magie des annĂ©es trente LĂ©vy‑Bruhl, 1922 ; De Martino, 199917. 21La cure opĂ©rĂ©e par le chaman consiste, selon LĂ©vi‑Strauss, Ă  rendre pensable » et acceptable » une situation insupportable pour le patient qui souffre » dans son corps. L’intervention du chaman va consister Ă  intervenir de telle sorte Ă  rĂ©soudre le conflit. Pour LĂ©vi‑Strauss, le chaman est une sorte de mĂ©diateur entre le rĂ©el d’un corps qui souffre et le dĂ©sarroi psychique du malade. Il s’agit pour lui, par le truchement de son discours mythologique, de donner une forme narrative Ă  la maladie rĂ©elle. Que la mythologie du chaman ne corresponde pas Ă  une rĂ©alitĂ© objective ne compte pas, rajoute LĂ©vi‑Strauss ce qui compte, c’est que le malade et la communautĂ© y croient. 22Alors que dans la biomĂ©decine, l’explication faite au patient de la cause de son dĂ©sordre, recourant Ă  des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs comme les sĂ©crĂ©tions et les microbes, induit peu d’effets sur sa guĂ©rison, le discours mythologique du chaman qui dĂ©signe monstres et esprits malfaisants comme cause de la maladie, lui, guĂ©rit. Étrange paradoxe, commente LĂ©vi‑Strauss, dont la raison tient Ă  ce que dans un cas les relations de cause Ă  effet sont extĂ©rieures Ă  l’esprit du patient, tandis que dans l’autre les relations de cause Ă  effet sont internes Ă  l’esprit. Le chaman fournit Ă  sa patiente un langage qui permet de symboliser la souffrance. Alors que celle‑ci Ă©tait inexplicable, qu’elle venait perturber l’ordre naturel, l’intervention du chaman consiste Ă  la rĂ©inscrire dans l’ordre symbolique. Le chaman, par l’expression verbale et l’expĂ©rience que permet son intervention, procĂšde ni plus ni moins Ă  une rĂ©organisation symbolique qui a pour issue un dĂ©blocage du processus physiologique. 18 Le concept d’abrĂ©action se trouve essentiellement valorisĂ© dans les premiĂšres Ă©laborations thĂ©ori ... 23Ces considĂ©rations sur l’efficacitĂ© symbolique de la cure chamanique amĂšnent LĂ©vi‑Strauss Ă  la comparer aux ressorts de la technique psychanalytique freudienne. En effet, ne se propose t‑on pas dans les deux cas d’amener Ă  la conscience des conflits et des rĂ©sistances restĂ©s jusque-lĂ  inconscients ? Dans les deux cas, la rĂ©solution des conflits ne se fait pas en raison de la connaissance de la cause objective de la maladie, mais bien grĂące Ă  une expĂ©rience au cours de laquelle les Ă©vĂ©nements se rĂ©alisent dans un ordre et sur un plan qui permettent leur libre dĂ©roulement et conduisent Ă  leur dĂ©nouement ». Cette expĂ©rience vĂ©cue en psychanalyse, poursuit LĂ©vi‑Strauss, s’appelle abrĂ©action »18. Le psychanalyste intervient de maniĂšre non provoquĂ©e » par l’intermĂ©diaire du transfert dans les conflits du malade. Il peut dĂšs lors expliciter une situation restĂ©e informulĂ©e. Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences que LĂ©vi‑Strauss ne nie pas dans un premier temps le chaman est un orateur », tandis que le psychanalyste est un auditeur » d’aprĂšs lui, et que, d’autre part, le nĂ©vrosĂ© liquide un mythe individuel » lorsque l’indigĂšne se rĂ©inscrit dans une mythologie collective », nous retrouvons donc dans la figure du psychanalyste le mĂȘme opĂ©rateur que dans celle du chaman. Tous deux agissent en raison du ressort de l’efficacitĂ© de la fonction symbolique. Mais comment rendre compte de l’harmonie du parallĂ©lisme entre mythe et opĂ©rations rĂ©elles ? Comment expliquer que la narration mythologique puisse agir dans la rĂ©alitĂ© objective ? 24Pour rĂ©pondre Ă  cela, LĂ©vi‑Strauss fait l’hypothĂšse d’un isomorphisme anthropologique l’efficacitĂ© symbolique consisterait prĂ©cisĂ©ment dans cette propriĂ©tĂ© inductrice que possĂ©derait les unes par rapports aux autres, des structures formellement homologues pouvant s’édifier, avec des matĂ©riaux diffĂ©rents, aux diffĂ©rents Ă©tages du vivant processus organique, psychisme inconscient, pensĂ©e rĂ©flĂ©chie. La mĂ©taphore poĂ©tique fournit un exemple familier de ce procĂ©dĂ© inducteur » 25LĂ©vi-Strauss ose lĂ  une certaine audace Ă©pistĂ©mologique, en Ă©voquant un tel procĂ©dĂ© inducteur ne pourrait‑on pas parler Ă  cet Ă©gard de mythopoiĂšsis » au sens oĂč en un certain point la nature les processus organiques rejoint les dĂ©terminismes symboliques de la culture ? Évoquant la thĂ©orie linguistique du rapport de signifiant au signifiĂ© pour rendre compte de la relation de l’efficacitĂ© symbolique comme relation de symbole Ă  chose symbolisĂ© », la question porte peut‑ĂȘtre ici sur le statut du signifiĂ© chez LĂ©vi‑Strauss. LĂ©vi‑Strauss ne suppose t-il pas en effet dans une certaine mesure la possibilitĂ© d’un signifiĂ© de la nature » ? Pour sa part, si la psychanalyse ne rĂ©cuse pas la mĂ©taphore poĂ©tique, la question se pose de sa dĂ©termination ou de son extension. 26TrĂšs tĂŽt, Lacan va prĂ©ciser sa position sur cette question du dĂ©terminisme symbolique tout d’abord, comme nous allons le voir, en complexifiant le symbolique promut par LĂ©vi‑Strauss en introduisant sa catĂ©gorie de l’imaginaire, espace irrĂ©ductible du sujet ; puis en dĂ©veloppant la question du symbolique comme relevant exclusivement du langage, de la parole, ou du signifiant. C’est ainsi qu’il coupera court Ă  la causalitĂ© biologique lĂ  oĂč l’on va voir que LĂ©vi‑Strauss penche sĂ©rieusement en la faveur des processus organiques ». Nous allons suivre pas Ă  pas l’émergence de ce dĂ©saccord. La rĂ©ponse » de Lacan parole du sujet et langage de la science en psychanalyse 27DĂšs Le stade du miroir
 » de 1949, Lacan introduit la notion d’efficacitĂ© symbolique » de LĂ©vi‑Strauss. Mais il commence dĂ©jĂ  Ă  la dĂ©former ». S’agit‑il par lĂ  pour Lacan de rĂ©sister Ă  la tentation naturaliste de LĂ©vi‑Strauss ? Toujours est‑il qu’il complexifie le problĂšme en introduisant une nouvelle dimension la dimension imaginaire » qui a rapport Ă  la relation narcissique ou Ă  l’origine imaginaire du moi il s’agit du fameux stade du miroir ». On remarquera que cette notion d’ imaginaire » n’exclut pas la dimension du symbolique » mais s’y articule. On peut dire que la notion d’imaginaire permet Ă  Lacan de dĂ©placer le problĂšme quant Ă  la nature de la dimension symbolique, tout en spĂ©cifiant le levier opĂ©ratoire de la psychanalyse. Il y a pour lui une fonction inaugurale de l’image spĂ©culaire chez l’homme qui spĂ©cifie son rapport Ă  la nature » et du mĂȘme coup l’en Ă©loigne radicalement. Lacan rĂ©pond donc indirectement Ă  l’hypothĂšse de l’isomorphisme de maniĂšre tranchĂ©e À ce point de jonction de la nature et la culture que l’anthropologie de nos jours scrute obstinĂ©ment, seule la psychanalyse reconnaĂźt ce nƓud de servitude imaginaire que l’amour doit toujours redĂ©faire ou trancher » Lacan, 1966d. 19 » Pour les imagos, en effet, dont c’est notre privilĂšge que de voir se profiler, dans notre expĂ©r ... 28La relation de l’homme Ă  la nature est d’abord marquĂ©e par une discontinuitĂ©. Il s’agit d’une discorde primordiale » dont la psychanalyse a le privilĂšge d’apercevoir les mĂ©canismes dans la pĂ©nombre de l’efficacitĂ© symbolique »19. En d’autres termes, pour rendre compte de l’efficacitĂ© symbolique on ne saurait se passer de l’imaginaire du sujet. L’imaginaire lacanien est donc en quelque sorte une complexification du paradigme symbolique. 29S’il n’est pas lieu ici de rentrer dans la spĂ©cificitĂ© des catĂ©gories lacaniennes, ni de suivre leur Ă©volution, on peut en revanche remarquer que le dĂ©placement du concept d’efficacitĂ© symbolique lĂ©vi‑straussien sera solidaire d’une critique de l’idĂ©al de science que Lacan ne cessera de dĂ©velopper en mĂȘme temps qu’il prĂ©cisera le statut de la psychanalyse par rapport Ă  la science. Certains problĂšmes se posent en effet si le sujet est d’abord le rĂ©sultat d’Imagos, qu’en est‑il de la nature du discours qui prĂ©tend rendre compte de ces Imagos ? La fonction symbolique ainsi dĂ©viĂ©e et couplĂ©e Ă  une dimension imaginaire par la psychanalyse, peut‑elle encore prĂ©tendre Ă  une quelconque lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mologique, si la vĂ©ritĂ© dĂ©pend toujours avant tout d’un sujet ? Sans succomber Ă  la tentation hermĂ©neutique, Lacan ne va faire que radicaliser son geste au fil de son Ɠuvre il va ainsi renouveler le rapport de la psychanalyse Ă  la question de la science. 20 MalgrĂ© sa tentative et son rapprochement avec Einstein, il n’échappa au feu de la critique de Pop ... 30Il reprend, en quelque sorte, les questions oĂč Freud en Ă©tait restĂ© et les approfondit. La question que se posait en effet Freud en 1933 Ă©tait en effet la psychanalyse est-elle une Weltanschauung c’est‑à‑dire une conception du monde comme l’est la religion ? Ce dernier chercha Ă  rĂ©pondre par la nĂ©gative en rattachant la psychanalyse Ă  l’émergence d’une Welt scientifique dans l’histoire Freud, 198420. Lacan, en prĂ©cise les rapports et s’écarte en partie de l’évolutionnisme scientifique freudien. Si l’avĂšnement de la psychanalyse est effectivement liĂ© Ă  la naissance de la science, ce n’est pas en tant qu’elle s’insĂšre dans la logique scientifique mais en tant que son champ relĂšve de ce que la science exclut ou rejette. S’il s’agit pour la psychanalyse d’ouvrir un espace irrĂ©ductible Ă  la vĂ©ritĂ© de la parole du sujet, c’est en tant qu’elle entretient un certain rapport au langage de la science qui est un rapport d’exclusion nĂ©cessaire. Évidemment, une telle conception suppose d’élucider plus prĂ©cisĂ©ment ce rapport de la parole que permet la psychanalyse au langage de la science. 21 Nous reprenons ici les analyses classiques de Milner 2000. 22 Des distinctions sont lĂ  encore Ă  faire entre le chaman et le psychanalyste. Pour l’un, il s’agit ... 31Que la science ne s’intĂ©resse qu’au gĂ©nĂ©ral est un constat qui s’impose. Saussure par exemple, pĂšre de la linguistique, cherchait, on le sait, Ă  fonder la science du langage. Ainsi il fut amenĂ© Ă  mettre Ă  jour les rĂ©gularitĂ©s et Ă  exclure de son champ d’investigation toutes les traces de l’irrĂ©gularitĂ© ou de l’accident singulier ». Or c’est prĂ©cisĂ©ment Ă  ces irrĂ©gularitĂ©s que la psychanalyse prĂȘte attention, en tant qu’elles rĂ©vĂšlent le sujet. En cela, le domaine qui intĂ©resse la psychanalyse n’est pas vraiment la linguistique, mais plutĂŽt ce que Lacan appelle la linguisterie », c’est‑à‑dire ce qui a trait Ă  la parole du sujet Lacan, 1972. Aussi son investigation se tient‑elle Ă  la limite de la linguistique qui est Ă©tude du langage Lacan dira d’ailleurs de cette derniĂšre qu’elle ne fraye rien pour l’analyse », car le lieu qui l’intĂ©resse n’est pas d’abord celui de la structure au sens d’une structure de langage qui se rĂ©pĂšte, mais le lieu de l’accident qui la rĂ©vĂšle mot d’esprit ou lapsus langagier qui marquent l’émergence du sujet et de sa parole21. S’il y a psychanalyse, c’est en tant que celle‑ci Ă  affaire Ă  la parole du sujet comme cause, ou encore qu’elle a affaire Ă  la relation de la vĂ©ritĂ© comme cause »22. En d’autres termes, chez Lacan, le signifiĂ© passe sous la barre du signifiant nous n’avons qu’un rapport Ă  ce dernier et non plus au premier. C’est pourtant de ce rapport au signifiant singulier que l’efficacitĂ© symbolique se soutient. 32Ainsi si on a rappelĂ© que LĂ©vi‑Strauss compare non sans raison le chaman et le psychanalyste, Lacan dans un texte moins connu des anthropologues Lacan, 1966c, compare cette fois‑ci, le discours de la science tel que celui auquel prĂ©tend LĂ©vi‑Strauss Ă  un discours religieux, et analyse l’interprĂ©tation faite par LĂ©vi‑Strauss du chaman et de la magie en montrant qu’elle Ă©vacue le sujet. On remarquera d’ailleurs qu’il ne parle pas du rapport du signifiant au signifiĂ© Ă  propos de l’efficacitĂ© symbolique comme LĂ©vi‑Strauss en parlait en 1949, mais du rapport du signifiant au signifiant, glissement qui n’est Ă©videmment pas sans implications. Une fois encore, il dĂ©forme » la perspective de LĂ©vi‑Strauss sur la question du symbolique Sur la magie je pars de cette vue, qui ne laisse pas de flou sur mon obĂ©dience scientifique, mais qui se contente d’une dĂ©finition structuraliste. Elle suppose le signifiant rĂ©pondant comme tel au signifiant c’est nous qui soulignons. Le signifiant dans la nature est appelĂ© par le signifiant dans l’incantation. Il est mobilisĂ© mĂ©taphoriquement. La Chose en tant qu’elle parle rĂ©pond Ă  nos objurgations. C’est pourquoi cet ordre de classifications naturelles que j’ai invoquĂ© de LĂ©vi‑Strauss, laisse dans sa dĂ©finition structurale entrevoir le pont de correspondances par lequel l’opĂ©ration efficace est concevable, sous le mĂȘme mode oĂč elle a Ă©tĂ© conçue ». 33Si, Lacan, malgrĂ© cette lĂ©gĂšre distorsion », reconnaĂźt l’approche structurale de LĂ©vi‑Strauss au sens d’une obĂ©dience scientifique », c’est surtout pour porter sa critique plus loin. Ce n’est pas seulement faire valoir l’absence du signifiĂ© dans le paradigme symbolique dont il est question pour lui. Ce qu’il pointe de maniĂšre critique c’est surtout l’évacuation du sujet singulier dans l’approche structurale, ou autrement dit la nĂ©cessitĂ© pour la science d’exclure le signifiant singulier, champ par excellence de l’investigation de la psychanalyse C’est pourtant lĂ  une rĂ©duction qui y nĂ©glige le sujet. Chacun sait que la mise en Ă©tat du sujet, du sujet chamanique y est essentielle. Observons que le chaman, disons en chair et en os, fait partie de la nature et que le sujet corrĂ©latif de l’opĂ©ration a Ă  se recouper dans ce support corporel. C’est ce mode recoupement qui est exclu du sujet de la science. Seuls ses corrĂ©latifs structuraux dans l’opĂ©ration lui sont repĂ©rables 
 » Lacan, 1966c 351. 34En d’autres termes, le savant anthropologue ne peut accĂ©der Ă  l’essence du chamanisme puisqu’il ne s’intĂ©resse qu’à sa dimension structurale. C’est donc, en quelque sorte, un cadeau empoisonnĂ©e » que Lacan fait Ă  LĂ©vi‑Strauss si le structuralisme est bien du cĂŽtĂ© de la science, ce dernier ne peut qu’échouer Ă  rendre compte du sujet chaman. L’anthropologue ne peut qu’entrevoir le pont de correspondances », mais non rendre compte de la vĂ©ritĂ© de cette relation. On voit donc comment Lacan ne ramĂšne pas la question de l’efficacitĂ© symbolique Ă  celle de la science sinon Ă  sa critique, sans pour autant Ă©chouer dans le relativisme ou dans le rejet de la science. Nous sommes alors en 1966 et Lacan peut dĂšs lors affirmer qu’il n y’a pas de science de l’homme parce que l’homme de la science n’existe pas, seulement son sujet » ibid. 339. 23 Pour rendre compte de ce dĂ©ni Lacan va analyser l’acte fondateur de Descartes du cogito, en tant ... 24 Ni la psychanalyse ni la science ne relĂšvent du progrĂšs, car contrairement Ă  ce qu’on s’imagine ... 35N’est‑ce pas lĂ  une mise au point sans appel de l’entreprise de scientificitĂ© qui pourrait ĂȘtre visĂ© par les sciences humaines ? Il ne s’agit pourtant pas pour Lacan de tomber dans le subjectivisme, mais sinon d’analyser le rapport de la consistance de la vĂ©ritĂ© pour un sujet Ă  la connaissance de la science. Le sujet de la science et le sujet de la psychanalyse se retrouvent dans un rapport inĂ©dit, rapport de mutuelle exclusion pourrait-on dire celui du langage et de la parole. C’est ainsi que Lacan, soutiendra que la dĂ©marche structurale tout comme la science » en gĂ©nĂ©ral, impliquent un dĂ©ni du sujet, opĂ©ration par laquelle elles se constituent comme telles. Le dĂ©sir de savoir du savant est tel qu’il constitue la science en tant qu’elle l’évacue lui-mĂȘme. C’est un paradoxe, mais l’homme de science se trouve exclu par dĂ©finition de son savoir et de sa science, puisqu’il ne saurait s’y inscrire il est donc le sujet qui est en exclusion interne Ă  son objet » ibid. 341. C’est la raison pour laquelle la science, si on la regarde de prĂšs, n’a pas de mĂ©moire. Elle oublie les pĂ©ripĂ©ties dont elle est nĂ©e, quand elle est constituĂ©e, autrement dit une dimension de la vĂ©ritĂ© que la psychanalyse met lĂ  hautement en exercice » ibid. 350. C’est que la vĂ©ritĂ© comme cause » telle que l’explore et l’investit la psychanalyse, la science n’en veut rien savoir on parle alors de mĂ©canisme de dĂ©nĂ©gation » ou de forclusion » en clinique psychanalytique. En d’autres termes, le savoir de la science dĂ©pend de la nĂ©gation du sujet il vise sa clĂŽture23. Alors que par exemple, la logique moderne participe de cette tentative de clĂŽturer le sujet de la science, le dernier thĂ©orĂšme de Gödel montre qu’elle y Ă©choue ce qui veut dire que le sujet en question reste le corrĂ©lat de la science, mais un corrĂ©lat antinomique puisque la science s’avĂšre dĂ©finie par la non-issue de l’effort pour le suturer ». On voit donc que pour Lacan la science en mĂȘme temps qu’elle s’étend, que son langage se prĂ©cise, Ă©choue cependant Ă  rĂ©duire un reste » ce reste est prĂ©cisĂ©ment le sujet de la psychanalyse et la parole. C’est ainsi qu’il scelle la science et la psychanalyse tout en s’éloignant de la conception de la science comme scientisme24. Psychanalyse de l’anthropologie clinique de la fonction symbolique chez LĂ©vi‑Strauss 36En exposant les conceptions lacaniennes et lĂ©vi‑straussiennes de maniĂšre symĂ©trique, on constate que les diffĂ©rences s’accentuent, se creusent et en mĂȘme temps se prĂ©cisent. Il s’agit d’aller plus loin et de reprendre les fils de cette discussion afin de dĂ©placer Ă  notre tour le problĂšme en tirant les consĂ©quences de toutes ces assertions. La linguistique dont s’inspire LĂ©vi‑Strauss vise les rĂ©gularitĂ©s, or ce n’est pas la visĂ©e de Lacan, comme on l’a vu. Qu’est‑ce que cela implique que de s’intĂ©resser aux irrĂ©gularitĂ©s, que ce soit au niveau anthropologique ou au niveau de la nature du paradigme symbolique ? 37Cela signifie qu’on ne peut rĂ©duire un sujet Ă  la structure de sa langue ou du langage. Car si les cĂ©lĂšbres formules consacrĂ©es de Lacan, d’une part l’inconscient est structurĂ© comme un langage », et d’autre part l’inconscient existe, se motive de la structure, soit du langage », nous indiquent en derniĂšre instance que la structure, c’est le langage, qui est en mĂȘme temps condition de l’inconscient, ou encore, ce qui revient un peu au mĂȘme, qu’il n’y a d’inconscient que chez l’ĂȘtre parlant 
 », ces thĂšses n’ont cependant pas une simple portĂ©e de clĂŽture ou de coupure » mais surtout une valeur heuristique et engagent une recherche » Guyomard, 2004. En d’autres termes, si la possibilitĂ© de la parole du sujet est directement liĂ©e Ă  sa langue et au langage, elle ne saurait ĂȘtre arraisonnĂ©e ni par l’un ni par l’autre. La notion de fonction symbolique telle que LĂ©vi‑Strauss l’élabore est ainsi mise Ă  mal, et le structuralisme de Lacan est bien diffĂ©rent de celui de LĂ©vi‑Strauss. Il n’en partage pas l’idĂ©al de science. 25 Plus tard c’est la dimension du rĂ©el qui prendra le pas sur les deux autres. 38À partir de ces aspects, on commence Ă  saisir l’éventuelle contribution de la psychanalyse pour Ă©clairer, cette fois‑ci, certains ressorts inconscients de la science » anthropologique. La dimension symbolique telle que la manipule le psychanalyste est fort diffĂ©rente de celle envisagĂ©e par LĂ©vi‑Strauss, ne serait‑ce que parce que dĂšs 1949 Lacan la couple Ă  la dimension imaginaire25. ConsidĂ©rant la vĂ©ritĂ© de la parole en tant que cause du sujet, Lacan ouvre un espace Ă  la singularitĂ© du sujet qu’il prend bien soin d’articuler Ă  l’universel du langage de la science. Ce n’est Ă©videmment pas le cas de LĂ©vi‑Strauss qui tend plutĂŽt Ă  effacer le sujet et sa singularitĂ© au nom de la science. Si c’est cet anthropologue qui est reconnu comme le pĂšre de la notion fondamentale en anthropologie de fonction symbolique », il peut ĂȘtre intĂ©ressant de soulever certains aspects relativement mĂ©connus de sa conception et qui posent problĂšme relativement aux enjeux prĂ©sentĂ©s ici. 39En effet, tout se passe comme si la fonction symbolique de LĂ©vi-Strauss Ă©tait une façon d’éviter l’inconscient psychanalytique et le remaniement de la question du symbolique par rapport au sujet qu’effectue Lacan. On peut se reporter Ă  son entretien avec Bellour 1979 B – Je voulais revenir et insister, en les formulant de façon plus globale, sur les questions qui prĂ©cĂ©daient, en particulier celle sur la psychanalyse Ă  laquelle vous me semblez n’avoir qu’à moitiĂ© rĂ©pondu. Ceci, dans la mesure oĂč les clivages que vous pratiquez se trouvent Ă©luder spĂ©cifiquement la dimension fondamentale de l’inconscient comme production du dĂ©sir. L-S – Mais est-ce la dimension fondamentale de l’inconscient ? Je n’en suis nullement convaincu ». 40Si LĂ©vi‑Strauss a bien repĂ©rĂ© une dimension mythopoĂŻĂ©tique dans laquelle se dĂ©ploie l’exercice de la cure psychanalytique, il n’est pas certain que l’on puisse cependant rapporter celle‑ci Ă  la fonction symbolique telle qu’il l’entend. En effet, LĂ©vi‑Strauss dĂ©nie la singularitĂ© du sujet. Dans les textes que nous avons Ă©voquĂ©s LĂ©vi‑Strauss nous dit que la fonction symbolique renvoie Ă  un ensemble de structures intemporelles que l’on appellerait inconscient », et dĂšs lors, nous verrions s’évanouir la derniĂšre diffĂ©rence entre la thĂ©orie du chamanisme et celle de la psychanalyse. L’inconscient cesse d’ĂȘtre l’ineffable refuge des particularitĂ©s individuelles, le dĂ©positaire d’une histoire unique, qui fait de chacun de nous un ĂȘtre irremplaçable. Il se rĂ©duit Ă  un terme par lequel nous dĂ©signons une fonction la fonction symbolique [
] qui chez tous les hommes s’exerce selon les mĂȘmes lois ; qui se ramĂšne en fait Ă  l’ensemble de ses lois » 1949 a 232 41Puis, un peu plus loin, LĂ©vi‑Strauss avance que l’inconscient est toujours vide ; ou plus exactement, il est toujours aussi Ă©tranger aux images que l’estomac aux aliments qui le traversent ». Il est en fait l’organe d’une fonction, la fonction symbolique ». Du coup, il se borne Ă  imposer des lois structurales qui Ă©puisent sa rĂ©alitĂ© » ibid. 233. On le voit, l’assimilation est totale et radicale, et l’inconscient vidĂ© de toute pulsion, de toute dimension singuliĂšre, de tout dĂ©sir. Il est Ă©quivalent Ă  la fonction symbolique » qui est une sorte de mĂ©canique opĂ©ratoire de l’intellect. 42Face Ă  une telle conception, on ne peut que se remĂ©morer la boutade de Barthes ’Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermĂ©e est un proverbe structuraliste » Barthes, 1995a 337. N’y a t‑il pas en effet une rage structuraliste » rage qui a peut‑ĂȘtre pris des gants, mais une rage polie est toujours une rage », se demandait alors Barthes non sans une dĂ©licieuse malice ? Car dans l’auguste mouvement par oĂč LĂ©vi‑Strauss affirme l’hypothĂšse symbolique, il ne rĂ©siste pas, on le voit, Ă  la tentation d’arraisonner l’inconscient de la psychanalyse Ă  sa fonction symbolique ». 43Mais ce n’est pas tout, et c’est le deuxiĂšme aspect de notre hypothĂšse. Que LĂ©vi‑Strauss fasse du modĂšle structural un modĂšle explicatif tout-puissant et universel est une chose qui en soi est assez problĂ©matique ; cette critique a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e en grande partie et Ă  juste titre, notamment par les anthropologues postmodernes. Mais soulignons que la maniĂšre dont il le fait dans ces textes mĂ©rite une attention particuliĂšre car et c’est lĂ  une des modalitĂ©s de son discours gĂ©nĂ©ralement peu mise en valeur car il hypothĂšque la psychanalyse au nom d’un progrĂšs irrĂ©sistible de la science biochimique et physiologique 26 On peut remarquer au passage que le geste de LĂ©vi‑Strauss est d’autant plus retord » qu’il s’ap ... L’analogie entre les deux mĂ©thodes chamanique et psychanalytique serait plus complĂšte si la description en termes psychologiques des psychoses et des nĂ©vroses disparaĂźt un jour devant une conception physiologique, ou mĂȘme biochimique [
] Cette Ă©ventualitĂ© pourrait ĂȘtre plus proche qu’il ne semble, puisque les recherches suĂ©doises rĂ©centes ont mis en Ă©vidence des diffĂ©rences chimiques, portant sur leur richesses en polynuclĂ©otides, entre les individus normaux et celles de l’aliĂ©nĂ© » ibid. 23126. 44Ces quelques remarques qui vantent les mĂ©rites d’une approche biologique de l’ĂȘtre humain se retrouvent plus tard dans d’autres Ă©crits. Dans Le totĂ©misme aujourd’hui, LĂ©vi‑Strauss Ă©crit En vĂ©ritĂ© les pulsions et les Ă©motions n’expliquent rien ; elles rĂ©sultent toujours soit de la puissance du corps, soit de l’impuissance de l’esprit. ConsĂ©quences dans les deux cas, elles ne sont jamais des causes. Celles‑ci ne peuvent ĂȘtre cherchĂ©es que dans l’organisme, comme seule la biologie sait le faire, ou dans l’intellect, ce qui est l’unique voie offerte Ă  la psychologie comme Ă  l’ethnologie » 1962 103. 45On voit bien que la fonction symbolique » s’assimile Ă  un intellect renvoyĂ© au fonctionnement du cerveau, tel qu’il est envisagĂ© par la biologie. Un des commentateurs de LĂ©vi‑Strauss nous dit d’ailleurs Il semble bien que LĂ©vi‑Strauss pour sa part est convaincu de la complĂ©mentaritĂ© entre le structuralisme et la neurobiologie 
. Les propriĂ©tĂ©s logiques que le structuralisme met en Ă©vidence pourraient se rapporter en derniĂšre instance Ă  l’organisation cĂ©rĂ©brale » Rechtman, 1996 64-65. 46On voit donc que LĂ©vi‑Strauss rejette l’inconscient freudien pulsionnel et singulier pour asseoir le symbolisme structuraliste sur une prĂ©tendue correspondance avec le modĂšle de la science biologique. Il renaturalise » donc la dimension symbolique au nom d’un idĂ©al de la science on pourrait dire qu’il existerait pour lui, en quelque sorte, l’idĂ©e d’un signifiĂ© naturel ». LĂ©vi‑Strauss Ă©radique la logique du signifiant singulier, arraisonne le sujet, Ă©crase sa parole, le rĂ©duisant Ă  une pure fonction au nom de la science
 En derniĂšre instance il n’hĂ©site pas Ă  ramener le paradigme symbolique Ă  un biologisme sous le thĂšme de la mĂ©taphore poĂ©tique ». Et, c’est peut‑ĂȘtre ici que le dĂ©saccord avec Lacan est le plus saillant. 47En effet, pour ce qui est du dĂ©bat qui nous intĂ©resse, nous retrouvons une rĂ©ponse trĂšs tranchĂ©e Ă  l’hypothĂšse de LĂ©vi‑Strauss formulĂ©e en 1949, Ă  savoir celle de l’isomorphisme » mĂ©taphorique est‑ce un hasard si, 28 ans plus tard, Lacan reprend en effet la question de la nature de la poĂ©sie pour dĂ©crire l’activitĂ© psychanalytique ? Mais il le fera Ă  l’opposĂ© de ce qu’aura fait LĂ©vi‑Strauss. Lacan, plutĂŽt que d’assimiler la psychanalyse Ă  une science n’hĂ©sitera pas Ă  dire, non sans provocation malicieuse, qu’elle serait une escroquerie » elle serait, d’une certaine façon, du chiquĂ©, je veux dire du semblant. [
] Il est parvenu Ă  vos oreilles que j’ai parlĂ© de la psychanalyse comme pouvant ĂȘtre une escroquerie » Lacan, 1977a. 48Cependant, s’il s’agit d’une escroquerie », encore faut‑il s’entendre sur les termes. Il les prĂ©cisera en effet la psychanalyse est peut-ĂȘtre une escroquerie, mais ce n’est pas n’importe laquelle – c’est une escroquerie qui tombe juste par rapport Ă  ce qu’est le signifiant, soit quelque chose de bien spĂ©cial, qui a des effets de sens. [
] À cet Ă©gard, la psychanalyse n’est pas plus une escroquerie que la poĂ©sie elle‑mĂȘme » Lacan 1977b. 49Lacan jusqu’à la fin de sa vie n’aura pas cĂ©dĂ© ni Ă  la tentation du scientisme, ni non plus Ă  celle de condamner de la science. Conclusion et aujourd’hui ? 27 C’est notamment non un anthropologue mais un psychanalyste qui a menĂ© cette critique particuliĂšre ... 28 C’est le cas notamment de Sulloway qui soutient que Freud Ă©tait en rĂ©alitĂ© un biologiste de l’e ... 29 Pour la petite histoire, Sulloway est chercheur au MIT. Or, ce [
] dĂ©partement allait devenir c ... 30 Citons un commentateur de ces mouvements, pour se remettre dans l’ambiance » de l’époque de la ... 50C’est donc un curieux paradoxe, peu soulignĂ© il est vrai dans l’histoire de l’anthropologie culturelle oĂč LĂ©vi‑Strauss occupe une place de premier plan, que cette Ɠuvre soit aussi celle par oĂč se rĂ©introduit le naturalisme contemporain27. Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve les mĂȘmes rĂ©fĂ©rences Ă  l’Ɠuvre de Freud que faisait LĂ©vi‑Strauss dans les annĂ©es 50, chez des anthropologues contemporains qui tentent de biologiser la psychanalyse28. De mĂȘme que LĂ©vi‑Strauss cite les rares passages oĂč Freud mise sur les progrĂšs de la biologie contre la psychanalyse pour justifier l’hypothĂšse d’une biologisation » de la fonction symbolique, certains auteurs soutiennent que Freud Ă©tait un biologiste de l’esprit qui avait cachĂ© son inspiration biologisante en d’autres termes, les concepts fondamentaux de la psychanalyse se trouveraient dans les neurosciences29. C’est lĂ  un habile moyen d’ignorer l’Ɠuvre de Freud, mais aussi surtout celle de Lacan. Ce discours se prĂ©sente sous le masque d’une fringante modernisation scientifique », alors qu’il est Ă©videmment en son fond une rĂ©gression, un retour en arriĂšre, une dĂ©nĂ©gation de la singularitĂ© et du dĂ©sir du sujet. Cette prolifĂ©ration d’un savoir de nature scientiste n’est pas sans rappeler l’inconscient cĂ©rĂ©bral » du XIXe siĂšcle et sa prolifĂ©ration Gauchet, 1992. Or si plus personne ne se souvient aujourd’hui de la morpho‑psychologie, du constitutionalisme, ou de l’anthropomĂ©trie de Galton30 mis Ă  part quelques rares historiens des sciences, la dĂ©suĂ©tude et l’oubli qui frappent aujourd’hui ces conceptions surannĂ©es constituent assurĂ©ment le pendant du triomphe des sciences humaines contemporaines et du paradigme symbolique. Mais pour combien de temps encore ? Car force est de constater que la psychologie et l’anthropologie cognitives contemporaines sont un avatar de cette conception ancienne. Si une bataille fut autrefois gagnĂ©e, il semblerait que la guerre a dĂ©sormais repris
 Tout en se distinguant des neurosciences et de la biologie, les courants cognitivistes trouvent en ces derniĂšres la rĂ©fĂ©rence obligĂ©e Ă  leur exigence matĂ©rialiste, comme LĂ©vi‑Strauss. Et il s’agit bien lĂ  toujours du mĂȘme motif celui d’un certain idĂ©al de science que l’on cherche Ă  appliquer Ă  l’homme, quitte Ă  le faire taire, Ă  empĂȘcher sa parole. 51En tout Ă©tat de cause, rouvrir le dossier relativement oubliĂ© des rapports de l’anthropologie et de la psychanalyse et des enjeux de leurs paradigmes respectifs doit inviter Ă  poursuivre la discussion aujourd’hui. La psychanalyse interrogea radicalement le projet de toute science de l’homme et mĂȘme de toute science, pour le remettre en cause et renouveler la vieille question celle posĂ©e Ă  l’époque oĂč les sciences humaines furent fondĂ©es de savoir si la psychanalyse et l’anthropologie sont hors ou dans la science ? 31 En effet, le linguiste lui‑mĂȘme n’est-il pas linguiste que dans la mesure exacte oĂč il est lui- ... 32 On pourrait rapprocher ces travaux de Lacan de ceux de Foucault ou de Derrida, qui furent produit ... 33 Nous pensons ici aux rĂ©cents travaux d’Eric Chauvier. On peut se reporter Ă  sa thĂšse oĂč l’auteur ... 34 On ne peut Ă©viter aussi d’évoquer ici la contribution de la philosophie contemporaine comme celle ... 52La clinique, en tant que son objet est la singularitĂ© de la parole d’un sujet, interroge de maniĂšre exemplaire la question de l’objet de la science en gĂ©nĂ©ral, et donc de tout idĂ©al de science dans les sciences de l’homme. Toute prĂ©tention scientifique en tant qu’elle vise le gĂ©nĂ©ral et Ă©radique les irrĂ©gularitĂ©s du sujet, ne peut-elle pas faire l’objet d’une problĂ©matisation psychanalytique, surtout si elle prĂ©tend faire une science de l’homme »31 ? La psychanalyse, par son attention aux mots singuliers, ne pouvait peut‑ĂȘtre que dĂ©construire l’aspect fantasmatique du projet consistant Ă  Ă©laborer une science » de l’homme32. Cependant il se pourrait que ce soit aujourd’hui les recherches en anthropologie contemporaine33 qui se soit engagĂ©e plus avant dans l’investigation du paradigme symbolique quant Ă  ses consĂ©quences thĂ©oriques et pratiques34. Et, mĂȘme si Lacan ne fut pas dupe de la science lĂ  oĂč LĂ©vi‑Strauss le fut, son Ɠuvre n’a pas, bien entendu, Ă  ĂȘtre exemptĂ©e d’un travail critique. Il semble que la situation psychanalytique n’a guĂšre Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©e jusqu’alors par la critique postmoderne des effets de langage, qui a pour intĂ©rĂȘt de montrer les illusions prĂ©sentes dans les concepts fondateurs des disciplines. Est‑ce pour avoir poussĂ© assez loin sa pratique du langage et sa thĂ©orisation critique que, jusqu’à aujourd’hui, elle a rĂ©ussi Ă  s’en prĂ©server ? Rien n’est moins sĂ»r, mais c’est certainement de bon augure pour la psychanalyse ; comme le disait Tosquelles 1991 » ce qui caractĂ©rise la psychanalyse c’est qu’il faut l’inventer ». Top of page Bibliography Assoun Zafiropoulos M. dir., 2002. L’anthropologie psychanalytique. Paris, Anthropos Economica. Assoun Zafiropoulos M. dir., 2004. Logiques du symptĂŽme, Logiques pluridisciplinaires. Paris, Anthropos Economica. Assoun Zafiropoulos M. dir., 2007. ActualitĂ©s de la fonction symbolique. Paris, Anthropos Economica. Barthes R., 1995a. Question de tempo » in ƒuvres complĂštes, t. V. Paris, Seuil, 1997. 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Lacan et les sciences sociales. Le dĂ©clin du pĂšre 1938-1953. Paris, PUF. Top of page Notes 1 Nous entendons le terme de symbolique, ou de paradigme symbolique », au sens gĂ©nĂ©ral oĂč il s’oppose Ă  un paradigme naturaliste ou organique. Sur la question de cette notion fondatrice en sciences humaines et ses origines on peut notamment se rapporter Ă  l’article de Kremer‑Marietti 2007 qui l’inscrit dans l’hĂ©gĂ©lianisme et dont on peut retenir le commentaire suivant Symboliser est l’acte essentiellement fondateur dans le sens oĂč fonder, c’est ici poser Ă  la fois la condition de possibilitĂ© et l’accomplissement de la convention humaine, du pacte incontournable. Si la psychanalyse met au jour la topique symbolique, l’ethnologie la confirme et les sciences humaines l’impliquent ». 2 D’aprĂšs ces doctrines, le trouble psychique Ă©tait dĂ» Ă  processus neuro‑dĂ©gĂ©nĂ©ratif. 3 Il faut rappeler que Durkheim, fondateur de la sociologie, tout comme Ribot, fondateur de la psychologie en France, Ă©taient tous deux philosophes de formation. Seul Mauss, fondateur de l’ethnologie et neveu de Durkheim ne l’était pas. 4 La citation complĂšte mĂ©rite l’attention pour donner un aperçu de son propos Il n’y a pas d’autres causes que des causes naturelles. Il n’y a pas d’exceptions aux lois de la physique. Dans le social, on est confrontĂ© au mĂȘme matĂ©riel » citĂ© par Dosse, 1995 247. 5 Sur ces questions on se reportera Ă  l’excellente critique de Bernard Juillerat 2001 9-38 concernant cette approche naturaliste en gĂ©nĂ©ral. Elle constitue notre rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. 6 C’est notamment le cas du trĂšs mĂ©diatisĂ© Livre noir de la psychanalyse oĂč les auteurs, aprĂšs avoir critiquĂ© la psychanalyse, font en fin d’ouvrage l’apologie des thĂ©rapies neuro‑comportementales Meyer, 2005. 7 Comment ne pas voir que les rĂ©cents dĂ©bats autour de l’efficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalyse en France autour de l’amendement Accoyer s’inscrivent aussi dans ce mĂȘme phĂ©nomĂšne Ă©valuatif inspirĂ© des approches cognitives anglo-saxonnes ? 8 C’est le cas d’une lecture qui semble devenir frĂ©quente et qui, mĂȘme si elle est incontestablement fĂ©conde philosophiquement, peut laisser de cĂŽtĂ© certaines questions spĂ©cifiques aux Ɠuvres Maniglier, 2006. 9 En effet, les rapports de Lacan Ă  LĂ©vi‑Strauss ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remarquablement explorĂ©s mais de maniĂšre diffĂ©rente. Lacan serait d’abord tributaire de Durkheim, puis son retour Ă  Freud se ferait par LĂ©vi‑Strauss Ă  qui il devrait l’essentiel de ses concepts Zafiropoulos, 2001, 2003. Dans une lecture complĂ©mentaire Ă  cette derniĂšre, nous insisterons quant Ă  nous sur leurs diffĂ©rences et sur la fĂ©conditĂ© de la lecture lacanienne de LĂ©vi‑Strauss. 10 On ne prĂ©sentera pas ici l’ensemble des recherches d’anthropologie psychanalytique qui furent menĂ©es depuis plus d’un siĂšcle de recherche de l’anthropologie amĂ©ricaine avec Margaret Mead et les culturals studies du dĂ©but du siĂšcle, jusqu’aux dĂ©veloppements de Roheim, de DĂ©vereux ou de Bastide en France jusqu’à la fin des annĂ©es 1970. On peut notamment se reporter sur ces questions Ă  la prĂ©face de François Gantheret 1993 Ă  Totem et Tabou qui dĂ©gage ces aspects. 11 Depuis L’oedipe africain d’Ortigues 1966 la psychanalyse inspirĂ©e de Lacan n’a pas exprimĂ© grand-chose sur l’anthropologie semble t‑il. De plus, si dans la premiĂšre Ă©dition de ce livre, rĂ©fĂ©rence est faite aux concepts lacaniens, il n’en sera plus de mĂȘme dans la 3e Ă©dition 1984. Au fond, Ortigues n’était‑il pas avant tout philosophe ? On peut se reporter au numĂ©ro consacrĂ© par L’Homme qui lui rend hommage – l’étendue de son Ɠuvre dĂ©borde largement le champ de la psychanalyse on regardera notamment l’article de Vincent Descombes, 2005 – ainsi qu’à l’entretien de Simone Gerber et Alex Raffy dans la revue Le coq HĂ©ron qui fait notamment Ă©tat de la clinique africaine dans les annĂ©es cinquante 2004. Cependant, une autre tentative s’élabore et s’affirme comme incontournable aujourd’hui. Cette autre anthropologie psychanalytique vise Ă  intĂ©grer les avancĂ©es des recherches psychanalytiques, notamment cliniques, et les avancĂ©es des recherches en sciences sociales Assoun & Zafiropoulos, 2001, 2004, 2007. Notre travail est proche de cette perspective. 12 On pense ici notamment Ă  l’ouvrage de Favret‑Saada qui fit date, Les mots, la mort, les sorts la sorcellerie dans le bocage 1977. 13 Mieux encore, comme on le sait, elle‑mĂȘme en dĂ©pend la production des faits de laboratoire s’inscrit elle aussi dans la culture et la science est imbibĂ©e de valeurs Latour & Wooglar, 1988. 14 Comme nous le verrons Lacan dĂ©veloppe un certain rapport de la psychanalyse Ă  la science. Il ne s’agit certainement pas de tomber dans la caricature anti‑scientifique, mais de distinguer la science de la psychanalyse, tout en essayant d’élucider leurs liens. 15 Cette affirmation mĂ©riterait bien entendu de plus longs dĂ©veloppements, que nous n’avons pas les moyens d’exposer ici. 16 C’est‑à‑dire au sens oĂč l’on parle d’une science physique. 17 Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences, ces deux auteurs plutĂŽt tenus Ă  l’écart du dĂ©bat aujourd’hui postulent davantage qu’il existe une diffĂ©rence de nature ontologique entre la pensĂ©e magique et la pensĂ©e rationnelle. 18 Le concept d’abrĂ©action se trouve essentiellement valorisĂ© dans les premiĂšres Ă©laborations thĂ©oriques freudiennes conçues sur le modĂšle de la catharsis. L’abrĂ©action en psychanalyse consiste en une dĂ©charge Ă©motionnelle par laquelle un sujet se libĂšre de l’affect attachĂ© Ă  un Ă©vĂ©nement traumatique ou souvenir d’un Ă©vĂ©nement traumatique, lui permettant ainsi de ne pas devenir ou rester pathogĂšne Laplanche & Pontalis, op. cit.. 19 » Pour les imagos, en effet, dont c’est notre privilĂšge que de voir se profiler, dans notre expĂ©rience quotidienne et la pĂ©nombre de l’efficacitĂ© symbolique, les visages voilĂ©s, – l’image spĂ©culaire semble ĂȘtre le seuil du monde visible 
 » Lacan, 1966d 95. 20 MalgrĂ© sa tentative et son rapprochement avec Einstein, il n’échappa au feu de la critique de Popper qui paraĂźt deux ans plus tard 1988. 21 Nous reprenons ici les analyses classiques de Milner 2000. 22 Des distinctions sont lĂ  encore Ă  faire entre le chaman et le psychanalyste. Pour l’un, il s’agit de la vĂ©ritĂ© comme cause efficiente son domaine sont les signifiants naturels ; la magie qu’il dĂ©clenche provient du fait qu’il manipule de signifiants naturels tonnerre, pluie, mĂ©tĂ©ores et miracles, pour le psychanalyste, Lacan parle de la vĂ©ritĂ© comme cause matĂ©rielle puisqu’il s’agit de la matĂ©rialitĂ© » de la parole qui est sans rapport avec la nature Lacan 1966c. 23 Pour rendre compte de ce dĂ©ni Lacan va analyser l’acte fondateur de Descartes du cogito, en tant que sujet de la science. La possibilitĂ© du cogito et de la fondation de la science moderne par Descartes ne reposait-elle pas en effet sur l’idĂ©e d’une mathesis universalis, c’est‑à‑dire d’un langage qui, prenant la mathĂ©matique comme modĂšle, pourrait rendre compte de tous les phĂ©nomĂšnes ? Lacan dans Les problĂšmes cruciaux pour la psychanalyse leçon du 9 juin 1965 indique bien que le cogito cartĂ©sien dĂ©finit les rapports du sujet au savoir comme Ă©tant le sujet de la connaissance. En d’autres termes, si le cogito fonde le sujet de la science et son langage, c’est aussi en excluant le sujet il y a un je pense qui est savoir sans le savoir » ibid.. Le je pense » n’a plus de rapport avec le suis » c’est au contraire dans les ratages, lapsus, symptĂŽmes que je » trouve son statut de sujet. La condition de sujet parlant sera toujours d’ĂȘtre divisĂ©e on ne se rĂ©vĂšle jamais autrement Ă  soi-mĂȘme que dans un mi‑dire de sa parole, car la vĂ©ritĂ©, contrairement Ă  la certitude de la science, n’est pas toute ». Le langage de la science est en quelque sorte l’envers de la parole du sujet. 24 Ni la psychanalyse ni la science ne relĂšvent du progrĂšs, car contrairement Ă  ce qu’on s’imagine, la science tourne en rond, et nous n’avons pas de raison de penser que les gens du silex taillĂ© avaient moins de science que nous. La psychanalyse, notamment, n’est pas un progrĂšs... c’est un biais pratique pour mieux se sentir » Lacan, 1977. 25 Plus tard c’est la dimension du rĂ©el qui prendra le pas sur les deux autres. 26 On peut remarquer au passage que le geste de LĂ©vi‑Strauss est d’autant plus retord » qu’il s’appuie sur deux suggestions isolĂ©es de Freud, oĂč le pĂšre de la psychanalyse Ă©voque la possibilitĂ© d’un anĂ©antissement de la psychanalyse par le progrĂšs de la science objectiveces remarques se trouvent dans Au delĂ  du principe de plaisir Freud, 1968 78,et dans les nouvelles confĂ©rences Freud, 1984 [1933] 198. 27 C’est notamment non un anthropologue mais un psychanalyste qui a menĂ© cette critique particuliĂšre de LĂ©vi‑Strauss, notamment dans un livre qui s’intitule La causalitĂ© psychique Green,1995. 28 C’est le cas notamment de Sulloway qui soutient que Freud Ă©tait en rĂ©alitĂ© un biologiste de l’esprit » 1992. Il n’en demeure pas moins que Freud a malgrĂ© tout posĂ© l’autonomie du psychisme et mis en garde la psychanalyse face Ă  la tentation d’une main mise par la mĂ©decine psychiatrique. Freud, mĂ©decin de formation, s’était Ă©cartĂ© peu Ă  peu de l’approche biologisante et mĂ©dicale de la psychiatrie. 29 Pour la petite histoire, Sulloway est chercheur au MIT. Or, ce [
] dĂ©partement allait devenir celui des sciences cognitives, ardent dĂ©fenseur des thĂšses de l’évolutionnisme social et historien des sciences spĂ©cialiste du darwinisme
 » selon Michel Plon, qui le prĂ©sente en introduction. 30 Citons un commentateur de ces mouvements, pour se remettre dans l’ambiance » de l’époque de la thĂšse lacanienne Physiologues et mĂ©decins, surtout observateurs du corps, ont dĂ©crit des morpho‑types et des biotypes constitutions, plutĂŽt anatomiques ; tempĂ©raments, plutĂŽt physiologiques, auxquels ils ont rattachĂ© des traits de caractĂšre de nature psychologique, tandis que psychologues et moralistes ont plus particuliĂšrement nommĂ© caractĂšres depuis ThĂ©ophraste les structures psychologiques fondamentales sous‑jacentes Ă  la personnalitĂ© et susceptibles de regroupement ; des morphopsychologues ont tentĂ© de trouver des corrĂ©lations entre caractĂšres et morphotypes » Torris, 1972. 31 En effet, le linguiste lui‑mĂȘme n’est-il pas linguiste que dans la mesure exacte oĂč il est lui-mĂȘme un sujet parlant ? » se demande Milner Ă  juste titre Dans certains cas – notamment, quand il Ă©tudie sa propre langue –, le retour sur soi lui est ainsi constamment imposĂ© ; mais de toute maniĂšre, Ă  supposer mĂȘme qu’il Ă©tudie une langue qui ne soit pas la sienne, il ne peut l’étudier sans la faire sienne, si peu que ce soit. Il s’établit donc toujours une coĂŻncidence entre l’observateur et l’observĂ© ; cela ne manque pas de crĂ©er une structure paradoxale » Milner, 2004. 32 On pourrait rapprocher ces travaux de Lacan de ceux de Foucault ou de Derrida, qui furent produits dans des pĂ©riodes proches
 sauf que ces philosophies vont jusqu’à dĂ©faire le sujet lui-mĂȘme. De plus, cette idĂ©e que la science ne s’assimile pas Ă  la vĂ©ritĂ© se trouve chez Lacan bien avant les annĂ©es cinquante en 1936 notamment dans un article intitulĂ© Au delĂ  du principe de rĂ©alitĂ© » qu’il consacre Ă  la psychanalyse et Ă  Freud [
] la science peut s’honorer de ses alliances Ă  la vĂ©ritĂ© ; elle peut se proposer comme son phĂ©nomĂšne et sa valeur ; elle ne peut d’aucune façon l’identifier pour sa fin propre » Lacan, 1966b 78. Et c’est ainsi qu’il s’exprimait encore dans son sĂ©minaire du 15 novembre 1977 Lacan, 1977d » Ce que j’ai Ă  vous dire, je vais vous le dire, c’est que la psychanalyse est Ă  prendre au sĂ©rieux, bien que ce n’est pas une science. Ce n’est mĂȘme pas une science du tout. Parce que comme l’a montrĂ© surabondamment un nommĂ© Karl Popper, c’est que ce n’est pas une science parce que c’est irrĂ©futable. C’est une pratique qui durera ce qu’elle durera, c’est une pratique de bavardage. Et aucun bavardage n’est sans risque ». 33 Nous pensons ici aux rĂ©cents travaux d’Eric Chauvier. On peut se reporter Ă  sa thĂšse oĂč l’auteur s’appuie sur la micro observation et sur une pragmatique du langage pour dĂ©crire sa propre famille 2003. Comme le faisait remarquer un Ă©minent anthropologue, cette anthropologie consiste dans le recueil de nos BOV, c’est-Ă -dire dans l’écoute de la bande originale de nos vies. On peut aussi se reporter notamment Ă  son dernier ouvrage 2008 oĂč l’auteur investit une institution qui s’occupe du placement familial. 34 On ne peut Ă©viter aussi d’évoquer ici la contribution de la philosophie contemporaine comme celle de Judith Buttler qui montre les effets normatifs de toute thĂ©orie Butler, 2002, et dont une partie du travail consiste dans une critique et une reprise des donnĂ©es de la psychanalyse. Le nĂ©ophyte se reportera utilement Ă  son recueil d’entretiens Butler, 2005.Top of page References Bibliographical reference Florent Gabarron-Garcia, De l’anthropologie de la psychanalyse Ă  la psychanalyse de l’anthropologie », Journal des anthropologues, 116-117 2009, 69-104. Electronic reference Florent Gabarron-Garcia, De l’anthropologie de la psychanalyse Ă  la psychanalyse de l’anthropologie », Journal des anthropologues [Online], 116-117 2009, Online since 01 June 2010, connection on 24 August 2022. URL ; DOI of page Copyright Journal des anthropologuesTop of page Lasolution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 5 lettres et commence par la lettre D. CodyCross Solution pour EN RAPPORT AVEC LE PERE DE LA PSYCHANALYSE de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes Mots CroisĂ©s > Questions > DĂ©finition EN RAPPORT AVEC LE PERE DE LA PSYCHANALYSE Entrez la longueur et les lettres Nouvelle proposition de solution pour "EN RAPPORT AVEC LE PERE DE LA PSYCHANALYSE" Pas de bonne rĂ©ponse ? Ici vous pouvez proposer une autre solution. 5 + 7 Veuillez vĂ©rifier Ă  nouveau vos entrĂ©es
Lecomplexe d’Ɠdipe est un concept central de la psychanalyse. Il est dĂ©fini par Sigmund Freud comme : "le dĂ©sir inconscient d'entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposĂ© et celui d'Ă©liminer le parent rival du mĂȘme sexe". StĂ©phanie Torre psychanalyste et journaliste chez Psychologies Magazine nous livre son analyse sur
Le CongrĂšs des Psychanalystes de Langue Française de 2012 nous avait rappelĂ© que le complexe d’ƒdipe fut une des grandes dĂ©couvertes de la pensĂ©e freudienne, inscrite dans l’histoire humaine par l’universalitĂ© du mythe grec d’ƒdipe, au-delĂ  de l’histoire du sujet. L’un des traits de gĂ©nie de Freud fut d’articuler la structure triangulaire familiale dans laquelle le pĂšre est Ă  la fois un rival et un objet dĂ©sirĂ©, avec l’universalitĂ© de la loi du tabou de l’inceste en rĂ©fĂ©rence au meurtre du pĂšre de la horde primitive. La triangulation de l’ƒdipe n’était donc pas qu’une histoire familiale. Le congrĂšs de 2013 sur le paternel nous a amenĂ© Ă  d’autres interrogations. Avant l’accĂšs Ă  cette conflictualitĂ© Ɠdipienne, qu’en est-il des premiĂšres relations de l’enfant avec ses deux parents ? La mĂšre bien sĂ»r mais aussi le pĂšre. Dans cette perspective, le dĂ©but de la vie psychique peut-il se penser en termes de triangulations prĂ©coces s’organisant avec la mĂšre et le pĂšre ? Les premiers liens mĂšre-enfant ont Ă©tĂ© beaucoup Ă©tudiĂ©s. Qu’en est-il des relations avec le pĂšre Ă  la mĂȘme pĂ©riode de vie de l’enfant ? Si l’importance du pĂšre de la horde et son hĂ©ritage phylogĂ©nĂ©tique sont des acquis de la thĂ©orie psychanalytique, la question reste posĂ©e de ce mĂȘme point de vue sur l’implication du pĂšre rĂ©el de la vie quotidienne auprĂšs de l’enfant. Il est vrai qu’on fait peu rĂ©fĂ©rence Ă  des textes freudiens sur le thĂšme des deux parents et particuliĂšrement du pĂšre auprĂšs de l’enfant au dĂ©but de sa vie. Je vais en Ă©voquer trois. Le premier est la lettre Ă  Fliess du 6-4-1897 dans laquelle il Ă©voque le vĂ©cu des trĂšs jeunes enfants quant Ă  la scĂšne primitive Je veux parler des fantaisies hystĂ©riques, qui remontent rĂ©guliĂšrement, comme je le constate, aux choses que les enfants ont entendues trĂšs tĂŽt et comprises seulement aprĂšs-coup. L’ñge auquel ils ont reçu un tel message est tout Ă  fait Ă©tonnant, dĂšs 6 ou 7 mois ! » Cette citation est intĂ©ressante car on y retrouve Ă  la fois la prĂ©occupation pour ne pas dire l’acharnement qu’aura Freud Ă  retrouver la rĂ©alitĂ© de la scĂšne primitive dans l’histoire de l’Homme aux loups, mais aussi la certitude qu’aura MĂ©lanie Klein dans sa thĂ©orie, de la perception trĂšs tĂŽt par l’enfant de la sexualitĂ© de ses parents, Ă  l’époque indiquĂ©e par Freud. Le second extrait se trouve dans L’interprĂ©tation du rĂȘve 1900 oĂč il soulignait l’importance de la question paternelle. En parlant des patients susceptibles de mettre en doute certaines interprĂ©tations au cours de la cure analytique, Freud prĂ©cisait Je m’attends bien Ă  ce que ce genre d’accueil me soit rĂ©servĂ© lorsque je mets Ă  dĂ©couvert le rĂŽle insoupçonnĂ© que joue le pĂšre chez les malades du sexe fĂ©minin dans les motions sexuelles les plus prĂ©coces
Je pense pour confirmer cela Ă  tel ou tel exemple oĂč la mort du pĂšre s’était produite Ă  un Ăąge trĂšs prĂ©coce de l’enfant, et oĂč des incidents ultĂ©rieurs, inexplicables autrement, dĂ©montraient que l’enfant avait bel et bien inconsciemment conservĂ© des souvenirs de la personne qui lui avait Ă©tĂ© si prĂ©cocement ravie. » J’ajouterais pour ma part, l’intĂ©rĂȘt que joue le pĂšre aussi pour les patients de sexe masculin. Le troisiĂšme texte de Freud 1932 se trouve dans la 35Ăšme Nouvelle suite des leçons d’introduction Ă  la psychanalyse, D’une vision du monde. A propos de l’état de dĂ©tresse infantile, il parle de la protection apportĂ©e par le pĂšre et prĂ©cise plus exactement, sans doute l’instance parentale composĂ©e du pĂšre et de la mĂšre » comme dans Le moi et le ça », Ă  propos de l’identification au pĂšre de la prĂ©histoire personnelle, il avait apportĂ© la prĂ©cision Peut-ĂȘtre serait-il plus prudent de dire avec les parents ». Il souligne alors que l’ĂȘtre humain se sait en possession de forces plus grandes que dans son enfance mais aussi qu’il est restĂ© tout autant en dĂ©saide » et privĂ© de protection qu’à cette Ă©poque ; que face au monde, il est toujours un enfant ». Reconnaissant maintenant, poursuit Freud, que son pĂšre est un ĂȘtre Ă©troitement limitĂ© dans sa puissance et nullement pourvu de tous les mĂ©rites
 il remonte Ă  l’image mnĂ©sique du pĂšre de l’époque enfantine, tellement surestimĂ© par lui ; il Ă©lĂšve celle-ci au rang de divinitĂ© et lui fait prendre place dans le prĂ©sent et dans la rĂ©alitĂ©. » Il est intĂ©ressant de souligner que dans ce texte, Freud fait rĂ©fĂ©rence Ă  la dĂ©tresse infantile de l’enfant et au lien avec le pĂšre Ă  cette Ă©poque de la vie. De mĂȘme dans ce texte, il est fait allusion Ă  un pĂšre surestimĂ©, idĂ©alisĂ© dont on peut penser qu’il serait pour l’enfant, en lien avec un pĂšre tout puissant hĂ©ritĂ© du passĂ© phylogĂ©nĂ©tique. Ainsi, le pĂšre tout-puissant et son hĂ©ritage archaĂŻque seraient en lien profond avec le pĂšre de la dĂ©tresse infantile, celui de la toute petite enfance qui dans le meilleur des cas perdurera toute la vie, sous d’autres formes au grĂ© des rencontres avec d’autres hommes et continuera Ă  accompagner le sujet. Ce lien entre le pĂšre de l’hĂ©ritage archaĂŻque et le pĂšre de la quotidiennetĂ© confirme bien Ă©videmment la diffĂ©rence fondamentale, structurale avec la mĂšre, tout en prenant en compte les liens prĂ©coces du pĂšre et de l’enfant. Cela valide, lorsqu’on pense le pĂšre du dĂ©but de la vie psychique, la nĂ©cessaire intĂ©gration, prise en compte d’un pĂšre tyrannique des temps originaires issu de la phylogĂ©nĂšse tel que Freud l’a dĂ©fini, s’organisant dans le psychisme du sujet avec un pĂšre ontogĂ©nique » dont une des origines se situe dans la rĂ©alitĂ©, le pĂšre de la quotidiennetĂ© ». C’est ce dernier que j’ai appelĂ© par ailleurs de maniĂšre un peu caricaturale Le pĂšre primaire GĂ©rard, 2004. Il nous parait important de mettre en relief ce pĂšre du quotidien qui vit avec l’enfant car d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la question du pĂšre en psychanalyse est abordĂ©e dans la suite des travaux de Freud dans Totem et tabou, oĂč le pĂšre est considĂ©rĂ© principalement d’un point de vue phylogĂ©nĂ©tique, le meurtre du pĂšre de la horde primitive s’y dĂ©clinant alors en une culpabilitĂ© dont un des termes allait devenir sous la plume de Freud L’identification au pĂšre de la prĂ©histoire personnelle et par ailleurs le surmoi ; cela amenant Ă  considĂ©rer le pĂšre principalement d’un point de vue symbolique. Cette question du pĂšre du dĂ©but de la vie psychique a Ă©tĂ© abordĂ©e par plusieurs auteurs postfreudiens, Ă©videmment chacun Ă  leur maniĂšre. - On peut ainsi citer MĂ©lanie Klein 1928 et sa conception de l’OEdipe prĂ©coce, complĂ©tĂ© par ce qu’elle en dit Ă  la fin de son oeuvre en 1945 lorsqu’elle Ă©voque dans une note de son article Le complexe d’OEdipe Ă©clairĂ© par les angoisses prĂ©coces En m’attardant sur la relation fondamentale du petit enfant au sein maternel et au pĂ©nis paternel, et sur les situations d’angoisse et les dĂ©fenses qui en parviennent, je ne pense pas seulement Ă  des objets partiels. En fait ces objets sont associĂ©s dĂšs le dĂ©but dans la pensĂ©e de l’enfant, Ă  sa mĂšre, et Ă  son pĂšre. Les expĂ©riences quotidiennes avec les parents, la constitution de la relation inconsciente avec eux en tant qu’objets internes, viennent s’ajouter Ă  ces objets partiels primitifs et accroĂźtre leur relief dans l’inconscient de l’enfant ». C’est un point de vue intĂ©ressant puisque MĂ©lanie Klein dans cette citation prend en compte non seulement la fantasmatique inconsciente de l’enfant, mais aussi son vĂ©cu dans la rĂ©alitĂ©. - Jacques Lacan 1958 particuliĂšrement dans son sĂ©minaire Les formations de l’inconscient dans les trois chapitres La forclusion du nom du pĂšre, La mĂ©taphore paternelle, Les trois temps de l’OEdipe. Je voudrais souligner Ă  propos de cet auteur que, si on a put lui faire le reproche d’une thĂ©orie trop centrĂ©e sur la symbolique paternelle, on peut noter la position originale pour l’époque qu’il a par rapport Ă  ce qu’il appelle la symbolisation primordiale entre la mĂšre et l’enfant et qui me parait proche de la symbolisation primaire telle qu’on en parle aujourd’hui 
mĂȘme si elle est un ĂȘtre mal adaptĂ© Ă  ce monde de symbole ou qui en a refusĂ© certains Ă©lĂ©ments, cette symbolisation primordiale ouvre tout de mĂȘme Ă  l’enfant la dimension de ce que la mĂšre peut dĂ©sirer d’autre, comme on dit sur le plan imaginaire. C’est ainsi que le dĂ©sir de l’Autre fait son entrĂ©e
de façon concrĂšte
 ». N’est-ce pas lĂ  une formulation proche de la censure de l’amante » que je vais Ă©voquer en parlant de Michel Fain ? - Claude Le Guen 1975 et sa conception du non-mĂšre » Cet auteur s’est intĂ©ressĂ© lui aussi aux relations originaires de l’enfant particuliĂšrement sous l’angle du dĂ©veloppement du moi, ce qu’il appelle l’éveil du moi ». Pour Le Guen, le moi de l’enfant existe et se constitue en mĂȘme temps que l’objet, le tĂ©moin de cette Ă©tape du dĂ©veloppement en seraient les conditions du dĂ©clenchement de l’angoisse Ă  la vue de l’étranger. Cela se situerait entre six et neuf mois Ă  l’ñge de la survenue de la peur de l’étranger ». La mĂšre est dĂ©signĂ©e comme l’objet reconnu en tant que tel et pouvant donc ĂȘtre perdue. L’étranger troisiĂšme personnage est celui qui vient dĂ©signer cette perte sans ĂȘtre lui-mĂȘme investi comme objet prĂ©cise l’auteur. Il signifie la perte de la mĂšre et est la marque de son interdit. Le Guen le nomme non-mĂšre, pure nĂ©gativitĂ© souligne-t-il n’existant que par la non-existence de la mĂšre. L’auteur 
propose de considĂ©rer cette situation, telle qu’elle est postulĂ©e par la peur de l’étranger, comme Ă©tant l’expression d’un modĂšle structurant et organisateur celui du complexe d’ƒdipe originaire. » Ce non-mĂšre permettra d’étayer l’imago du pĂšre. - Piera Aulagnier. Dans son livre La violence de l’interprĂ©tation 1975, sa thĂ©orisation l’amĂšne Ă  considĂ©rer que le plaisir du corps de l’enfant apprend Ă  dĂ©couvrir un autre-sans-sein mais qui peut nĂ©anmoins se rĂ©vĂ©ler pour l’ensemble de ses zones fonctions Ă©rogĂšnes source de plaisir, devenir une prĂ©sence qu’on dĂ©sire, mĂȘme si elle est souvent la prĂ©sence qui dĂ©range. L’entrĂ©e du pĂšre sur la scĂšne psychique obĂ©it Ă  la condition universelle rĂ©glant cet accĂšs pour tout objet ĂȘtre source d’une expĂ©rience de plaisir qui en fait pour la psychĂ© un objet d’investissement. » - Michel Fain et son texte sur La censure de l’amante parle du dĂ©sir paternel ressenti d’emblĂ©e, ce qui nous parait bien rendre compte d’un pĂšre rĂ©el, important dans sa rencontre prĂ©coce avec l’enfant 
la mĂšre redevenant femme rompt l’identification primaire, et libĂšre de ce fait les potentialitĂ©s instinctuelles du ça de l’enfant. C’est ce qui m’a amenĂ© Ă  parler de la censure de l’amante s’exerçant d’emblĂ©e sur ces potentialitĂ©s susceptibles de gĂȘner le dĂ©sir paternel. Ainsi, dans de bonnes conditions, le ça de l’enfant se trouve prĂ©cocement confrontĂ© au dĂ©sir paternel. » Il me parait important de souligner que dans cette citation, Michel Fain parle du dĂ©sir paternel pouvant ĂȘtre ressenti directement par l’enfant ; dĂ©sir Ă  son Ă©gard et dĂ©sir pour la mĂšre. Il perçoit donc dĂšs cette Ă©poque la diffĂ©rence qualitative des dĂ©sirs de ses deux parents. - Jean-Luc Donnet qui dans son travail sur l’identification primaire considĂšre que celle-ci 
 dĂ©signerait, au sein des liens primitifs de la symbiose, un pĂŽle anti-çaĂŻque », prĂ©sexuel, prĂ©symbolique ». Il Ă©voque aussi le caractĂšre anaclitique du lien au pĂšre dans le texte de Freud Pour introduire le narcissisme, considĂ©rant que le pĂšre a toujours Ă©tĂ© dĂ©jĂ  lĂ , et s’il vient en second », c’est toujours dans une temporalitĂ© de l’aprĂšs-coup ». Cette rapide revue de textes de Freud et d’auteurs postfreudiens montre que ce pĂšre du dĂ©but est Ă©voquĂ© dans plusieurs travaux non nĂ©gligeables. Mais force nous est d’observer qu’on n’y fait que peu rĂ©fĂ©rence. Peut-ĂȘtre parce qu’une telle approche remettrait en question ce qui n’est pas le cas la dyade mĂšre-enfant qui est Ă  la base de bien des thĂ©ories psychanalytiques ? C’est dans cette perspective d’une approche plus systĂ©matisĂ©e des relations entre le pĂšre et l’enfant au dĂ©but de la vie psychique, que je situerai mon propos. Avec cette prĂ©cision que cet accent mis sur ces liens prĂ©coces n’écarte en rien la prĂ©valence des relations avec la mĂšre, que le principe gĂ©nĂ©ral de la triangulation apportĂ©e par les deux parents auprĂšs de l’enfant. De mĂȘme, cette idĂ©e ne remet pas en question le principe gĂ©nĂ©ral d’un pĂšre de la prĂ©maturitĂ© qui incarnerait dĂšs le dĂ©but l’ambivalence inhĂ©rente au complexe paternel, ce que la nĂ©vrose de contrainte met caricaturalement en relief le pĂšre impitoyable et le pĂšre adulĂ© ». Rappelons que Freud, reprenant les travaux d’Abraham, relie l’apparition des premiĂšres marques de l’ambivalence de l’identification primaire au stade sadique-oral. C’est cette phase de l’incorporation orale que Freud met Ă©troitement en lien avec l’identification primaire. Cela soulignĂ© pour prĂ©ciser une nouvelle fois la diffĂ©rence entre la relation pĂšre-enfant et mĂšre-enfant ; d’emblĂ©e, nous ne sommes pas dans le mĂȘme registre, mĂšre et pĂšre sont diffĂ©renciĂ©s. Ce que Freud 1921 dĂ©veloppera dans le chapitre sur l’identification dans Psychologie des masses et analyse du moi, apportant des Ă©lĂ©ments essentiels. L’identification au pĂšre Ă©voquĂ©e dans un registre oedipien l’est aussi dĂšs le dĂ©but » L’identification est au demeurant ambivalente dĂšs le dĂ©but, elle peut tout aussi bien se tourner vers l’expression de la tendresse que vers le souhait de l’élimination. Elle se comporte comme un rejeton de la premiĂšre phase orale de l’organisation de la libido, dans laquelle on s’incorporait, par le fait de manger, l’objet dĂ©sirĂ© et prisĂ©, et ce faisant on l’anĂ©antissait en tant que tel. » Comme le disait Freud L’identification est la forme la plus prĂ©coce et la plus originelle de la liaison de sentiment », cela pouvant concerner la relation avec la mĂšre, mais aussi celle avec le pĂšre au dĂ©but de la vie. Dans ces liens de la prĂ©maturitĂ©, l’identification primaire joue un rĂŽle de premier plan et amĂšne, comme nous l’avons soulignĂ©, la marque d’une ambivalence d’emblĂ©e prĂ©sente dans la relation pĂšre-enfant. Cette caractĂ©ristique de la relation avec le pĂšre la diffĂ©rencie clairement de la relation primaire avec la mĂšre. Mais si l’on prend en compte ce lien pĂšre-enfant Ă  la mĂȘme Ă©poque et ses effets sur la psychĂ©, nous pouvons postuler que, sans remettre en question l’identification au pĂšre de la prĂ©histoire personnelle telle que Freud 1923 la dĂ©finit particuliĂšrement dans Le moi et le ça, l’identification au pĂšre pourrait, elle aussi, ĂȘtre dĂ©finie comme l’est l’identification primaire Ă  la mĂšre. Cette identification au pĂšre serait donc antĂ©rieure au choix d’objet, mais appartenant aussi Ă  cette catĂ©gorie de lien primaire dans lequel investissement d’objet et identification ne sont pas Ă  distinguer l’un de l’autre » pour reprendre la formule de Freud dans Le moi et le ça. On peut en effet penser, que la proximitĂ© avec le pĂšre inclut des vĂ©cus affectifs et sensoriels qui font trace dans le psychisme en devenir de l’infans. Freud parle ainsi dans la citation dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e D’une vision du monde 
d’image mnĂ©sique du pĂšre de l’époque enfantine. » Cette conception des relations avec le pĂšre est cohĂ©rente avec un point de vue Ă©conomique considĂ©rant que le narcissisme le plus prĂ©coce n’exclut pas la possibilitĂ© des investissements d’objet, comme cela est possible dans la relation avec la mĂšre. De mĂȘme, cette idĂ©e d’un pĂšre perçu dĂšs le dĂ©but par l’enfant n’est pas en contradiction avec le principe d’une dualitĂ© mĂšre-enfant parfois qualifiĂ©e de symbiose primaire ou de dyade. On peut en effet considĂ©rer que dans les stades du dĂ©but du dĂ©veloppement psychique, les objets mĂšre et pĂšre sont diffĂ©renciĂ©s dans la rĂ©alitĂ© au-dehors », ce que le moi du sujet ne peut encore percevoir comme tel du fait de sa maturation en cours. Ils ne sont donc pas nĂ©cessairement diffĂ©renciĂ©s au niveau du psychisme du sujet au-dedans », ce n’est qu’ultĂ©rieurement que se diffĂ©rencieront les imagos. A ce stade, il ne s’agit que de traces qui n’ouvriront sur une diffĂ©renciation interne qu’avec la construction progressive du moi. L’enjeu est important si on accepte de considĂ©rer que le pĂšre de la quotidiennetĂ©, affectif et corporel, a un rĂŽle dans l’apparition de ce pĂŽle prĂ©sexuel, prĂ©symbolique. L’affect est en effet essentiel dans ce temps mystĂ©rieux de l’aube de la vie psychique, ce dont rend bien compte la belle dĂ©finition du pictogramme chez Piera Aulagnier 1975 affect de la reprĂ©sentation et reprĂ©sentation de l’affect ». Un point essentiel nous parait ĂȘtre de considĂ©rer que si le sujet ne peut diffĂ©rencier les objets mĂšre et pĂšre, il peut sans doute trĂšs tĂŽt percevoir la diffĂ©rence de leur pulsionnalitĂ© du fait de relations corporelles, sensorielles, psychiques diffĂ©rentes. C’est dans cette perspective que s’inscrirait la perception du pĂšre dĂšs le dĂ©but par l’infans, non pas reconnu comme tel, mais dans une diffĂ©rence, prĂ©curseur des premiĂšres triangulations. Cet investissement pulsionnalisĂ© et diffĂ©renciĂ© du sujet par chaque parent, rencontrant la propre pulsionnalitĂ© du sujet, lequel ferait preuve d’une rĂ©ceptivitĂ© Ă  la pulsionnalitĂ© des objets primaires, comme Ă  la complexitĂ© de leurs modes de gestion de leurs mouvements pulsionnels, permettrait l’entrĂ©e dans le prĂ©symbolique et le prĂ©sexuel. Ce pĂšre du dĂ©but » tel que nous le dĂ©crivons, incarnĂ©, sensoriel, est Ă  diffĂ©rencier du pĂšre symbolique dont le rĂŽle est principalement de trianguler la relation avec la mĂšre sur le principe de la conflictualitĂ© Ɠdipienne. Il est aussi Ă  diffĂ©rencier du pĂšre de l’ƒdipe prĂ©coce de MĂ©lanie Klein car dans ma façon de voir les choses, l’infans perçoit la diffĂ©rence de pulsionnalitĂ© de ses deux parents avant de percevoir l’aspect sexuel et Ɠdipien de leur lien. Ce pĂšre n’est pas non plus le pĂšre dans la tĂȘte de la mĂšre » qui est en fait un pĂšre Ɠdipien, organisĂ© Ă  partir du complexe d’ƒdipe de la mĂšre. Ce n’est pas un rival de la mĂšre, ni un substitut, ni un pĂšre mimant la mĂšre dans un rĂŽle maternant, il est identifiĂ© auprĂšs de l’enfant par son investissement et sa propre pulsionnalitĂ©. Comme on le voit, il y a plusieurs pĂšres, celui du dĂ©but de la vie de l’enfant que j’ai appelĂ© pĂšre primaire », le pĂšre symbolique qui triangule par principe et bien sĂ»r dans la rĂ©alitĂ©, le pĂšre dans la tĂȘte de la mĂšre » qui lui permet bien Ă©videmment d’assurer la loi et la triangulation en l’absence du pĂšre ou d’un de ses substituts. Dans cette perspective, nous retrouvons les dĂ©veloppements du rapport du CongrĂšs de 2013 de Christian Delourmel sur ce qu’il appelle le couple inhibition/tiercĂ©isation. Je pense en effet que la relation avec ce pĂšre du dĂ©but de la vie psychique conditionne l’élaboration des symbolisations primaires que je dĂ©finis comme organisatrices du moi corporel, prises dans la relation affective avec l’objet, organisant les premiĂšres diffĂ©renciations dedans/dehors, contenant/contenu, bon/mauvais. Ce qui permet alors la diffĂ©renciation du moi-rĂ©el dĂ©finitif Ă  partir du moi-plaisir initial tel que Freud 1925 le dĂ©finit dans La nĂ©gation. Ces symbolisations primaires permettront l’élaboration des premiĂšres triangulations. Dans ma façon de concevoir ces premiers temps de la vie psychique, une atteinte portĂ©e aux symbolisations primaires aurait pour consĂ©quence une source de confusion au niveau du moi naissant liĂ©e aux difficultĂ©s dans les diffĂ©renciations contenant/contenu empĂȘchant alors cette fin de la mobilitĂ© de la pulsion » dont parle Freud dans Pulsions et destins des pulsions. C’est dans ce manque que s’organiserait la pathologie des premiĂšres inhibitions avec des suites possibles sur les processus de refoulement, l’élaboration de la conflictualitĂ© Ɠdipienne et les inhibitions secondaires. Dans ma conception de l’inhibition primaire GĂ©rard 2009, je suis proche Ă  la fois de la conception de Freud 1895 dans L’Esquisse d’une psychologie scientifique oĂč le moi se voit investi de la fonction d’inhiber les processus primaires, et en accord avec la dimension Ă©conomique de limite du passage de quantitĂ© telle qu’elle sera dĂ©veloppĂ©e dans la 2Ăšme topique. Les liens entre l’inhibition et les processus primaires sont en effet Ă©voquĂ©s par Freud dans L’esquisse dans ce qu’il appelle Ă  cette Ă©poque expĂ©rience de satisfaction ». Le moi se voit investi de la fonction d’inhiber les processus primaires consistant en une libre circulation de l’excitation jusqu’à l’image. L’inhibition a ainsi trĂšs tĂŽt une fonction essentielle, liĂ©e Ă  l’état de dĂ©tresse infantile, Ă  l’ Hiflosigkeit », au plus proche de la naissance psychique. Il y a lĂ  une dimension Ă©conomique de limite de passage de quantitĂ© dont on sait l’importance qu’elle aura dans la 2Ăšme topique, prenant toute sa valeur dans les pathologies traumatiques, narcissiques et limites. Mais la notion d’inhibition renvoie bien sĂ»r aussi, Ă  la conception freudienne de 1926 d’Inhibition, symptĂŽme et angoisse, Ă  une forme de renoncement mettant au premier plan une fonction du moi faisant l’économie d’un conflit ou Ă©vitant les consĂ©quences des processus de refoulement, ce dont le patient Ă©tat-limite serait privĂ©, le laissant ainsi confrontĂ© Ă  ses angoisses du fait de la difficultĂ©, voire de l’impossibilitĂ© Ă  constituer des symptĂŽmes. On rencontre ainsi chez ces patients des angoisses sans objet ou encore la difficultĂ© de constituer des phobies dans l’enfance. Cet Ă©vitement du refoulement amĂšne Ă  considĂ©rer ce qui se passe antĂ©rieurement Ă  ce processus, et donc Ă  s’interroger sur les relations possibles entre l’inhibition et l’intĂ©gration des premiĂšres expĂ©riences. Au-delĂ  des relations de l’inhibition avec le moi, la question se poserait des liens entre l’inhibition et des mĂ©canismes telle que l’identification primaire, donc bien avant la pĂ©riode Ɠdipienne. À l’inverse, pourront aussi se dĂ©velopper des formes d’excitation psychique retrouvĂ©es dans la pathologie de certains enfants en difficultĂ© et des patients Ă©tats-limite. En effet, les premiers freinages pulsionnels, ainsi que les prĂ©mices de la rencontre avec l’objet qui sera progressivement perçu et diffĂ©renciĂ©, dĂ©coulent de la qualitĂ© de ces premiĂšres inhibitions. On peut en effet imaginer qu’une atteinte portĂ©e Ă  ces Ă©lĂ©ments, laisse le sujet dans une forme d’excitation qui ne permet pas les diffĂ©renciations les plus Ă©lĂ©mentaires ; cet ensemble conditionnĂ© par l’inhibition primaire peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un prĂ©alable Ă  la mise en place du fantasme de scĂšne primitive, dont on connait l’importance pour le dĂ©veloppement de la conflictualitĂ© Ɠdipienne. Les troubles des premiĂšres diffĂ©renciations moi-rĂ©el, moi-plaisir pourraient porter atteinte Ă  l’instauration de ce fantasme originaire en empiĂ©tant sur la possibilitĂ© d’instaurer un fantasme de scĂšne primitive uniquement fantasmatique GĂ©rard, 2010. Comme si une forme de doute s’instaurait, amenant le sujet Ă  un accrochage dans le perceptif qui prendrait alors le pas sur l’endopsychique, pouvant perdurer tout au long de la vie comme dans le cas des patients Ă©tats limite. C’est ce qui amĂšnerait ces patients Ă  toujours rechercher un contact perceptif avec l’analyste, rendant ainsi parfois difficile le passage au cadre classique divan-fauteuil ; la disparition de l’analyste du champ visuel du patient renvoyant sans doute ce dernier Ă  des troubles des premiĂšres symbolisations telles que nous les avons dĂ©finies. Je reviens Ă  la question des premiĂšres symbolisations. Leur qualitĂ© conditionne l’accĂšs aux symbolisations secondaires. Ces derniĂšres sont les symbolisations qui permettent l’entrĂ©e dans le monde secondarisĂ©, et Ă  l’enfant d’accĂ©der aux apprentissages et Ă  un monde fantasmatique nuancĂ© et apaisĂ©. En derniĂšre extrĂ©mitĂ©, leur dysfonctionnement, leur manque jusqu’à la question de la forclusion conduit le sujet vers la psychose. Mais cette question des symbolisations primaires et secondaires est Ă  aborder de maniĂšre plus nuancĂ©e et plus compliquĂ©e car elle apparait frĂ©quemment dans notre clinique sous des formes plus discrĂštes. Sans doute tout d’abord dans la clinique des enfants dysmatures, hypermatures, ou plus encore dysharmoniques, dont le moi s’est dĂ©veloppĂ© de maniĂšre hĂ©tĂ©rogĂšne donnant le sentiment d’un fonctionnement bancal. Ce sont des enfants qui prĂ©sentent des rĂ©sultats complexes, lorsqu’ils passent un bilan psychologique, les performances sont en dĂ©calage avec les aspects affectifs, Ă©motionnels de la personnalitĂ©. Il s’agit lĂ  probablement du dĂ©veloppement de symbolisations secondaires Ă©tayĂ©es par des symbolisations primaires constituĂ©es dans des conditions de dĂ©but de vie difficiles pour l’enfant. On retrouve ce type de difficultĂ©s chez les patients adultes souffrant de troubles narcissiques, ceux qu’on appelle les Ă©tat-limite, pouvant par exemple prĂ©senter une rĂ©ussite sociale importante avec parfois des postes de haute responsabilitĂ© et qui par ailleurs se retrouvent dans des situations personnelles, Ă©motionnelles, compliquĂ©es et douloureuses, confrontĂ©s aussi Ă  des angoisses souvent sans objet. On reconnait lĂ  rapidement dĂ©crits, les patients rencontrĂ©s dans la clinique actuelle. LĂ  encore, les aspects dysharmoniques de leur personnalitĂ© Ă©voquent un dĂ©veloppement dans lequel les alĂ©as de l’organisation des premiĂšres symbolisations n’ont pas permis un dĂ©veloppement harmonieux de la personnalitĂ©. Cela permet de s’interroger sur le fait que les patients Ă©tat-limite rencontrĂ©s dans la clinique adulte pourraient ĂȘtre les enfants dysharmoniques rencontrĂ©s dans les consultations pour enfant. Avec comme arguments que les uns comme les autres, outre les troubles des symbolisations primaires Ă©voquĂ©s, prĂ©sentent des carences des processus de refoulement, des difficultĂ©s d’entrĂ©e dans la conflictualitĂ© Ɠdipienne, une qualitĂ© d’angoisse souvent sans objet. Bien sĂ»r, il n’est pas nouveau de mettre ainsi l’accent sur la qualitĂ© des premiĂšres relations objectales dans les processus de symbolisation. Mais je voudrais aussi mettre en relief le rĂŽle de ces symbolisations primordiales dans le deuil des objets primaires et dans les dĂ©fenses maniaques. Peut-ĂȘtre devrions-nous parler plutĂŽt de deuil des reprĂ©sentations des objets primaires, puisqu’au moment oĂč ces questions se posent chez les patients adultes, ce sont des objets inconscients. Mais l’important est que ces symbolisations primordiales ont une fonction essentielle dans la diffĂ©renciation de l’objet et en consĂ©quence sur l’individuation du sujet puisqu’elles permettent les premiĂšres diffĂ©renciations contenant-contenu. On peut aussi faire l’hypothĂšse que la persistance dans l’inconscient d’imagos indiffĂ©renciĂ©es est en lien avec cette pathologie du deuil primaire. Si le pĂšre ne peut tenir une place suffisamment organisatrice d’une triangulation prĂ©coce de bonne qualitĂ© au dĂ©but de la vie, il y aurait alors une atteinte portĂ©e aux premiĂšres symbolisations gĂ©nĂ©rant comme nous l’avons Ă©voquĂ© une forme de confusion au niveau du moi du fait des difficultĂ©s Ă  diffĂ©rencier le contenant et le contenu. C’est dans ce manque que s’enracinerait la pathologie de l’inhibition, ce que nous avons retrouvĂ© dans notre clinique lorsque le pĂšre reste mystĂ©rieusement endeuillĂ© depuis toujours. » Les identifications primaires dont il est porteur sont alors infiltrĂ©es par ses propres identifications dĂ©pressives, en fait le plus souvent mĂ©lancoliques dans les cas les plus graves. La confusion est une source d’inhibition. Un trouble des premiĂšres inhibitions en serait la consĂ©quence sur le modĂšle du couple inhibition-dĂ©pression du monde secondarisĂ©. Le cas de l’Homme aux loups va dans ce sens, Ă©voquant un enfant confrontĂ© Ă  un pĂšre dĂ©primĂ©, voire mĂ©lancolique. Ces identifications possibles Ă  l’objet de l’objet ou aux identifications des parents, rendent compte d’une perspective transgĂ©nĂ©rationnelle et de transmission de troubles apparemment magiques pouvant sauter une ou plusieurs gĂ©nĂ©rations. S’il est vrai que dans l’histoire de l’Homme aux loups tel que Freud l’évoque, le phylogĂ©nĂ©tique fut un recours pour lui lorsqu’il voulut prouver la pertinence de ses thĂ©ories sur la scĂšne originaire, l’exemple de ce cĂ©lĂšbre patient de Freud renvoie aussi Ă  l’importance du pĂšre de la rĂ©alitĂ©. On se souvient Ă  ce propos que le pĂšre de SerguĂ« fut un pĂšre trĂšs prĂ©sent et trĂšs proche de son fils. Un pĂšre primaire » pourrait-on dire, trĂšs attentif Ă  tout ce qui concernait son fils prĂ©cocement. On peut se rappeler aussi de la mĂšre dĂ©crite implicitement comme un objet primaire carenciel. Le cas de l’Homme aux loups me parait illustrer de maniĂšre Ă©vidente le fait que les pathologies ne sont pas toujours en lien avec la relation maternelle prĂ©coce. On y retrouve une mĂšre apparemment froide et un pĂšre mĂ©lancolique ou presque. Incidences sur la clinique. Un des intĂ©rĂȘts de suivre mon point de vue pourrait ĂȘtre de considĂ©rer qu’il ouvrirait sur la clinique. Je vais reprendre le 1er cas d’un des rapports du CongrĂšs sur le Paternel, celui de Christian Delourmel, pour illustrer mon propos. L’hypothĂšse d’une diffĂ©renciation de la pulsionnalitĂ© perçue prĂ©cocement par le sujet dĂšs le dĂ©but de la vie psychique comme je l’ai Ă©voquĂ©e, permet de penser qu’elle se retrouverait dans la relation transfĂ©rentielle de la cure psychanalytique. De la mĂȘme maniĂšre qu’on peut parler d’un transfert paternel et d’un transfert maternel, il serait possible de considĂ©rer que les transferts archaĂŻques rencontrĂ©s dans les traitements des patients Ă©tat-limite et des enfants en grande difficultĂ© ne sont pas indiffĂ©renciĂ©s ils pourraient s’organiser dans un registre de transfert maternel primaire mais aussi dans un registre de transfert paternel primaire. Dans son rapport, l’auteur nous parle d’un patient dont les difficultĂ©s ont commencĂ© dĂšs la toute petite enfance Ă©nurĂ©sie, encoprĂ©sie, troubles du langage, anorexie, hypothĂšse d’une capsule autistique », troubles s’étant ensuite dĂ©veloppĂ©s tout au long de sa vie. L’absence de rĂȘve et les activitĂ©s dĂ©bordantes amĂšnent Ă  s’interroger sur la qualitĂ© des inhibitions du dĂ©but de la vie telles que je les ai Ă©voquĂ©es et sur les premiers freinages pulsionnels. Un manque dans les premiĂšres triangulations aurait-il portĂ© atteinte Ă  l’organisation des symbolisations primordiales ? Le cocon, la capsule dans laquelle il se sent enfermĂ©, renverraient-ils Ă  un impossible deuil de l’objet primaire, un enfermement avec une imago indiffĂ©renciĂ©e jusqu’à la rencontre avec son analyste ? Pourrait-on entendre cette extraction de la vielle carcasse de homard » comme un travail dans le registre d’une relation transfĂ©rentielle paternelle telle que je viens de la dĂ©finir, permettant ce deuil et une sortie de cette relation pathogĂšne ? Les rĂ©sultats de ce travail dans le contexte de ce transfert particulier ouvrent Ă  la diffĂ©renciation des imagos maternelle et paternelle. Ce qui est visible lorsque le patient Ă©voque Mon pĂšre, transparent, collĂ©, englobĂ© Ă  ma mĂšre
 » et qu’ensuite, aprĂšs qu’ait pu ĂȘtre Ă©laborĂ© le fantasme de scĂšne primitive, apparait clairement la reprĂ©sentation des deux parents. Un exemple d’interprĂ©tation illustrant cette hypothĂšse pourrait ĂȘtre ce que dit l’analyste lorsque le patient Ă©voque une nouvelle fois la scĂšne du dĂ©shabillage de la mĂšre. L’auteur du rapport se souvient Ă  ce moment d’une sĂ©ance au cours de laquelle le patient avait parlĂ© de son pĂšre rĂ©parant un mur et lui dit Vous aligniez vos formules de maths comme votre pĂšre montait des briques, pour mettre un mur entre votre mĂšre et vous ? Pour qu’elle ne lise pas dans votre regard un dĂ©sir de mĂąle ? Comme le mur de paroles que vous montez ici entre vous et moi ? » De notre point de vue l’analyste se place avec cette interprĂ©tation comme triangulant la relation mĂšre-fils dans un transfert paternel primaire puisque l’interprĂ©tation de Delourmel Ă  propos de ce mur de paroles montĂ© entre le patient et lui, fait Ă©cho aux propos de Mr H qui disait qu’il se sentait envahi par le corps de sa mĂšre » quand il avait Ă©voquĂ© ce souvenir. Par ailleurs, du point de vue de son contre-transfert, l’auteur du rapport ne se situe-t-il pas lĂ  encore dans une position paternelle telle que nous la dĂ©finissons, lorsqu’il s’interroge sur le discours mur du son – mur de sons » de son patient ayant eu pour fonction d’assurer, dans la situation analytique, celle d’un mur-Ă©cran-bouclier opaque interne visant Ă  le protĂ©ger d’une imago de mĂšre phallique projetĂ©e sur l’analyste » ? Une triangulation prĂ©coce dans le transfert pourrait-on dire. L’intĂ©rĂȘt du repĂ©rage d’un transfert dont la qualitĂ© pourrait ĂȘtre qualifiĂ©e de paternel primaire est de permettre d’envisager une stratĂ©gie interprĂ©tative diffĂ©rente d’un registre de transfert archaĂŻque de type maternel. SchĂ©matiquement, le premier se situerait dans un contexte triangulant et sĂ©parateur c’est l’exemple dans le cas du patient de Christian Delourmel quand le second serait globalement plus contenant. Pour terminer et pour rĂ©sumer J’ai soulignĂ© l’importance accordĂ©e au pĂšre de la prĂ©histoire et particuliĂšrement au pĂšre de la quotidiennetĂ©. Ce pĂšre de la rĂ©alitĂ© affective et corporelle de l’enfant m’apparait en effet important Ă  prendre en compte dans sa contribution Ă  l’élaboration des symbolisations primaires, des triangulations prĂ©coces, des premiers freinages pulsionnels et de l’élaboration des prĂ©mices du fantasme de scĂšne originaire. Dans cette perspective, la perception par l’enfant dĂšs le dĂ©but de la vie psychique, de la diffĂ©rence de la pulsionnalitĂ© maternelle et paternelle, me semble un Ă©lĂ©ment essentiel de la discussion. L’hypothĂšse d’une diffĂ©renciation des transferts archaĂŻques en transfert maternel primaire et paternel primaire en dĂ©coulerait. Sa reconnaissance par l’analyste peut permettre une ouverture dans la cure analytique des patients Ă©tats limite et des enfants en grande difficultĂ©, pour lesquels les analystes sont parfois dĂ©munis, confrontĂ©s au caractĂšre dĂ©sorganisĂ© et dĂ©sorganisant de certains transferts archaĂŻques, préƓdipiens. ConfĂ©rences d’introduction Ă  la psychanalyse, 13 FĂ©vrier 2014 RĂ©fĂ©rences bibliographiques Aulagnier P. 1975, La violence de l’interprĂ©tation, PUF. Delourmel C., 2013, De la fonction du pĂšre au principe paternel, Revue Française de Psychanalyse, t. LXXVII, spĂ©cial congrĂšs. Donnet 1995, Surmoi I, Monographies de la Revue Française de Psychanalyse, PUF. Fain M., 1971, PrĂ©lude Ă  la vie fantasmatique, RFP, vol. 35, n° 2-3. Freud S., 1897, Lettre Ă  Fliess 123 – 6avril 1896, PUF, 2006. Freud S. 1921, Psychologie des masses et analyse du moi, OCF, XVI, Paris, Puf, Freud S. 1923, Le Moi et le Ça, OCF, XVI, Paris, Puf. Freud S. 1925, La nĂ©gation, OCF, XVII, Paris, Puf. Freud S. 1932, D’une vision du monde, 35Ăšme Nouvelle suite des leçons d’introduction Ă  la psychanalyse, OCF t. XIX, p. 247, Paris, Puf. GĂ©rard C. 2004, Le pĂšre, un objet primaire, Revue Française de Psychanalyse, vol. 68, n° 5 spĂ©cial congrĂšs. GĂ©rard C. 2009, L’inhibition et ses liens avec le pĂšre primaire, Revue française de psychanalyse, n°2, pp 369-385. GĂ©rard C. 2010, Les triangulations prĂ©coces, un prĂ©alable Ă  la scĂšne primitive, Revue Française de Psychanalyse, t. LXXIV, n° 4. Klein M., 1945, Le complexe d’OEdipe Ă©clairĂ© par les angoisses prĂ©coces, in Essais de psychanalyse, Payot, 1968 Lacan J., 1958, Les trois temps de l’ƒdipe, in Le SĂ©minaire livre IV, Les formations de l’inconscient, Seuil.
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